Bientôt une juridiction spécialisée pour punir plus durement les chefs de réseaux de trafic de drogue ? C’est en tout cas le souhait des sénateurs Jérôme Durain (PS) et Etienne Blanc (LR), qui ont présenté ce mardi matin les conclusions de la commission d’enquête sénatoriale sur le trafic de drogue. Une juridiction qui s’appuierait « sur les modèles pertinents et réussis du parquet national financier (PNF) et du parquet national antiterroriste (Pnat) ».
Face au fléau du trafic de drogue, cette nouvelle institution judiciaire serait composée notamment de magistrats spécialisés dans cette affaire particulière, qui selon les sénateurs, doit être détachée des autres formes de criminalité organisée : « Le trafic de drogue doit faire l’objet d’une traitement distinct de celui des autres infractions liées au crime organisé, car il constitue une menace directe pour les intérêts fondamentaux de la nation », prévient Jérôme Durain.
« Ce nouveau parquet permettra de spécialiser les acteurs de la lutte qui traitent de sujets particulièrement techniques en procédure pénale, de créer un interlocuteur visible pour l’ensemble de la sphère judiciaire et de fluidifier les liens entre l’autorité judiciaire et les services judiciaires. « enquête », poursuit-il. La clé réside notamment dans une meilleure protection des « repentis » et des « informateurs civils », qui verraient leur statut modifié et renforcé, sur le modèle italien.
La commission d’enquête souhaite également renforcer l’Office national de lutte contre les stupéfiants (Ofast), en lui donnant « une véritable position de coordination du réseau des services répressifs », sur le modèle de la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine. Dans le détail, la recommandation no. L’article 15 du rapport propose notamment de « doter l’Ofast d’un algorithme de détection des consultations anormales de dossiers », « de placer l’Ofast sous la double tutelle du ministère de l’Intérieur et de l’Outre-mer et du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté numérique et lui donner l’autorité nécessaire pour qu’il assume pleinement son rôle de « leader », dont un pouvoir d’évocation (NDLR : possibilité d’élargir ses propres compétences selon les conditions définies par un arrêté ministériel), mais aussi de « doter l’Ofast de les moyens techniques et humains nécessaires pour bénéficier d’une véritable autonomie d’action et de décision ».
Le 28 avril, dans la Tribune du dimanche, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, s’est également montré ouvert à la création d’une telle juridiction, sous la forme d’un parquet national anti-criminalité organisée (PNACO). Une réforme qui sera présentée en octobre prochain, pour célébrer les 20 ans des JIRS (juridictions interrégionales spécialisées).
Par ailleurs, le ministre de la Justice propose la création de cours d’assises spéciales, chargées de juger les délits liés au trafic de drogue, et notamment les règlements de comptes. « Cela évitera des pressions et des menaces sur les jurés citoyens qui doivent juger ces assassinats », analyse-t-il.
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