PASous, journalistes, animateurs, producteurs, directeurs de programmes, techniciens, réalisateurs, équipes administratives et de production, musiciens, personnels de Radio France, artisans d’une radio de service public dont le rayonnement est unique en Europe, nous refusons la fusion des différentes sociétés de radiodiffusion publique.
Pourquoi le gouvernement orchestre-t-il à une vitesse vertigineuse ce mariage entre radio et télévision ? Pourquoi adopter cette loi sans concertation ? Quelle est la véritable nature de ce projet ? Nous posons ces questions, nous n’obtenons aucune réponse, sauf des éléments creux du langage : « Nous devons renforcer la radiodiffusion publique. » Mais les radios de service public sont, en France, exceptionnellement fortes. Nous craignons seulement que le gouvernement ne sape une formidable réussite. Et même la brise.
Les antennes de Radio France sont écoutées chaque jour par plus de quinze millions de personnes. Chaque mois, nous enregistrons 92 millions de flux à la demande. En France, la radio publique est le premier acteur radiophonique du pays, tant à l’antenne qu’en numérique. Cette popularité se double d’une exigence dont nous sommes immensément fiers et qu’il faut protéger à tout prix. Auditeurs, spectateurs de nos concerts et spectacles, contribuables et parlementaires, il est de notre devoir de vous alerter sur les dangers d’une union avec d’autres organismes publics de radiodiffusion qui peut tourner à la catastrophe.
Craintes pour l’indépendance
Le risque est avant tout démocratique. Nous craignons pour l’indépendance de vos médias de service public lorsqu’un seul PDG doté des pleins pouvoirs est nommé pour cette superstructure. Rappelez-vous, la suppression de la taxe a été votée un été, presque sans débat. Depuis, le financement de l’audiovisuel public n’est plus protégé, et donc plus garanti. La radio et la télévision publiques ne doivent pas être placées dans une situation de dépendance directe du pouvoir politique. Protégeons le pluralisme dont nous sommes l’un des piliers, alors que notre pays a plus que jamais besoin de discussions apaisées. Protégeons notre présence au plus près des territoires, alors que le besoin de proximité, notamment d’information locale, est de plus en plus fort.
Le risque est de voir toujours les mêmes visages, d’entendre toujours les mêmes voix délivrant les mêmes contenus recyclés indifféremment à la télé, à la radio et sur le Web. Ajoutez à cela la volonté de supprimer le plafonnement de la publicité sur les chaînes de Radio France, et nous verrons les recettes publicitaires dicter nos choix de programmes et nos offres de podcasts.
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