À Toronto, Malala présente un documentaire sur les pêcheuses sud-coréennes

Pour la lauréate du prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, qui a dévoilé son premier documentaire au Festival du film de Toronto, l’histoire des Haenyo, une communauté de pêcheurs en Corée du Sud, fait écho à son activisme en faveur des filles au Pakistan.

« The Last of the Sea Women » (Apple TV+) raconte l’histoire captivante de la communauté matriarcale Haenyo, dont les membres subviennent à leurs besoins en pêchant au large de l’île sud-coréenne de Jeju, en utilisant uniquement des combinaisons de plongée, des masques, des palmes, des paniers et des hameçons.

Mais cette communauté traditionnelle très ancienne, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2016, est en danger car de nombreuses femmes ont aujourd’hui 60, 70 voire 80 ans.

“Je cherchais des histoires de femmes… Je voulais parler de résilience. Et quand Sue m’a parlé de ce projet, je me suis dit : +C’est exactement ce que je recherche+”, a raconté Malala à l’AFP lundi lors d’un entretien avec la réalisatrice américano-coréenne Sue Kim.

« Quand je regarde leur histoire, cela m’inspire quant aux possibilités et aux capacités des femmes, de leur corps, de leur esprit », explique l’activiste pakistanaise de 27 ans, l’une des productrices du film.

« Ils m’ont inspiré de bien des façons, par leur activisme, par la façon dont ils coopèrent avec la nature et par la façon dont ils ont construit leur communauté », dit-elle.

– “Quelle audace” –

Dans les années 1960, 30 000 femmes ramassaient toutes sortes de poissons, de l’ormeau au poulpe, pour subvenir aux besoins de leur famille. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 4 000.

En plus d’images sous-marines époustouflantes, le documentaire prend le temps de leur donner la parole : ils expliquent leur travail difficile, qui les oblige à retenir leur souffle sous l’eau pendant deux minutes.

Il explore la manière dont les Haenyo tentent de faire revivre leur culture grâce à la formation et aux réseaux sociaux. Mais aussi la manière dont ils travaillent ensemble pour prévenir la surpêche.

Le documentaire examine également la menace que représente, selon eux, le déversement des eaux usées de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima dans l’océan Pacifique.

“Je les ai rencontrés pour la première fois quand j’étais enfant, et j’ai été frappée par leur confiance en eux, leur audace”, a déclaré à l’AFP Sue Kim, qui fait ses débuts en tant que réalisatrice de long métrage.

« Ce sont de vraies badasses (femmes puissantes, ndlr). Elles sont physiquement agiles, habiles et fortes, et elles défendent l’environnement et se soucient de la prochaine génération », ajoute-t-elle.

– « Créer des opportunités » –

En 2012, la jeune Malala Yousafzai, connue pour son combat contre les talibans et pour le droit des femmes à l’éducation, a miraculeusement survécu à une tentative d’assassinat alors qu’elle sortait de son école. Elle a reçu le prix Nobel de la paix en 2014, à l’âge de 17 ans.

Elle a signé un accord avec Apple TV+ en 2021 pour produire du contenu axé sur les femmes et a lancé sa propre société de production.

« Créer fait partie de mon activisme, et je crois que nous devons créer des plateformes et des opportunités pour que les filles et les femmes puissent montrer le monde tel qu’elles le voient », a-t-elle déclaré.

« J’espère continuer à travailler avec ces incroyables réalisatrices et conteuses pour en porter davantage à l’écran. »

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