L’accord entre l’Azerbaïdjan et sa région séparatiste intervient dans un contexte de tensions accrues et d’une crise humanitaire imminente
Les autorités du Haut-Karabakh et de l’Azerbaïdjan ont accepté d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire vers la région séparatiste de Bakou, à majorité arménienne, par deux routes, ont indiqué des responsables locaux et des médias.
L’Arménie et le Haut-Karabakh insistent depuis longtemps pour que l’Azerbaïdjan lève le blocus du couloir clé de Lachin dont Bakou a pris le contrôle il y a trois ans, la seule route directe entre les deux parties. Parallèlement, l’accord signifie également que Bakou peut rétablir une ligne directe vers sa région séparatiste pour la première fois depuis la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au début des années 1990.
Samedi, les autorités du Karabagh citées par l’agence de presse Armenpress ont déclaré avoir décidé de « autoriser l’entrée des expéditions humanitaires russes dans notre république via la ville d’Askeran », faisant référence à une colonie non loin de là où Bakou contrôle. Ils ont dit que le mouvement recherché « pour atténuer les graves problèmes humanitaires causés par le blocus complet mis en place par l’Azerbaïdjan ».
En outre, les autorités de Bakou et du Karabakh ont convenu de restaurer « Transport de marchandises humanitaires par les soldats de maintien de la paix russes et le Comité international de la Croix-Rouge… via le couloir de Latchine » ajoute le rapport, faisant référence à la seule liaison routière entre la région contestée et l’Arménie.
Hikmet Hajiyev, conseiller en politique étrangère du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, a déclaré à Reuters que les deux routes seraient ouvertes simultanément, mais a déclaré qu’un point de contrôle azerbaïdjanais dans le couloir de Latchine resterait en place.
L’Arménie a constamment accusé l’Azerbaïdjan d’obstruer illégalement le couloir de Latchine, une allégation réfutée par Bakou, qui affirme avoir mis en œuvre des mesures pour empêcher la contrebande d’armes le long de cette route.
Ce règlement fait suite à des discussions téléphoniques entre le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan et les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de l’Iran et de la Géorgie, ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken, samedi. Le même jour, le parlement du Haut-Karabagh a élu un nouveau président, Samvel Shahramanyan. Ni Bakou ni l’UE n’ont reconnu la légitimité de l’élection.
Les récentes tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh, une région à majorité ethnique arménienne qui a fait sécession de Bakou, se sont intensifiées ces dernières semaines. Les deux pays se sont accusés mutuellement d’actions de provocation, conduisant à des affrontements qui ont fait plusieurs morts parmi les militaires arméniens.
Les racines de ce conflit remontent à la fin de l’Union soviétique, lorsque le Haut-Karabakh a déclaré son indépendance de Bakou. Ces tensions ont dégénéré en une guerre à grande échelle au début des années 1990, culminant avec un cessez-le-feu en 1994, marqué depuis par des combats sporadiques.
La deuxième guerre du Haut-Karabakh en 2020, l’une des confrontations les plus sanglantes entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a permis à Bakou de prendre le contrôle d’une partie substantielle du territoire. Les hostilités se sont terminées par un cessez-le-feu négocié par la Russie.
RT