Pour tenter de s’imposer face Ă l’extrĂŞme droite les 30 juin et 7 juillet, la gauche entend s’appuyer sur une large alliance. Après l’appel de François Ruffin Ă la crĂ©ation d’un Front populaire, Ă l’instar de la coalition de 1936, Fabien Roussel (Parti communiste), Olivier Faure (PS) et plusieurs membres de LFI, comme Jean-Luc MĂ©lenchon et Manon Aubry, approuvent l’idĂ©e d’un Front populaire. une union de gauche.
Une réunion pourrait avoir lieu ce lundi après-midi entre les différents partis composant le Nupes. A cette occasion, certains points de désaccord pourraient bien être abordés. Quels sont-ils ?
Le sort des députés Adrien Quatennens et Julien Bayou
En dĂ©cembre 2022, l’Ă©lu LFI du Nord Adrien Quatennens a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă quatre mois de prison pour violences sur son ex-compagne. Il a depuis rejoint le groupe parlementaire LFI, lors du mouvement contre la rĂ©forme des retraites en 2023. Aujourd’hui, et en cas d’union de la gauche, l’Ă©ventuelle investiture d’Adrien Quatennens pourrait faire dĂ©bat.
“La question se pose” a lancĂ© la dĂ©putĂ©e Ă©cologiste Sandrine Rousseau, quelques heures après l’annonce de la dissolution, sur BFMTV. Il y a deux ans, elle avait demandĂ© sa dĂ©mission en dĂ©clarant : « Un dĂ©putĂ© reconnu coupable de violences conjugales ne peut pas siĂ©ger ».
Adrien Quatennens s’est quant Ă lui dit “prĂŞt” Ă la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale, sur BFM TV, ajoutant : “Je voudrais nous appeler tous Ă la prudence”.
Autre investiture qui pourrait prĂŞter Ă confusion : celle de Julien Bayou, dĂ©putĂ© EELV sortant Ă Paris. VisĂ© par une plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse de la part de son ancienne compagne, il n’a pas Ă©tĂ© condamnĂ©, contrairement Ă Adrien Quatennens. Mais Julien Bayou a claquĂ© la porte au mouvement EELV et Ă son groupe parlementaire en avril dernier, dĂ©nonçant “un acharnement dĂ©loyal” de son parti et se disant “Ă bout de souffle”, prĂ©cise franceinfo.
La lutte contre l’antisémitisme et le positionnement sur la Palestine
La lutte contre l’antisĂ©mitisme est Ă©galement Ă©voquĂ©e comme un sujet pouvant diviser au sein du Nupes. C’est en effet sur ce sujet de dĂ©saccord que l’alliance de la gauche s’est brisĂ©e, deux jours après l’attaque contre IsraĂ«l par le Hamas.
Sur LCI, François Kalfon, dĂ©putĂ© europĂ©en (PS) Ă peine Ă©lu, appelle Ă une gauche « claire sur l’antisĂ©mitisme ». A la question de savoir s’il demanderait Ă Jean-Luc MĂ©lenchon de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, il a rĂ©pondu : “Cela me paraĂ®t assez Ă©vident”.
La question de la cause palestinienne est un sujet central pour La France Insoumise. Jean-Luc MĂ©lenchon voit dans la reconnaissance de la Palestine “un moyen de pression” pour qu’IsraĂ«l cesse ses opĂ©rations Ă Gaza. Alors que le parti soutient principalement une solution Ă deux États, la dĂ©putĂ©e europĂ©enne nouvellement Ă©lue Rima Hassan propose la crĂ©ation d’un État binational dĂ©mocratique unique.
Fin mai, le dĂ©putĂ© LFI SĂ©bastien Delogu a sorti un drapeau palestinien au milieu de l’hĂ©micycle, imitĂ© quelques jours plus tard par sa collègue Rachel Keke. Peu après ce geste, RaphaĂ«l Glucksmann, candidat PS aux Ă©lections europĂ©ennes, a critiquĂ© LFI pour « un phĂ©nomène de tiktokisation de la vie politique ».
La place de la France dans l’OTAN et la sortie du nuclĂ©aire
Lors des Ă©lections lĂ©gislatives de 2022, Nupes a proposĂ© un programme commun, dans l’espoir de constituer une majoritĂ© Ă l’AssemblĂ©e nationale. Pour ces nouvelles Ă©lections, les Insoumis souhaitent qu’elle serve une nouvelle fois de base Ă un nouvel accord. Au sein du dernier programme, les points de convergence entre les diffĂ©rents partis de gauche ont Ă©tĂ© nombreux (augmentation du salaire minimum, rĂ©tablissement de la retraite Ă 60 ans, contrĂ´le des loyers, rĂ©tablissement d’un impĂ´t sur la fortune, VIe RĂ©publique, etc.).
A l’inverse, d’autres points ont donnĂ© lieu Ă des dĂ©saccords, rĂ©pertoriĂ©s par Radio France. Sur leurs 650 mesures, 5 % faisaient l’objet de contestations plus ou moins prononcĂ©es, prĂ©cisait alors Jean-Luc MĂ©lenchon. Ce fut le cas de la sortie du nuclĂ©aire, de la mise en place d’une couverture « 100 % sociale », de la question de la place de la France dans l’Otan, du vote Ă 16 au lieu de 18, des pratiques de chasse Ă la limitation, du GPA mais aussi de quelques nuances sur la la lĂ©galisation du cannabis ou encore l’utilisation de l’expression « violences policières ». Autant de sujets sur lesquels, faute de temps, la gauche devra se mettre largement d’accord si elle souhaite bloquer le Rassemblement national.