Actuellement en pleine campagne pour les élections législatives du 29 septembre, le chancelier autrichien, Karl Nehammer (conservateur), a une formule toute prête pour justifier les nuages qui s’amoncellent sur l’activité industrielle de son pays de neuf millions d’habitants. « Quand l’économie allemande a la grippe, notre économie a un rhume »il le répète pour contrer ses adversaires, qui l’accusent d’être responsable du marasme qui menace son économie.
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Autriche, en baisse trimestrielle depuis le printemps 2023, devrait stagner, au mieux, tout au long de 2024. Ce ralentissement est presque entièrement imputable à la production industrielle, qui recule trimestre après trimestre en raison de la baisse des exportations vers l’Allemagne voisine, premier client des usines autrichiennes.
« La faiblesse du secteur productif persiste »La Banque d’Autriche a déploré dans son dernier rapport économique en août, notant que « L’hypothèse selon laquelle la reprise des services, stimulée par la baisse de l’inflation et les fortes hausses des salaires réels, pourrait déclencher une reprise significative de l’économie nationale, ne s’est pas encore réalisée. »
Dépendance extrême
Au contraire, les annonces de plans sociaux se multiplient dans l’industrie. En août, par exemple, le fabricant de machines B&R a annoncé 240 licenciements en Haute-Autriche, le fabricant allemand de puces Infineon 360 dans son usine de Villach (sud), tandis que l’équipementier automobile Steyr Automotive veut envoyer 200 salariés au chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi dans le secteur industriel a bondi de 17 % en août par rapport à 2023.
Si l’Autriche, avec ses coûts de main d’oeuvre élevés, est l’un des pays les plus touchés par le ralentissement industriel allemand, c’est en réalité toute l’Europe centrale qui connaît actuellement un ralentissement industriel majeur. Construit avec succès après l’élargissement de l’Union européenne à l’Est en 2004, le modèle industriel danubien, avec ses usines de sous-traitance implantées dans d’anciens pays communistes à bas coûts qui produisent pour les chaînes de montage allemandes, est fragilisé par son extrême dépendance à l’économie allemande.
« Je dis souvent que lorsque l’Allemagne attrape un rhume, la République tchèque attrape une pneumonie », « C’est ainsi qu’explique Otto Danek, vice-président de l’Association des exportateurs tchèques, en adaptant légèrement la maxime autrichienne à son pays de 10 millions d’habitants, dont l’économie est la plus exposée de toute la région à la crise allemande. « Plus d’un tiers des exportations tchèques finissent en Allemagne, nous avons donc un énorme problème »résume ce patron, lui-même à la tête d’une entreprise produisant des petits moteurs électriques, ATAS, dont « 70% des contrats » je viens d’Allemagne.
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