Agnès Pannier-Runacher, «bonne élève» de la transition écologique de Macron

Agnès Pannier-Runacher, nommée ministre de la Transition écologique et de l’Energie dans le gouvernement de Michel Barnier, photographiée le 9 juillet 2024 (JULIEN DE ROSA)

Après un bref renfort à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, membre de l’aile gauche du camp présidentiel et pilier technique des gouvernements macroniens, s’est à nouveau vu confier les dossiers épineux liés à la crise climatique en prenant la tête de la Transition écologique et de l’Energie.

Ce haut fonctionnaire de formation, élu député pour la première fois en juillet à Arras, ne siégera donc pas à l’Assemblée nationale.

A 50 ans, “APR” succède à Christophe Béchu à l’Hôtel de Roquelaure, où l’attendent plusieurs dossiers en suspens : la transition des territoires malgré les coupes budgétaires, le plan national d’adaptation au changement climatique, etc.

Son portefeuille s’élargit : outre la transition écologique, il inclut l’énergie, le climat et la prévention des risques.

“Sortir des énergies fossiles, adapter notre pays aux effets du changement climatique, stopper l’effondrement de la biodiversité et inverser la tendance : tels sont les défis du siècle. Très honorée de la confiance du président de la République et du Premier ministre, cela m’oblige”, a-t-elle réagi dans la soirée sur X.

“L’écologie que je veux promouvoir ne sera pas seulement ambitieuse. Elle sera aussi populaire pour permettre à chacun de vivre mieux”, a-t-elle ajouté.

Diplômé d’HEC et de Sciences Po, ce diplômé a d’abord été inspecteur des finances après avoir été diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA), avant de travailler à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, à la Caisse des dépôts et à BpiFrance.

Elle rejoint ensuite le secteur privé en 2011, chez l’équipementier Faurecia puis en 2013 chez la Compagnie des Alpes, leader mondial des domaines skiables.

Son engagement politique remonte à 2017, lorsqu’elle a soutenu le candidat Emmanuel Macron, qu’elle avait rencontré dix ans plus tôt. “Elle ne cache pas qu’elle votait autrefois à gauche”, précise sa biographie officielle.

En octobre 2018, elle entre au gouvernement par une porte discrète, celle du secrétariat d’Etat à l’Economie.

Arrivée dans l’Industrie en 2020, elle a géré les ravages des fermetures d’usines, puis des pénuries liées au Covid. Grâce au plan de relance, elle porte les prémices d’une réindustrialisation qui serait verte et décarbonée, encourageant les femmes à embrasser les carrières industrielles.

Mais c’est au ministère de la Transition énergétique fraîchement créé qu’elle gagne en notoriété, à partir de mai 2022. Chargée de mettre sur les rails la stratégie énergétique de la France, qui consacre la relance du nucléaire, elle doit aussi gérer les menaces de black-out à l’hiver 2022/2023 ou la flambée des prix de l’énergie…

Au niveau européen, elle prône une réforme du marché de l’électricité préservant le nucléaire français. Chargée des négociations internationales sur le climat, elle défend le nucléaire à la COP28 à Dubaï en 2023.

– Nouvellement élu –

Le député PS Philippe Brun, très actif sur le dossier EDF, salue sa “combativité”, mais voit aussi en elle un côté “bonne élève” : “Elle a su faire évoluer la position du président de la République sur le nucléaire”.

Dans le monde de l’énergie, sa connaissance des enjeux et son caractère « accessible » sont salués.

En février, elle est nommée ministre déléguée à l’Agriculture, en renfort du titulaire Marc Fesneau, empêtré dans la crise agricole.

Elle y prend en charge la refonte du plan Ecophyto sur les pesticides, le nouvel indicateur controversé censé mesurer le recul de leur utilisation et la recherche d’alternatives. Elle défend aussi la construction, critiquée, de retenues d’eau pour l’agriculture.

Malgré un état d’esprit “conquérant”, selon un témoin de ses premiers pas à Bercy, elle attendra 2020 pour se frotter à l’électorat. Sa première tentative, sur une liste macroniste à Paris en 2020, avait été un échec.

En 2022, elle compte affronter le Rassemblement national à Lens, dans le bassin minier. Mais c’est finalement son compagnon, Nicolas Bays, ancien député PS du Pas-de-Calais où ils formaient une famille recomposée, qui mènera la bataille – en vain.

Profitant de la dissolution, elle se présente comme candidate dans la circonscription d’Arras et l’emporte face au RN après le retrait du candidat du Nouveau Front populaire au second tour.

A cette exposition politique et médiatique s’ajoutent les révélations sur les parts détenues par ses enfants dans une société française créée par leur grand-père maternel, dont les fonds sont en partie domiciliés dans des paradis fiscaux. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a depuis blanchi la ministre.

bur-myl/jum/cbn

Anna

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