(Québec) Valérie Plante « n’a pas à s’inquiéter » de l’agrandissement graduel de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), assure le ministre Christian Dubé. Le ministre de la Santé demande un peu de patience alors que le « business case » du projet est en cours de finalisation.
«Lorsque l’analyse de rentabilisation sera terminée, nous l’annoncerons. Mmoi Plante n’a pas à s’inquiéter », a dit brièvement le ministre avant la période des questions, mercredi à Québec.
Mercredi, la mairesse de Montréal a pris la plume pour faire part de ses inquiétudes en lien avec le projet d’agrandissement et de modernisation de l’HMR. Elle demande au gouvernement Legault de présenter publiquement « une proposition claire » de plan d’agrandissement « phasé » de l’hôpital, un scénario « préoccupant » pour la prise en charge des patients, selon elle. (LIEN)
« Mmoi Plante n’a pas à s’inquiéter. On s’est engagé à construire, à avoir 720 chambres, on fait les choses avec rigueur. On a suivi les démarches, on a fait un dossier d’opportunité l’année dernière, on a choisi le site, maintenant le site est très clair. La deuxième étape est l’analyse de rentabilisation. Lorsque le dossier de l’entreprise sera complété, nous l’annoncerons », a ajouté M. Dubé.
Le ministre Dubé n’a pas voulu s’aventurer sur un échéancier ni quantifier le budget. « Je ne veux pas jouer sur les mots, c’est très rigoureux. On parle de plusieurs milliards. Je pense qu’il faut faire les choses dans l’ordre », a-t-il répété mercredi.
La presse a révélé récemment que le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal évaluait un scénario d’agrandissement beaucoup moins ambitieux, qui inclurait la rénovation du bâtiment le plus vétuste, le cruciforme, pour respecter l’enveloppe budgétaire de 2,5 milliards , annoncé par Québec en août 2021.
Or, le projet d’agrandissement coûterait 4,2 milliards de dollars, selon une analyse financière de la Société québécoise d’infrastructures. Dans la foulée de ces révélations, le ministre Christian Dubé a pour la première fois affirmé que le projet d’agrandissement se ferait « par phases ». Il a promis d’ajouter « les sommes nécessaires pour fournir 720 lits comme prévu », sans préciser combien et quand.
François Legault envisage « sérieusement » d’augmenter les investissements prévus pour réaliser le projet, a déclaré le chef du PQ Paul St-Pierre Plamondon plus tôt ce mois-ci après sa rencontre avec le premier ministre.
« J’ai explicitement demandé que la phase I soit achevée dans son intégralité, que le projet ne soit pas coupé pour rentrer dans des paramètres budgétaires clairement insuffisants pour le défi qui nous attend », a-t-il réitéré mercredi. .
« Ne faisons pas les choses à moitié pour ensuite le regretter pendant des décennies, et faisons le point sur la situation dans cet hôpital. Prenons aussi la mesure de l’injustice pour l’est de Montréal que nous pouvons corriger et que nous devons corriger », a poursuivi M. St-Pierre Plamondon.
Un horaire sans « tatouage » ?
L’affaire a rebondi lors de la période des questions lorsque le député solidaire de Rosemont, Vincent Marissal, a appelé le ministre Dubé à présenter un plan clair pour l’avenir. « Le ministre peut-il prendre un engagement : un hôpital, 720 lits, avec le bon budget, avec un calendrier sans tataouinage ? « , a-t-il juré.
Christian Dubé a réaffirmé que le gouvernement complète l’analyse de rentabilisation du projet. « Ce que nous avons demandé, c’est que, compte tenu des complexités, dont le député connaît très bien les composantes, d’un bâtiment qui est en lambeaux, il est absolument nécessaire de trouver un moyen de construire le nouvel hôpital de manière correcte et rigoureuse. C’est ce que nous faisons en ce moment », a répondu le ministre.
« Sa réponse est absurde. Ça partait partout. […] Désolé, mais le travail a été fait correctement par le CIUSSS, qui a étudié 24 sites possibles, ils ont fait leurs devoirs, on sait combien de lits ça prend, le seul hic c’est que le gouvernement CAQ gratte les sous parce qu’il ne veut pas dépenser plus », a déploré le député de Rosemont en entrevue.
Le scénario envisagé par le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal pour respecter le budget annoncé par Québec inclurait le réaménagement de chambres dans le cruciforme, une option que nous voulions éviter. Il faut comprendre que la rénovation de l’ancien bâtiment, dont la façade principale est recouverte d’un treillis métallique pour empêcher les blocs de béton de se détacher, compliquerait les opérations de construction.
L’amiante est également présent dans les murs. Réaménager les chambres tout en renforçant le bâtiment sera difficile alors que les patients risquent d’être encore hospitalisés.
«Alors que le gouvernement pellette puis ne réalise pas le projet, non seulement les coûts explosent, mais ce sont les patients qui n’ont pas accès aux services», a déploré pour sa part le chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.
Avec Hugo Pilon-Larose
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