Airbus teste un « camion A350 » à Toulouse pour automatiser les phases de roulage de ses avions

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L’avionneur européen vient de dévoiler un camion d’essai destiné à tester différents systèmes d’automatisation lors des phases de roulage d’un avion. Bourré de technologie, le véhicule est présenté cette semaine au salon VivaTech à Paris.

Il n’y a aucune chance de le voir décoller, pourtant le premier camion d’essai d’Airbus dispose, comme un avion, d’un joystick à la place du volant, et d’un accélérateur qui remplace les traditionnels. pédales. Il dispose également d’un indicatif d’appel, « OPTI1 », afin d’être clairement identifié par les contrôleurs aériens de Toulouse-Blagnac sur leurs écrans radar. Et pour cause, ce camion électrique noir fabriqué par le constructeur israélien Ree Automotive sillonne les taxiways et les pistes de l’aéroport depuis déjà six mois. Il a été entièrement personnalisé. Le véhicule était équipé d’un véritable cockpit d’A350 et de commandes électriques de « roulage » afin de reproduire le même comportement au sol qu’un avion.

Le camion est équipé d'un véritable cockpit A350.
Le camion est équipé d’un véritable cockpit A350.
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Moins encombrant qu’un A350, il permettra de tester plus facilement différents systèmes d’automatisation au sol. L’avionneur envisage en effet, via sa filiale Airbus UpNext, d’intégrer de nouvelles fonctionnalités dans ses futurs cockpits. La reconnaissance vocale en fait partie. En analysant les directives des contrôleurs aériens, le système pourrait par exemple suggérer aux pilotes que l’avion se dirige en mode automatique vers le seuil de piste ou vers sa position de stationnement. Il pourrait également suggérer l’itinéraire le plus rapide pour s’y rendre en fonction du trafic sur la plateforme. Il pourrait enfin éviter toutes sortes d’obstacles sur son passage et attendre l’autorisation du contrôle aérien avant de traverser une piste ou de s’y positionner. Bref, les systèmes de l’avion suggéreront, les pilotes décideront et l’avion agira.

Cette réplique miniature sur roues du long-courrier regorge de capteurs, caméras, radars, lasers, GPS de haute précision et antennes de communication. « Nous travaillons vraiment sur l’assistance que nous pourrions apporter à l’équipage », insiste Matthieu Gallas, responsable de la recherche en automatisation chez Airbus. « Ce camion servira à tester différentes technologies, il dispose donc d’une station d’ingénierie à l’arrière comme sur nos avions d’essais », explique Jonathan Rigaud, chef de projet chez Airbus UpNext. Il est connecté à toute une infrastructure, aux compagnies aériennes, au contrôle aérien et à tous les véhicules présents dans la zone aéroportuaire. »

Le camion Airbus regorge de radars, caméras, lasers et autres capteurs.
Le camion Airbus regorge de radars, caméras, lasers et autres capteurs.
Airbus – dans le coma

Des aéroports de plus en plus saturés

Cette automatisation lors du roulage est une tâche complexe à mettre en œuvre sur un aéroport compte tenu du trafic, des risques et des nombreux échanges radio entre pilotes de ligne et contrôleurs. Pourtant, cela pourrait s’avérer très utile. En proposant une assistance aux pilotes, le temps passé à rouler sur le tarmac et les risques d’incidents au sol pourraient en effet être considérablement réduits. Aujourd’hui, les phases de roulage occupent 15 % du temps des pilotes. Mais avec un doublement attendu de la flotte aérienne mondiale d’ici vingt ans, ces temps au sol pourraient bien s’allonger et le nombre de collisions augmenter. Selon l’IATA, 62 aéroports devraient être saturés d’ici 2038, contre une vingtaine aujourd’hui.

Certaines technologies testées sur le camion seront ensuite intégrées à cet essai A350.
Certaines technologies testées sur le camion seront ensuite intégrées à cet essai A350.
Airbus-jvr

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Airbus se donne encore six mois pour tester son camion high-tech. Les technologies validées seront ensuite intégrées dans son avion d’essai A350 pour être testées sur avion. L’avionneur vise d’ici deux ans à tester l’ensemble du processus d’automatisation sur lequel il travaille depuis 2018. Cela comprendra le décollage automatisé, le déroutement d’urgence, l’atterrissage et le roulage.

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Elle décidera alors d’intégrer tout ou partie de ces nouvelles technologies dans ses avions de série. Airbus assure qu’il ne s’agit pas de passer un jour à un seul pilote mais d’augmenter encore la sécurité des vols en réduisant la charge de travail des équipages.