Le géant américain de la technologie Amazon va investir 8 milliards de livres (9,5 milliards d’euros) dans le “cloud” au Royaume-Uni, une aubaine aussi colossale que bienvenue pour le nouveau gouvernement travailliste, désireux de faire ses preuves sur le plan économique.
La bonne nouvelle intervient alors que le nouveau Premier ministre Keir Starmer fait face à des critiques après avoir annoncé que son premier budget, attendu le 30 octobre, serait « douloureux » avec probablement des réductions des dépenses publiques et des augmentations d’impôts.
Cet investissement sur 5 ans, qui n’est pas le premier d’une telle ampleur sur le continent européen, doit permettre de « soutenir environ 14.000 emplois » par an, anticipe Amazon dans son communiqué.
Selon Amazon, il devrait également contribuer à hauteur de 14 milliards de livres sterling au produit intérieur brut (PIB) du pays d’ici 2028.
Cette annonce « marque le début de la reprise économique et montre que la Grande-Bretagne est un bon endroit pour faire des affaires », a déclaré la ministre des Finances Rachel Reeves dans un communiqué.
Mais « je vais être honnête avec le peuple britannique : le changement ne se fera pas du jour au lendemain », a-t-elle ajouté.
Le gouvernement britannique, qui a fait de la relance de la croissance sa priorité, compte notamment sur la création d’un “fonds souverain national”, qui sera abondé de 7,3 milliards de livres (8,7 milliards d’euros) sur cinq ans, pour doper l’investissement dans le pays.
Mais la majorité travailliste doit faire face à des finances publiques en piteux état : la dette publique flirte avec les 100% du produit intérieur brut (PIB), conséquence notamment des aides distribuées pendant la pandémie de Covid et la crise énergétique. Le déficit public échappe à tout contrôle.
Et tandis que l’exécutif impute ce trou dans les caisses aux gouvernements conservateurs précédents, il subit néanmoins la pression des syndicats et de ses propres rangs pour desserrer les cordons de la bourse et remettre les services publics à genoux ou revenir sur sa décision de mettre fin à un chèque énergie pour quelque dix millions de retraités.
– Retard dans l’IA –
L’investissement annoncé mercredi sera fourni par Amazon Web Services (AWS), la filiale cloud du géant, pour construire, exploiter et gérer la maintenance de centres de données au Royaume-Uni.
Le groupe, qui emploie 75.000 personnes dans le pays sur plus de 100 sites, précise dans son communiqué avoir investi 56 milliards de livres au Royaume-Uni entre 2010 et 2022.
Depuis plusieurs mois, AWS multiplie les annonces d’investissements massifs en Europe : près de 18 milliards d’euros en Allemagne, 15,7 milliards en Espagne et 1,2 milliard en France.
Ces investissements interviennent dans un contexte de débats intenses au sein de l’UE sur la question d’un « cloud souverain européen », qui devrait permettre le stockage et le traitement des données en ligne sans passer par les géants technologiques américains.
Amazon investit également ailleurs dans le monde, comme à Singapour, où l’entreprise a annoncé en mai un investissement représentant l’équivalent de 8,3 milliards d’euros sur les quatre prochaines années.
Le groupe a annoncé le mois dernier avoir doublé ses bénéfices trimestriels, portés par le cloud computing, dont il est le leader mondial, et l’IA. Les revenus d’AWS, notamment, ont progressé de 19% à 26,3 milliards de dollars au deuxième trimestre.
Alors qu’Amazon est à la traîne par rapport aux deux autres géants du secteur, Microsoft et Google, en matière d’IA générative, le cloud est essentiel dans le déploiement de ces outils pour les entreprises et les particuliers, d’où des investissements massifs dans de nouveaux datacenters ad hoc.
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