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Anciens bars de quartier, renaissance de lieux de vie et de rencontres authentiques

Les bars de quartier restent en service. Face aux bars branchés des centres-villes, les établissements anciens sont restés dans leur état d’origine. Leurs propriétaires résistent et entretiennent l’authenticité de ces lieux où l’on vient chercher un supplément d’âme et une vraie convivialité.

Gare Sud, dans le quartier Sainte-Thérèse de Rennes : Panama ouvre ses portes à 17 heures, quand la journée de travail se termine pour les autres. Une façade en pierre, deux fenêtres surmontées de vieux stores décolorés et deux enseignes vendant une marque de bière et un soda donnent le ton : ici, ni luxe ni clinquant. Dans l’entrée, un bar ancien, des tables et des chaises dépareillées, un chien dormant dans son panier posé sur du carrelage d’époque et deux chats qui veillent. Deux autres salles sur les côtés, l’une avec un baby-foot, l’autre avec des bancs anciens et un piano, et un petit jardin à l’extérieur : le décor est planté.

Le Panama n’est pas moderne et Christophe le patron, qui est là depuis 19 ans, n’a pas souhaité changer l’apparence du magasin. « Avant de devenir un café dans les années 30 selon la mémoire du quartier, c’était ici un dépôt de cidre.“il explique.

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Le quinquagénaire a quitté la région parisienne pour s’installer à Rennes. Avec plusieurs emplois à son actif et une opportunité, il décide de rapatrier sa famille pour reprendre le café. Depuis, ils habitent à l’étage, juste au-dessus. “Il y avait une clientèle d’habitués, des habitués des bars comme on dit. J’étais un peu assistante sociale et psychologue. Petit à petit, j’ai réussi à changer les choses. Les étudiants sont arrivés, attirés par le jardin. Je savais qu’il fallait du temps pour changer les habitudes S.Ses enfants vont à l’école locale, il rencontre les parents. Bientôt, il sera adopté.

Lors de la fête des voisins, nous nous sommes rapprochés des gens du quartier. Du coup, des personnes sont venues m’aider à rafraîchir le bar.

Christophe Paris

Patron du « Panama »

Au Panama, chacun peut apporter « sa propre nourriture » comme on dit. En échange, il faut consommer. S’enchaînent ensuite les apéritifs d’adieu, les réunions associatives ou syndicales, les spectacles et concerts et, l’été, les soirées autour du barbecue. Chaque mois, une troupe de théâtre d’improvisation se produit : Un mélange de tous les genres.

Je crée des liens sociaux. Je suis très attaché aux rencontres et au fait que des gens qui n’ont pas la même vision de la société puissent vivre ensemble et discuter autour d’un verre. Je veux que chacun se sente à sa place.

Christophe Paris

Propriétaire du bar « Le Panama »

Au café, plus de 60 % des clients sont des femmes car le patron regarde. L’endroit est calme et vous pouvez venir en toute sécurité.

« Quand je suis arrivé, il y avait un fleuriste, un boulanger, un coiffeur, un pharmacien, trois bistrots et un café-restaurant. Aujourd’hui, je suis le dernier commerce du quartier. Christophe lui, a su donner une âme à son bistrot et compte bien continuer.

Depuis près de 40 ans, Josip Vidović, alias Vidocq, règne derrière son comptoir, dans le quartier Mabilais de Rennes. Jusque dans les années 1970, c’était le quartier des abattoirs et des tanneries. “Un mauvais quartier, il n’y avait pas de trottoirs dans la rue, c’était de la terre“, explique Jean-Marie, un client appuyé sur le bar. Le café s’appelle d’abord « Les trois tonneaux », puis « Chez Mado » et Josip débarque en France, quittant son pays, la Croatie, pour suivre son première femme de Bretagne. Une opportunité à saisir : il rachète l’entreprise et commence sa nouvelle vie. A Split, il a fait le séminaire mais la vocation de prêtre n’y était pas. Aujourd’hui, il n’a pas son pareil pour écouter les confessions de ses clients.

Cheveux gris, belle moustache et yeux rieurs, Josip a un métier. Jamais une cigarette, pas une goutte d’alcool, il connaît les dangers du métier. “Quand j’ai commencé, la clientèle n’était pas facile, elle était un peu sauvage, il fallait gérer les excès. J’ai toujours trouvé les mots pour calmer les tensions et éviter que les situations ne dégénèrent à la maison, je n’ai jamais eu la police en mon bar. explique le patron de Vidocq.

Quand j’ai repris le bar, c’était une autre époque, où on pouvait rouler ivre et se garer sur le trottoir

Joseph

patron du Bar Vidocq

Josip est indissociable du billard de l’arrière-salle. Il arrive dans les années 80, lorsqu’un vendeur lui propose un modèle. Depuis, c’est le passe-temps favori des clients et du patron. Au-dessus du bar, les verres sont exposés à côté des bouteilles de sirop. Compétitions, championnats régionaux, finales par équipes, trophées s’accumulent au fil des années et la convivialité entre licenciés aussi.

L’univers reste masculin, les voisins, les gens qui travaillent dans le quartier, tout le monde pousse la porte pour boire un café ou une bière. Au coude à coude, on se parle, on se parle souvent. “Ici c’est calme, on est entre nous, il y a toujours des histoires à raconter et comme c’est en route, je m’arrête souvent” explique Christophe. Le propriétaire est à l’écoute, et on sent qu’il a vu ici quelque chose, avec sa philosophie du comptoir qui n’en vaut pas une autre. On a l’impression que le lieu est figé dans le temps, tout comme les prix. en plus avec un café pour un euro !

Pour Pascal Lardellier, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, auteur du livre “Le temps des terrasses”, Les cafés du centre-ville sont de plus en plus soumis à la « starbuckisation », avec des marques affiliées à des chaînes et de la musique lounge. Même si Rennes résiste encore avec sa fameuse « rue de la soif », le phénomène prend malgré tout de l’ampleur. Le prix des boissons est également un marqueur fort. Cela induit un type de clientèle. Comme si les bars étaient attachés à nos origines socioculturelles. Dans le bar de quartier, contrairement au bar « bobo » de la ville, le client est vite considéré comme un habitué, il entretient des relations familiales avec le patron, il y a moins de barrières sociales.

Dans une société où règnent la distance et la méfiance, où les gens sont avant tout connectés, le café permet de briser la glace en offrant une convivialité facile et légère.

Pascal Lardellier

Auteur de « Le temps des terrasses »

« C’est un lieu de repos et de répit, comme une parenthèse enchantée, un instant éphémère durant lequel les vies se heurtent.” ajoute l’auteur.

Pascal Lardellier constate une tendance. “Il y a une renaissance” des petits bars, avec des jeunes qui reprennent les affaires pour en faire des lieux de brassage culturel. Souvent, il y a un projet citoyen avec la mise en place d’activités, de concerts, de rencontres. En milieu rural, le café retrouve sa vocation initiale de lieu multiservices, avec un coin épicerie. “On retrouve l’essence de ces lieux privilégiés, où le voisin qui vous a passé le journal devient votre meilleur ami autour d’un verre, le temps d’une soirée !

Anna

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