Annie Genevard, une ancienne enseignante à l’attitude ferme nommée à l’Agriculture

Annie Genevard, nommée samedi ministre de l’Agriculture, est une ancienne professeure de français devenue une figure influente des Républicains, dont elle est l’une des co-dirigeantes par intérim, et où elle incarne une ligne plutôt conservatrice, ferme sur la laïcité et l’immigration.

La vice-présidente de l’Assemblée nationale et députée du Doubs, réélue haut la main en juillet avec plus de 68% des voix face à un adversaire RN, avait un temps été pressentie pour l’Education nationale. Elle avait même manifesté son intérêt pour la rue de Grenelle il y a quelques jours.

Mais cet élu de 68 ans, issu d’une zone rurale, prendra à terme les rênes du ministère de l’Agriculture.

« L’agriculture ne doit pas être la variable d’ajustement des accords commerciaux. Notre inquiétude est celle des filières agricoles concernant les viandes étrangères : traçabilité, farines animales, antibiotiques promoteurs de croissance », écrivait-elle en 2019, pour justifier son opposition au Ceta, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.

“Je travaille depuis longtemps pour les agriculteurs”, a-t-elle déclaré peu avant sa nomination, samedi sur France 3, lors d’un déplacement sur un salon agricole.

La nouvelle ministre dispose d’une base politique solide dans le Doubs, où elle est née et où sa mère, Irène Tharin, a été députée UMP (2002-2007). Elle-même a été conseillère régionale (2004-2012) de Franche-Comté et maire (2002-2017) de Morteau, petite ville de 6.800 habitants proche de la frontière suisse et célèbre pour sa saucisse.

Lors du premier mandat d’Emmanuel Macron (2017-2022), Mme Genevard était déjà l’une des vice-présidentes de l’Assemblée, ce qui l’a conduite à présider de nombreuses séances dans l’hémicycle, un rôle dans lequel elle se targue de ne pas avoir “hystérisé” les débats.

Lors de ses interventions à l’Assemblée nationale – où elle siège depuis 2012 -, elle a dénoncé à plusieurs reprises « les atteintes systématiques à la laïcité par un islamisme conquérant » ou « l’insécurité qui ronge certaines de nos écoles », un sujet sur lequel elle intervient plus souvent que celui de l’agriculture.

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– Fermeté sur l’immigration –

Mère de deux enfants, elle affirme avoir grandi dans un environnement aux opinions variées « où l’on écoutait Ferrat, où l’on lisait Aragon » (deux références marquées à gauche), contribuant à « une forme de tolérance », et affirme ne pas pouvoir « haïr une personne parce qu’elle ne pense pas comme (elle) ».

Proche de Laurent Wauquiez, ce partisan de Fillon opposé au mariage pour tous en 2013, a été conseiller lors de la campagne présidentielle de Valérie Pécresse en 2022.

Fin 2023, elle a été l’une des négociatrices de son parti sur la question de l’immigration, poussant pour une version très ferme de cette loi qui a finalement été adoptée avec les voix du Rassemblement national.

Très récemment, elle s’est à nouveau prononcée en faveur d’une réforme de l’Aide médicale d’Etat (AME). Ce dispositif, qui garantit aux étrangers en situation irrégulière en France depuis plus de trois mois des soins médicaux gratuits sous conditions de ressources, est aujourd’hui “beaucoup trop large”, selon elle.

Sa nomination ouvrira un poste convoité de vice-président de l’Assemblée, que les groupes pourraient contester via un vote en chambre.

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