Après avoir été inscrite à la Banque de France et interdite d’exercice bancaire, Chantal Goya vit sans pension à 82 ans


Par Lucie Gosselin | Éditeur

Journaliste passionné, depuis plus de 10 ans, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages ou des interviews.

Elle a enchanté des générations d’enfants, mais la chanteuse Chantal Goya déchante aujourd’hui. Alors qu’elle fête ce lundi 10 juin ses 82 ans, l’artiste vit avec des moyens extrêmement modestes. En cause : les innombrables déboires financiers qui ont émaillé sa carrière et le statut particulier qui a été le sien tout au long de sa vie, qui la prive aujourd’hui de retraite.

Après avoir été inscrite à la Banque de France et interdite d’exercice bancaire, Chantal Goya vit sans pension à 82 ans

Le reste après l’annonce

Un film en préparation pour 2026 inspiré de son célèbre show Le mystérieux voyage de Marie-Rose ; une tournée intitulée Sur la route enchantée, qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année ; il y a quelques semaines, une participation au célèbre spectacle Mask Singer sur TF1, dans lequel elle s’est malheureusement vite fait trahir par sa voix sous son costume de Pop Corn… Il y a des octogénaires avec des agendas moins chargés. Mais qu’est-ce qui fait encore courir Chantal Goya fête ses 82 ans ce lundi 10 juin ? La passion, certainement. Mais ce n’est peut-être pas la seule raison qui la pousse à continuer à travailler autant. Faut-il voir dans cette frénésie productive la conséquence deun mal qui a poursuivi la chanteuse toute sa vie ?

Chantal Goya, malgré sa notoriété, malgré son succès, a toujours eu des problèmes d’argent. Elle en a parlé pour la première fois il y a 10 ans, dans le Magazine parisiene mais ils étaient bien plus tôt. « Le matin, dès mon réveil, j’attaque les problèmes, elle a expliqué à nos confrères, je paie tout, les banques, les factures, les huissiers – je l’ai connu, oui, dans le passé ! – et hop, poliment et fermement, je propose : ‘Comment pouvons-nous régler ceci?‘ ». « En général, elle a continué, apprécie l’interlocuteur. Je m’engage alors à respecter le délai convenu. » La confession laisse peu de doute sur l’identité des interlocuteurs : les créanciers

Quelques années plus tôt, en octobre 2007, l’information avait fait grand bruit : la chanteuse et son mari, Jean-Jacques Debout, avec qui elle vit désormais séparément, avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris à 18 mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende chacun pour fraude fiscale. La justice leur a reproché de ne pas avoir payé un impôt d’environ 253 000 euros au cours de l’année 2000. Ce n’était pas la première fois. Le couple a également eu des problèmes avec le fisc en 1985, 1988, 1989, 1994 et 1995. »Ce n’est pas parce que vous avez un historique fiscal que vous ne pouvez plus commettre d’erreurs.« , se sont défendus les prévenus. Et il y a eu des erreurs dans le passé…

Chantal Goya contracte un emprunt de 2,2 millions d’euros alors qu’elle est interdite d’activité bancaire

Le déclin s’amorce dans les années 1980, coïncidant avec un moment fort de la carrière de Chantal Goya : son passage à Jeu de vérité, de Patrick Sabatier, qui avait gravement écorné son image douce d’enfant chanteuse. S’ensuit une longue crise et de sérieuses déceptions, notamment ce revers aux Etats-Unis où la femme, aujourd’hui grand-mère, doit exporter vers Hôtel de Ville Radio de New York son show Marie Rose. Un contrat de 5 ans était en discussion. Il n’a jamais été signé.

Jean-Jacques Debout fait alors folie pour sa femme : à la fin des années 1980, il lui offre un château à Saint-Loup-sur-Thouet, dans les Deux Sèvres. Projet : en faire une salle de spectacle. Lui aussi tombera à l’eau. La propriété sera revendue en 1990. Conséquences : de graves difficultés financières qui n’ont jamais été surmontées.

Fin 2019, une nouvelle tempête s’abat sur Chantal Goya et son mari, qui avaient frôlé la mort peu avant… Leur nom apparaît dans une enquête sur l’affaire Crédit social et solidaire municipal de Bordeaux, anciennement appelé Mont de Piété, auprès duquel ils auraient contracté un emprunt de 2,2 millions d’euros. Pour l’obtenir, les deux artistes auraient fourni à l’établissement un justificatif de droit d’auteur datant de 2016. Inquiétant, leur dette n’aurait pas été prise en compte. Or, à l’époque, selon Sud Ouest qui a révélé l’histoire, Chantal Goya était déjà inscrite à la Banque de France, privée du droit d’émettre des chèques et de contracter un emprunt. Bref, elle s’est vue interdire les opérations bancaires.

« Oui, ce prêt existe. Mais Chantal Goya et son mari ne sont pas au cœur d’une enquête judiciaire. Aucune enquête n’a été ouverte par le parquet à leur sujet » explique alors leur avocat, précisant que ce prêt a « principalement utilisé pour envoyer un gros chèque à Bercy« et qu’il a été contracté »avec un taux d’intérêt élevé« Des sommes importantes sont versées chaque trimestre pour ces intérêts, a ajouté leur défenseur.

Chantal Goya toucherait effectivement une pension de 565 euros par mois

Est-ce parce qu’ils ont été pris en gorge par ces remboursements qu’ils doivent faire face à un nouveau coup dur pendant la crise du Covid ? Pas impossible… En novembre 2020, le chanteur expliquait à Dimanche en France qu’elle et son mari sont contraints de quitter leur appartement du 9ème arrondissement au cœur de Pigalle dans lequel ils vivaient depuis de nombreuses années en raison de « excédent de loyer à payer« . »Nous devions avoir un autre appartement dans le 6ème arrondissement mais cela n’a finalement pas été fait.« , explique Chantal Goya à nos confrères, racontant que ce nouveau revers les a obligés à déménager précipitamment au cœur de l’été, aidés par des amis, pour aller vivre chez leur fille Clarisse à Versailles.

A cette époque, la chanteuse, qui a même eu le malheur de se faire cambrioler dans une église alors qu’elle priait, était visiblement théoriquement à la retraite depuis de nombreuses années. Mais Elle doit encore en toucher un ? En avril 2023, invitée du podcast, LA série, de Laurent Argelier, Chantal Goya se confiait sur ses problèmes d’argent. « Il n’y en a jamais dans ma poche. Dès qu’il entre, il repart tout aussi vite« , a-t-elle confié, soulignant que l’argent n’était pas son maître. Lors de cet entretien, elle a également laissé tomber cette phrase : « Je pourrais me plaindre, parce que je n’ai pas de pension (…) On ne cotisait pas à l’époque, ça n’existait pas.« En réalité, il est possible que cela ait un peu assombri le tableau car en 2017, dans les colonnes du Voix du Norddit-elle percevoir une pension de 565 euros par mois. Une petite somme qui explique peut-être qu’à 82 ans, Chantal Goya, au-delà de la passion, joue encore sur les routes… ou transpire sous les masques.