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Après la lourde défaite de l’armée et de son allié russe Wagner dans le désert, que va faire la junte au pouvoir ?

« C’est probablement la perte la plus importante que (la milice russe) Wagner ait subie en Afrique au cours d’une seule bataille », a déclaré John Lechner, chercheur indépendant et auteur d’un livre à paraître sur Wagner.

Si aucun bilan officiel n’a été dévoilé, l’armée malienne a reconnu « un nombre important de morts » à Tinzaouatène, près de la frontière algérienne, et une chaîne Telegram associée à la milice russe Wagner a confirmé des pertes dans ses rangs et la mort d’un commandant. Les séparatistes ont revendiqué « une victoire éclatante », l’un de leurs chefs évoquant des dizaines de morts russes, tandis que les jihadistes du JNIM, affiliés à Al-Qaïda, ont affirmé avoir tué 50 Russes et 10 Maliens. Comment expliquer cet échec et que peut-il changer ?

Que s’est-il passé à Tinzaouatène ?

Après avoir rompu l’alliance avec la France pour se tourner politiquement et militairement vers la Russie en 2022, la junte dirigée par le colonel Assimi Goïta a fait de la reconquête du territoire national sa priorité. Les hostilités ont repris en août 2023 après huit ans d’accalmie entre les belligérants. L’offensive de l’armée a culminé en novembre avec la prise de Kidal, bastion du mouvement indépendantiste, un succès symbolique largement salué au Mali.

Mais les rebelles n’ont pas déposé les armes et se sont dispersés dans cette région désertique et montagneuse, poursuivis par les forces maliennes qui prétendent régulièrement prendre le contrôle de certaines localités.

Près de Tinzaouatène, les deux camps se livrent à des combats intenses, d’une ampleur jamais vue depuis des mois. Les rebelles ont pris le dessus grâce à une “tempête de sable”, précise le groupe Wagner, qui a empêché la mobilisation de moyens aériens, selon les analystes.

Dans leur retraite, une partie de la colonne de l’armée a été prise dans une attaque meurtrière des jihadistes. Le JNIM et l’alliance des groupes armés séparatistes dominée par les Touaregs (CSP-DPA) se disputent l’issue et la victoire. Selon M. Lechner, les forces armées maliennes ont fait preuve d'”excès de confiance” depuis la prise de Kidal, mais la victoire des séparatistes ne doit pas non plus être “surestimée”.

En quoi ce revers militaire est-il significatif ?

Les séparatistes ont remporté une bataille militaire et symbolique qui pourrait leur donner “un second souffle” et être vécue comme “une humiliation” par le régime, estime Yvan Guichaoua, professeur-chercheur à l’université du Kent. Les vidéos diffusées par les rebelles et les jihadistes montrent que les soldats blancs sont bien plus nombreux que les Maliens parmi les victimes, alors que Bamako a toujours nié la présence de Wagner dans les opérations militaires, réduisant la présence russe à des “instructeurs”.

« Il y a un coup politique qui a été frappé à Bamako, puisqu’on voit que c’est Wagner qui opère et que les Maliens jouent apparemment un rôle d’appui », poursuit M. Guichaoua. Alors que la junte malienne a tout misé sur la conquête militaire dont elle a fait une priorité, cet échec tombe à un mauvais moment, au moment où le colonel Goïta était censé déclarer sa candidature à une élection présidentielle dont la date n’a toujours pas été fixée.

“Les FAMA prennent pleinement et en toute responsabilité la mesure de cet événement et procèdent actuellement à une analyse détaillée des événements pour en tirer toutes les leçons qui s’imposent”, a indiqué lundi l’armée malienne.

Que peut-il se passer maintenant ?

Selon Jonathan Guiffard, chercheur à l’Institut français de géopolitique, cette défaite « atteste du début de la guérilla asymétrique que le CSP va lancer contre les FAMAS et les Russes dans le Nord ». « Le CSP a encore des forces prêtes. Et le JNIM reste l’acteur le plus fort sur le terrain. De quoi donner quelques maux de tête à l’armée malienne », estime-t-il.

Pour M. Guichaoua, l’armée malienne et ses alliés russes vont probablement “se réorganiser” avant de reprendre les opérations terrestres, mais utiliseront des drones “contre les cibles qu’ils identifient, ce qui signifie potentiellement de nombreuses victimes civiles, car ils n’effectuent pas toutes les vérifications pour s’assurer que ce sont bien des militaires qui sont visés”.

Charlotte

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