Après la tempête, Zemmour et son parti misent sur la « dépolitisation » pour rebondir

L’heure du rebond ? Au creux de la vague après les législatives, Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour, a revisité samedi ses thèmes de prédilection lors de son université d’été à Orange, du grand remplacement à la lutte contre le wokisme, tout en prétendant “dépolitiser” la France.

Plus de 1.700 personnes ont participé à cet événement de rentrée dans le Vaucluse, ponctué par un banquet, des conférences, un concert et une table ronde, et marqué par de virulentes attaques antisystème, à un moment où le parti tente de se relever d’une défaite aux législatives et s’interroge sur son avenir.

Acclamé par les « reconquérants », Éric Zemmour a longtemps incriminé les partis et la « politique » française, assurant qu’elle était devenue « l’ennemi du peuple ».

« Nous sommes le parti dont ont besoin ceux qui ne veulent plus de partis », a assuré le président de Reconquête !, qui a affirmé sa volonté de « dépolitiser » le pays, estimant que « tout est devenu politique ».

Quant au nouveau Premier ministre Michel Barnier, Éric Zemmour voit en lui « la nouvelle incarnation du non-choix de Macron ». « Personne n’attend rien de lui, il symbolise la politique française dans tout son ennui », poursuit-il.

Dans son discours, Eric Zemmour n’a pas épargné le Rassemblement national, qu’il a accusé de vouloir «plaire obstinément à la gauche et aux médias, sans jamais y parvenir».

Alors face aux “menaces” érigées par le parti – le “grand remplacement”, le “wokisme”, l'”islamo-gauchisme” -, “la victoire viendra du travail de fourmi des militants, que rien ne pourra remplacer”, expliquait Jacques Bompard, l’ancien maire d’Orange, à l’ouverture.

En début d’après-midi, la militante anti-islam Mila est montée sur scène pour interpréter deux chansons, avant de participer à une table ronde. A ses côtés, plusieurs influenceurs d’extrême droite comme Thaïs D’Escufon, Yohan Pawer ou Marguerite Stern, discutant du “combat culturel contre la gauche”. Des personnalités susceptibles de rajeunir les rangs zemmouristes, espère le parti.

Les intervenants ont également évoqué le réseau des « Parents vigilants », lancé il y a deux ans. Avec 3 500 parents d’élèves élus revendiqués, l’objectif est de lutter contre la « propagande » progressiste dans les écoles, et le supposé « lobby LGBT ». Eric Zemmour a indiqué sa volonté d’avoir au moins un parent vigilant dans chaque établissement d’ici la fin de l’année.

Un défi alors que le parti fait face à plusieurs défis, après avoir récolté seulement 0,6% des voix aux législatives, sans aucun député élu.

L’ancrage dans les territoires fait partie des chantiers prioritaires. « Nous avons des candidats partout en France qui vont travailler dessus », assure Sarah Knafo, députée européenne Reconquête!.

Le mouvement d’extrême droite fonde ses espoirs sur l’instauration d’un scrutin proportionnel, soutenu par plusieurs partis mais encore hypothétique. “Pour nous, c’est une garantie d’avoir des élus”, assure Mme Knafo, seule députée Reconquête! au Parlement européen.

– Hémorragie –

Le jeune parti doit aussi panser les plaies d’une crise politique interne née au lendemain des élections européennes de juin. Quatre des cinq députés de Reconquête ! ont fui le parti pour rejoindre l’alliance RN-Ciotti en vue des législatives anticipées, sous la houlette de Marion Maréchal.

« Elle leur a promis des perspectives ministérielles. (…) Aujourd’hui, ils se mordent un peu les doigts », confie un proche du parti. Mais l’hémorragie ne semble pas endiguée. Mardi, l’unique sénateur Reconquête !, Stéphane Ravier, a annoncé qu’il quittait lui aussi le parti.

Avec son mouvement Union des droites pour la République, Eric Ciotti a repris le flambeau de l’union des forces conservatrices longtemps défendue par Eric Zemmour. Sarah Knafo le regarde d’un “bon oeil”. “Plus les gens s’approprient nos slogans et nos façons de penser, plus nous sommes forts”, assure-t-elle.

D’autant plus que les dirigeants du parti considèrent qu’Eric Ciotti n’est pas une figure “présidentielle” et ne les “concurrence donc pas directement”. Car c’est évidemment l’élection présidentielle de 2027 qu’Eric Zemmour a dans son viseur.

Devant les partisans de Reconquête !, Sarah Knafo a assuré que les adhésions avaient explosé ces dernières semaines car « les Français se tournent vers la vraie droite ». Tandis que dans le même temps, le Rassemblement national poursuit son processus de normalisation.

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