Ce Malien de 51 ans a été mortellement heurté par un camion le 16 juin 2023, alors qu’il travaillait sur le chantier.
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Une inauguration en grande pompe, pour une promesse vieille de plus de trente ans. Le 15 mai 1990, Jacques Chirac, alors maire de Paris, déclarait qu’il se baignerait dans la Seine. “dans trois ans”. Trente-quatre ans se sont écoulés, et c’est finalement Anne Hidalgo qui a inauguré jeudi 2 mai l’immense projet du bassin d’Austerlitz. permettre le stockage des eaux pluviales et des eaux usées avant qu’elles ne se déversent dans la Seine. Objectif : permettre aux sportifs de se baigner dans la rivière pour certaines épreuves des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, qui se dérouleront du 26 juillet au 8 septembre. Coût de l’opération : 80 millions d’euros, selon la mairie.
Mais pour la famille d’Amara Dioumassy, l’événement est associé au drame. Cet ouvrier malien de 51 ans est décédé le 16 juin 2023, écrasé par un camion alors qu’il travaillait sur le chantier du bassin. Son décès a été constaté au numéro 2 de la rue Mazas, dans le 12e arrondissement de Paris, juste en dessous de l’institut médico-légal, selon l’acte de décès qu’a pu consulter franceinfo. Les pompiers “venu constater son décès, il a été transporté directement à l’institut, d’où il a été renvoyé pour être enterré au Mali”dit Lyes Chouaï, Délégué syndical CGT de Sade, l’entreprise qui employait le chauffeur routier. Après un rassemblement organisé par la CGT et la famille d’Amara Dioumassy en sa mémoire, samedi 27 avril, Anne Hidalgo et Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, lui ont rendu hommage lors de l’investiture jeudi.
Amara Dioumassy laisse derrière lui douze enfants – dont le dernier est né quelques mois après sa mort –, une épouse et une mère restées au Mali, ainsi qu’une fratrie inconsolable. “C’était un frère aimant, venu nous rejoindre et aider sa famille”raconte à franceinfo sa sœur aînée, âgée de 56 ans, qui vit en France depuis les années 1980. “J’étais avec des béquilles quand mon frère est mort”se souvient Demba Dioumassy, qui a géré toutes les démarches administratives après la mort d’Amara. « Il venait me voir tous les jours. Mais il ne m’a que très peu parlé de son travail. Notre mère pleure chaque jour la mort de son fils. »
Arrivée en France en 2010, Amara Dioumassy, joaillière de formation, a enchaîné des contrats temporaires avant de signer un CDI comme ouvrier du bâtiment, en 2017, chez Darras & Jouanin, entreprise du groupe Fayat, prestataire de services à Paris. salle. Contrairement à de nombreux projets des Jeux, celui du bassin d’Austerlitz n’est pas géré par la Solideo, la société de livraison des ouvrages olympiques. L’établissement public, qui gère pour l’occasion plus de 70 chantiers, a élaboré une charte afin de limiter au maximum les accidents du travail. Sur les chantiers de la Solideo, “Il n’y a eu aucun décès.”souligne Lyes Chouaï. “En revanche, sur les chantiers qui ne sont pas marqués JO (dont celui du Grand Paris Express et du bassin d’Austerlitz), il y a des morts et des blessés. On voit bien que lorsque les moyens sont mis en place, les conditions de travail sont meilleures. »
Après le décès d’Amara Dioumassy, Darras & Jouanin se sont engagés à payer les obsèques, qui ont coûté plus de 17 000 euros à la famille, selon son avocate, Linda Sayah. L’argent n’a pas encore été transféré, précise cette dernière, mais elle espère que cela se fera. “prochainement”. « Les proches sont un peu soulagés, car les obsèques ont coûté très cherréagit l’avocat. Mais ce n’est pas le plus important à leurs yeux. Ils sont encore très tourmentés par cette histoire, car il reste encore de nombreuses zones d’ombre à éclaircir. Ils attendent avec impatience les résultats de l’enquête.
L’accident pose la question de la sécurisation du site, qui présente la particularité de se trouver sur une voie de circulation, le rendant bruyant et potentiellement dangereux. Amara Dioumassy est mort frappé par “un véhicule roulant en marche arrière”affirme la mairie de Paris, sans donner plus de détails. “Le camion n’avait ni bip d’avertissement ni caméra de recul” et il n’y avait pas“homme de la circulation” pour diriger les machines, assure Lyes Chouaï, qui s’est rendu sur place immédiatement après l’accident. Interrogée par franceinfo, l’entreprise qui employait Amara Dioumassy n’a, pour l’instant, pas répondu à nos sollicitations, tout comme la mairie de Paris. Anne Hidalgo a visité les lieux le 13 juin 2023 et a posté les photos sur. Trois jours avant le décès du travailleur.
« Les Jeux olympiques ont été un accélérateur extraordinaire. Sans cela, il aurait fallu encore dix ans pour rendre la Seine propre. »a déclaré l’élu Parisien lors de cette visite. Pour Lyes Chouaï, c’est justement cette accélération qui aurait rendu le chantier plus dangereux. « Il y a tellement de contraintes de temps que les salariés se coincent et se coincent les doigts »il dénonce.
Seules les enquêtes de l’inspection du travail et de la justice permettront d’établir si le chantier était conforme aux normes et si la responsabilité de l’employeur doit être engagée. Sollicitée par franceinfo, l’inspection du travail précise ne pas pouvoir communiquer tant que le dossier est en cours, mais assure que « la procédure sera transmise au parquet d’ici juin 2024 ». Un timing scruté de près par la famille d’Amara Dioumassy. « Ce serait bien si nous pouvions parler de ce sujet avant les JO, pour éviter qu’il ne finisse dans l’oubli »espère Linda Sayah.
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