Arrêt de la cour d’appel | Sainte-Justine peut extuber un enfant dans le coma

La Cour d’appel a confirmé mardi que le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine pourra extuber un garçon de 5 ans après plus de sept mois dans le coma. Les parents s’opposent à la décision, craignant la mort de leur fils et souhaitant qu’un miracle soit accompli pour le sauver.


» Décision […]bien que difficile et déchirant, est néanmoins respectueux des droits et de l’intérêt supérieur de cet enfant », lit-on dans la décision rendue mardi par les juges Geneviève Marcotte, Benoît Moore et Christine Baudouin, de la Cour d’appel.

Le 12 juin, l’enfant s’est noyé dans la piscine familiale. Après avoir passé environ 20 minutes sous l’eau, le garçon a fait un arrêt cardiorespiratoire. Les manœuvres de réanimation sont tentées pendant plus d’une heure. Il a été transféré aux soins intensifs du CHU Sainte-Justine, où il se trouve toujours, sept mois plus tard.

Son pronostic est « très sombre » et l’accident lui a laissé « de graves séquelles dont il ne se remettra jamais », lit-on dans le jugement.

Il sera gavé pour le reste de sa vie. Il ne parlera plus, ne verra plus, n’aura plus de conscience et sera dépendant pour toutes les activités de la vie quotidienne.

Extrait du jugement

Bien que l’enfant soit capable de respirer par lui-même, il reste relié à un appareil de ventilation mécanique par un tube inséré dans sa trachée, ce qui lui cause des douleurs. L’été dernier, l’équipe médicale de Sainte-Justine proposait aux parents de retirer le tube, sans prévoir de réintubation en cas d’échec.

Les parents se sont opposés à la procédure. « Ils refusent que celui-ci soit mortel et exigent que [leur enfant] être à nouveau intubé en cas d’échec », peut-on lire dans le jugement.

Une procédure « éthiquement acceptable »

Le médecin intensiviste Baruch Toledano, impliqué dans les soins prodigués au jeune garçon, a expliqué au tribunal que la présence du tube expose l’enfant à des risques de complications graves telles qu’un déconditionnement musculaire, des escarres, une inflammation des cordes vocales, le développement de pneumonie, en plus de lui causer de l’inconfort et de la douleur.

Plusieurs experts en soins pédiatriques ont également été entendus et se sont prononcés unanimement en faveur du plan proposé par l’équipe médicale de Sainte-Justine.

Par ailleurs, l’éthicienne clinique Marie-Claude Levasseur a jugé qu’en cas d’échec de l’extubation, il serait éthiquement acceptable de ne pas réintuber l’enfant, « compte tenu des atteintes graves et irréversibles dont il souffre, des épisodes d’inconfort qu’il subit, et les impacts sur les différentes sphères de sa qualité de vie ».

« L’intérêt supérieur de l’enfant »

En novembre, le juge Bernard Jolin, de la Cour supérieure du Québec, avait autorisé les médecins du CHU Sainte-Justine à procéder au plan de traitement qui comprend l’extubation. Les parents ont fait appel de la décision.

Mardi, les juges de la Cour d’appel ont donné raison à Sainte-Justine, déclarant que le refus des parents de consentir à l’extubation de leur enfant sans prévoir de réintubation en cas d’échec de la procédure est « injustifié » et n’est « pas dans l’intérêt supérieur » de l’enfant.

En réponse au jugement, le CHU Sainte-Justine a dit La presse garder l’accent sur « l’intérêt supérieur de l’enfant », « dans le plein respect des droits des parents ». « Le moment de l’extubation de l’enfant sera déterminé en tenant compte des souhaits de la famille. Le centre hospitalier demeure sensible au drame que traverse la famille et continuera de la soutenir en cette période difficile », a déclaré la conseillère aux relations médias Justine Mondoux-Turcotte.

Au moment d’écrire ces lignes, l’avocat de la famille, M.e Patrick Martin-Ménard, n’avait pas répondu à la demande de La presse.

Avec la collaboration d’Émilie Bilodeau, La presse


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