Shaïna Hansye a été victime de chantage, de harcèlement et de violences sexuelles avant d’être assassinée. Une histoire de féminicide chez une toute jeune fille qui fait écho aux propos entendus par Ynaée Benaben, co-fondatrice d’En avant tous, lors des ateliers de prévention que son association dispense dans les collèges et lycées.
« Easy girl », « bitch » : tels sont les termes qui qualifiaient Shaïna Hansye, et qui ont été échangés dans la rumeur qui a conduit à son assassinat. En octobre 2019, son corps poignardé et brûlé a été retrouvé dans un hangar de la banlieue parisienne.
L’histoire de cette jeune fille est celle d’un long calvaire, qui commence par la pression et le chantage de son copain alors qu’elle a 13 ans et qu’il insiste pour qu’elle pose pour des photos intimes. Ces images, que les garçons menacent de diffuser sur les réseaux sociaux, l’attirent dans un lieu isolé où il lui tend un piège avec ses amis. Ils lui font subir un viol collectif.
Deux ans plus tard, toujours précédée par sa « réputation », Shaïna, qui a entamé une autre relation, tombe enceinte. Son copain serait le père et ne supporterait pas l’idée d’avoir un enfant avec une jeune fille qui fait l’objet de critiques et de mépris. Il est soupçonné de l’avoir poignardée et brûlée. S’il a clamé son innocence tout au long du procès, plusieurs témoins affirment qu’il se serait vanté d’un féminicide.
Cette affaire sordide répond à un mécanisme précis, un enchaînement classique d’événements, explique Ynaée Benaben, co-fondatrice d’En avant tous. Cette association, partant du constat que les infrastructures d’accueil des femmes victimes de violences sont insuffisantes et débordées, se rend dans les écoles pour des formations et des ateliers avec des lycéens..nes et lycéens sur les rapports de genre, ce que sont l’amour et la sexualité…
La réputation de « fille facile » qui isole, organise la diatribe et le mépris, justifie le harcèlement, elle en entend parler « dans toutes (ses) interventions ». Leur réputation, les jeunes filles en prennent soin et la craignent, comme une épée de Damoclès. Et même lorsqu’ils ne sont pas directement touchés par les rumeurs, ils prennent soin de se tenir à distance de ceux qui font l’objet de critiques, car la rumeur est contagieuse et se transmet aux amis du pestiféré.
Chez les adolescents, ajoute Ynaée Benaben, l’effet de groupe ajoute une couche de difficulté car tout le groupe s’implique dans les relations amoureuses et juge le comportement de l’autre selon des critères véhiculés par la culture populaire – films, clips, livres – et ne prend aucune distance avec la violence de la pornographie. A ces fantasmes sur ce qu’on attend des garçons et des filles s’ajoute une « morale » rigoureuse qui ne pardonne rien.
Mais la solution existe, grâce à la prévention. Dans les écoles, l’équipe s’efforce de faire réfléchir les jeunes, de leur montrer qu’il est parfois difficile de dire non face à la pression et qu’un petit ami « protecteur », « jaloux » qui a des « problèmes de colère » est peut-être plus contrôlant que gentleman.
De plus en plus de femmes artistes de rue laissent leur empreinte dans la ville
Prendre plus de place dans la ville, c’est ce que font ces femmes artistes du street art, qui sont de plus en plus nombreuses à laisser leur empreinte dans la ville.
Vous connaissez peut-être MissTic, mais avez-vous d’autres noms d’artistes de rue féminines en tête ? ? Pas certain. Sur les murs des villes, ce sont encore largement les œuvres des hommes qui s’étendent. Mais de plus en plus, les femmes s’imposent et laissent des traces dans la ville, avec des messages et des œuvres féministes.
France 24 Europe