Attaque à la mosquée de Québec | Le temps des bilans
(Québec) Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau et la Ville de Québec ont pris des mesures importantes pour améliorer le vivre ensemble, mais le gouvernement du Québec a encore du travail à faire.
C’est le constat dressé, dimanche soir, par le président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), Mohamed Labidi, lors de la cérémonie qui marquait le sixième anniversaire de l’attentat perpétré contre la grande mosquée.
Il a chaleureusement applaudi la récente nomination de l’ancienne journaliste Amira Elghawaby au poste de représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie.
Cette nomination est venue « couronner » une série d’actions « positives » prises par le gouvernement Trudeau ces dernières années, s’est félicité M. Labidi.
Or, m.moi Elghawaby n’a pas de consensus ; elle a écrit en 2019 que les Québécois semblaient «influencés par le sentiment anti-musulman». Des ministres québécois du cabinet Trudeau ont même exprimé leur malaise.
Justin Trudeau a défendu son choix dimanche. « Nous avons eu l’occasion de discuter, elle et moi, un peu plus tôt. Elle agira à titre de conseillère et d’experte. […] Merci Amira […] d’avoir assumé ce rôle important », a-t-il déclaré.
Le gouvernement Trudeau a également fait du 29 janvier la Journée nationale de commémoration de l’attentat contre la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie, a rappelé M. Labidi.
Le 29 janvier 2017, un homme armé a fait irruption dans la mosquée à l’heure de la prière et a déchargé son arme. Il a fait six morts et vingt blessés.
Ce soir-là, Ibrahima Barry, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Abdelkrim Hassane, Azzedine Soufiane et Aboubaker Thabti ont perdu la vie. Ils laissent derrière eux leurs femmes et 17 orphelins.
Depuis, la communauté musulmane du Québec presse les différents gouvernements d’agir pour favoriser le vivre ensemble.
« Au niveau fédéral, beaucoup a été fait », a déclaré M. Labidi. De nombreuses actions et initiatives de la Ville de Québec ont été réalisées. […] Mais au niveau provincial, on attend toujours des actions concrètes. »
« La première étape, à notre avis, commence par la prise de conscience que le racisme et l’islamophobie sont de vrais problèmes de société », a-t-il poursuivi.
Absence de Legault remarquée
De son côté, l’ancien président de la CCIQ, Boufeldja Benabdallah, a déploré l’absence du premier ministre du Québec, François Legault.
S’adressant à la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, il a déclaré : « Nous avons juste un petit quelque chose à vous demander. Parlez à François Legault pour lui dire : « Tu aurais dû venir, tu ne devrais pas avoir peur de nous ». »
Les quelque 200 personnes qui étaient présentes dans la salle de prière de la mosquée ont applaudi pour montrer qu’elles étaient d’accord avec M. Benabdallah.
A noter : c’était la première fois que la commémoration avait lieu dans la salle de prière, un lieu « chargé d’émotion et de sens », selon les organisateurs.
Loi 21
Jeudi dernier, le comité organisateur avait une fois de plus vivement dénoncé la loi 21 du gouvernement Legault, adoptée en 2019, car elle aurait décomplexé l’islamophobie.
« Cette loi bouleverse tout ce que nous faisons comme travail pour le vivre ensemble, avait notamment déploré M. Labidi. Nos frères et sœurs se sentent tous visés par cette loi. »
La loi 21 interdit aux employés de l’État occupant des postes d’autorité de porter des symboles religieux. Vendredi, en marge du caucus de ses députés à Laval, M. Legault l’a encore défendu.
Il a dit qu’il était « erroné » de prétendre que la loi avait favorisé les préjugés.
« C’est une loi qui est raisonnable », a déclaré M. Legault en conférence de presse. C’est un compromis. Il y a des partis politiques qui ont proposé d’aller beaucoup plus loin que cela.
« Je pense que ça rejoint la volonté d’une majorité de Québécois, […] et pour moi, il est faux de dire que cela a un impact sur les gens qui choisissent de ne pas aimer les musulmans », a-t-il ajouté.
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