« Je ne vis que pour rembourser mes dettes ! » “, soupire Johnny de Souza Brandao, alors qu’il installe son stand où il vend des souvenirs aux touristes qui se promènent le long de la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro. Père de famille de 37 ans, il a trois emplois et travaille 16 heures par jour pour rembourser à crédit l’achat d’un micro-ondes de 200 reais (36 euros).
Après avoir perdu son emploi, cet ouvrier du bâtiment n’a pas pu rembourser la somme empruntée, qu’il avait étalée sur plusieurs mois. Très vite, le taux d’intérêt fait monter sa dette à 4 000 reais (730 euros), comme un “ une boule de neige “explique ce travailleur informel, désormais privé de carte bancaire par sa banque. “ Je dois demander à un ami de faire mes courses à ma place et je le rembourse petit à petit »Il regrette.
Comme Johnny de Souza Brandao, 40 % de la population brésilienne est incapable de payer ses dettes, selon les données du Service de protection du crédit (SPC). Au Brésil, les faibles revenus d’une grande partie des citoyens ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins, les obligeant à recourir au crédit – dont l’accès a été facilité sous les premiers mandats de Luiz Inacio Lula da Silva (de 2003 à 2006, puis de 2007 à 2010) – même pour les achats essentiels.
Depuis la pandémie de Covid-19, cette situation est devenue critique : la hausse du chômage a mis à rude épreuve le pouvoir d’achat, faisant passer le nombre de familles endettées de 63,6% en 2019 à 76,6% en 2023, d’après la Confédération nationale du commerce. Dans le même temps, la banque centrale a relevé le taux directeur, désormais fixé à 10,75 %, pour freiner l’inflation. Le taux d’intérêt pratiqué sur les crédits renouvelables a alors explosé, atteignant un taux annuel moyen de 440,8 % en 2023. » C’est impossible de rembourser ! », s’indigne Johnny de Souza Brandao.
Craignant que le surendettement n’entraîne un ralentissement de la consommation, le président Lula a lancé en juillet 2023 le programme « Desenrola » (« se détendre »), en partenariat avec 600 entreprises, dont les principales banques du pays. Celui-ci vise à renégocier les dettes impayées de plus de 70 millions de personnes survenues entre 2019 et 2022. » Nous sauverons au moins 72 % de la population endettée et lui permettreons de revenir sur le marché de la consommation », a promis l’ancien métallurgiste le 18 juillet 2023, lors de son émission hebdomadaire diffusée sur YouTube.
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