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au cœur du procès très tendu des viols de Mazan


jeIls ont comparu ce jeudi 19 septembre, après une énième journée de troubles la veille au tribunal d’Avignon (Vaucluse). Une demi-douzaine de pancartes blanches ont été placardées sur les portes vitrées à l’entrée et devant les salles d’audience, avec ce message en rouge : « Ceci est une enceinte judiciaire, merci de respecter la sérénité des débats. » Ces avertissements improvisés font suite à plusieurs incidents qui ont émaillé le procès du viol de Mazan, dont les enjeux passionnent les Français et dépassent nos frontières.

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La salle des Pas Perdus, où se rassemble un public toujours plus nombreux, prend des allures de petit théâtre quotidien. Les badauds venus assister au procès (souvent d’Avignon ou des environs) forment désormais une “garde du déshonneur”.

Ce sont en majorité des femmes, de tous âges, venues manifester leur indignation et soutenir la victime, Gisèle Pelicot. Derrière un cordon noir, elles guettent l’entrée et la sortie de la trentaine d’accusés qui comparaissent libres. Puis elles sortent leurs téléphones et les filment de près. Certaines images sont diffusées sur les réseaux sociaux. Un pseudo-journaliste, venu suivre les accusés et les filmer de près dans la rue, s’est vu refuser l’accès au tribunal.

Au tribunal, la sécurité obligée de s’organiser

Depuis plusieurs jours, ces accusés sont hués. Les confrontations tendues se déroulent sous le regard de cinq ou six policiers qui semblent peu habitués à gérer ce genre de situation. Si certains des accusés font profil bas, se cachant derrière des cagoules, des masques chirurgicaux ou d’épaisses lunettes de soleil, d’autres répondent aux provocations de vidéastes amateurs, au point de s’approcher dangereusement. « Je vais violer ta mère ! », ose répondre l’un d’eux à une femme qui l’interpelle, avant d’être corrigé in extremis par son avocat. Un autre, sous nos yeux, percute avec sa veste une caméra de BFMTV qui le filme.

Au cours de la deuxième semaine du procès, les avocats de la défense, par la voix de M.et Isabelle Crépin-Dehaene, a déploré les pressions subies par les accusés et leurs proches, pointant du doigt la responsabilité des « médias ». Oubliant, au passage, qu’aucun média n’a donné les noms complets des accusés (alors qu’ils en ont le droit). Il s’agissait en réalité d’une initiative d’un collectif féministe qui, le premier jour du procès, a pris une photo du rôle (liste publique des accusés et des charges affichée à l’entrée) et l’a diffusée sur les réseaux sociaux. Les médias, eux, ne rapportent qu’un quart de ce dont ils sont témoins, tant les faits sont innommables.

Pour éviter que les accusés ne soient malmenés, la sécurité du tribunal les fait désormais se ruer sur le côté de la salle, derrière des box bleus. A l’inverse, la victime, Gisèle Pelicot, flanquée de ses avocats, est systématiquement applaudie par le public. On lui offre même un bouquet de fleurs, et on lui murmure un “bravo” avec un regard compatissant. Elle sourit en retour.

Un spectacle quotidien auquel le tribunal d’Avignon ne s’attendait visiblement pas. « Nous rappelons le strict respect de la présomption d’innocence », ont insisté les responsables de l’organisation du procès, au début de la troisième semaine, dans la salle de diffusion. « Si nous avons de nouveaux incidents, nous serons obligés de revoir les conditions d’accès au procès. » Il a été convenu que les applaudissements seraient tolérés « avec respect ».

Le premier jour du procès, une dizaine de journalistes seulement se sont présentés aux portes du tribunal. Ils sont désormais plus d’une trentaine, de la presse locale à la presse internationale (allemande, américaine, espagnole, danoise, etc.), se bousculant toujours plus tôt le matin et à l’heure du déjeuner dans l’espoir d’obtenir une place dans la salle d’audience. Pour s’asseoir dans la salle de diffusion, il faut aussi prendre ses dispositions : une heure avant le début des audiences, rien ne garantit de pouvoir y entrer.

L’accusé à la machine à café

Le procès des viols de Mazan est exceptionnel dans la mesure où il y a un grand nombre d’accusés dans une salle dont on aimerait voir les murs extensibles. Une trentaine d’entre eux comparaissent librement. Ce qui, pour des faits aussi graves, n’est pas si courant. Ainsi, nous nous asseyons à côté d’eux. Ils prennent place à un mètre seulement des parties civiles. Dans la journée, dans le petit tribunal d’Avignon, nous les côtoyons à chaque suspension d’audience, à la machine à café, aux toilettes, ou dans les quelques cafés et restaurants à proximité. L’un de ces cafés est même devenu leur quartier général. Au début du procès, Gisèle Pelicot a été aperçue attendant à la boulangerie attenante avec, dans la file, un accusé devant, et un accusé derrière…

Cette configuration particulière a renforcé, en trois semaines, la cohésion des accusés. Ils ne se connaissaient sans doute pas avant l’audience et pourtant, ils forment désormais un groupe de plus en plus soudé. Unis à la fois dans leur défense – la plupart d’entre eux nient le viol – et unis contre Dominique Pelicot, qu’ils accusent de les avoir piégés.

Sur les bancs, on perçoit des gestes de connivence, des sourires complices, des discussions sur la meilleure défense à adopter. Même si la plupart suivent les débats avec respect et attention, il n’est pas rare d’en voir certains s’assoupir ou jeter un œil à leur téléphone. A la sortie du tribunal, deux d’entre eux se « checkent » mutuellement : « Allez, à demain ! » Comme s’ils sortaient d’une journée de travail. Certains auraient même pris un selfie en riant dans la salle d’audience pendant une pause, comme le note Le Figaro

Polémique après les stories Instagram

De l’autre côté, Gisèle Pelicot a été élevée au rang d’icône féministe. Louée sur les réseaux sociaux pour sa dignité et son courage, elle est devenue le symbole du combat des victimes de viol, d’autant plus qu’elle a insisté pour que ce procès soit public. Une publicité qui a été critiquée par certains avocats de la défense après la diffusion embarrassante de photos intimes de Gisèle Pelicot le 18 septembre dernier. Vu la pression qui régnait ce jour-là, en présence de 50 accusés et d’une dizaine d’avocats de la défense véhéments, on se demande à quoi aurait ressemblé l’audience si la presse n’avait pas été présente…

Une presse que les avocats de la défense ne veulent plus voir lors de la diffusion des vidéos des viols présumés de leurs clientes. Ce vendredi, le président du tribunal, Roger Arata, a finalement décidé d’accéder à leur requête et de priver d’accès les journalistes, très en colère.

Plusieurs de ces mêmes avocats de la défense se sont fait remarquer ces derniers jours pour des messages controversés sur les réseaux sociaux. Le premier, Met Isabelle Crépin-Dehaene pensait faire une blague à Nabilla, qui avait lancé une cagnotte pour Gisèle Pelicot. “Dommage. Elle aurait pu vendre ses seins en plastique”, a-t-elle écrit.

Le deuxième, Met Nadia El Bouroumi est une habituée de son compte Instagram aux 50 000 abonnés, où elle partage de courtes anecdotes judiciaires depuis sa voiture ou son bureau. C’est dans ce contexte qu’elle s’est filmée maladroitement sur la chanson “Wake Me Up, before You Go Go”, tout en défendant des accusés qui nient avoir violé une femme endormie… “Personne ne me muselera”, s’est-elle défendue… dans une nouvelle vidéo Instagram.


Anna

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