Au lendemain des Jeux paralympiques, l’engouement pour la boccia se heurte au principe de réalité

Les boules de cuir bleu et rouge ont frappé une à une le sol du mini-gymnase du centre d’hébergement Passeraile à Herblay-sur-Seine, dans le Val-d’Oise, mercredi 18 septembre. Dans ce centre d’accueil médicalisé où résident quarante-cinq adultes atteints de paralysie cérébrale – impliquant des raideurs musculaires et des difficultés à se déplacer –, le lieu est utilisé pour la pratique de sports, notamment de la boccia. La discipline, qui s’apparente à la pétanque et au curling, pratiqués dans certains établissements de santé, est accessible à tous les types de handicaps ; elle permet également d’améliorer la motricité et l’autonomie des personnes handicapées. Jusqu’alors quasi inconnue du grand public, elle a bénéficié d’un véritable coup de projecteur cet été, avec les Jeux paralympiques et le sacre historique d’Aurélie Aubert.

« Tu te rapproches. » « Non, sois plus détendu dans ton geste ! » Vincent Debieu s’adresse, à son tour, aux quatre pratiquants de la séance ce mercredi après-midi. L’éducateur spécialisé est l’entraîneur de l’association sportive Ailes V vous, qui bénéficie des installations du centre d’accueil. Lancée en 2015 par les résidents eux-mêmes désireux de développer une activité sportive et culturelle, l’association est devenue au fil des années un véritable club labellisé, où évoluent des sportifs de haut niveau, comme son président, David Pilon, champion de France en 2019, et Ivannh Mitory, sacré en 2019 et 2020 dans sa catégorie.

« Nous sommes l’un des seuls clubs d’Ile-de-France à disposer d’un terrain adapté à la pratique, avec les lignes spécifiques à la boccia.explique Vincent Debieu. Certains font des efforts considérables pour venir car il n’y a pas d’autre club à proximité. Si vous voulez jouer en compétition, c’est simple : il n’y en a qu’ici et dans les Yvelines, à Richebourg. On a commencé par des initiations, mais les performances des résidents ont fait que l’on a vite grandi en effectif.

Trois fois plus de demandes à l’échelle nationale

Depuis les Jeux Paralympiques de Paris, le club Ailes V a reçu de nombreuses demandes d’inscription. « C’est la première fois que j’ai autant de demandes en cette rentrée. J’ai reçu une dizaine de mails de personnes me demandant des informations et comment s’inscrire. Normalement, j’ai une demande par mois, et c’est tout. »Romain Chevillard fait partie de ces novices désireux de s’essayer à la discipline. Le jeune homme de 19 ans souffre d’ataxie télangiectasie, une maladie génétique qui entrave ses capacités motrices. « Je cherchais un club, mais certains sports étaient impossibles à pratiquer pour moi. J’ai vu lors des Jeux Paralympiques que c’était parfait pour mon handicap. Et puis, ça m’a beaucoup plu, il y a de la stratégie… », il dit.

Il vous reste 55.9% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.