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Au Soudan, la ville d’El-Fasher sous le feu meurtrier de la guerre

Il s’agit d’une nouvelle étape dans la descente aux enfers du Soudan franchie avec le siège de la capitale de la province du Nord Darfour (11 mai) par les Forces de soutien rapide (RSF) du général (dit Daglo) « Hemeti », faisant craindre d’énormes conséquences. risques d’atrocités de masse et d’assassinats ethniques ciblés, notamment contre les populations non arabes entassées dans cette ville surpeuplée de réfugiés (les RSF, qui ont succédé aux milices arabes Janjawid, sont accusées de nettoyage ethnique, notamment contre l’ethnie Masalit).

Plus de 800 000 civils menacés

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha) a alerté le 12 mai : tirs sur l’« arme lourde » a eu lieu contre la ville d’El-Fasher, menaçant les quelque 800 000 civils qui y avaient trouvé refuge. Dans cette capitale du Nord Darfour, au Soudan, la guerre entre l’armée soudanaise et les milices RSF devient meurtrière. Selon Tribune du Soudan, Des frappes aériennes et des armes lourdes ont pilonné la ville le 10 mai, du matin jusqu’à 18h30, marquant une escalade dramatique du conflit en cours.

Le titre soudanais décrit une ville où les combats à la périphérie ont fini par s’étendre au centre-ville, au marché principal et aux quartiers environnants, déclenchant des fuites et des déplacements massifs. « L’hôpital El-Fasher Sud, le principal établissement médical de la ville, est submergé de blessés. L’hôpital de 100 lits peine à faire face au manque d’ambulances, de fournitures et de médicaments. Malgré le cessez-le-feu, les habitants craignent une reprise des combats. » continue Tribune du Soudan.

A cette violence s’ajoute le drame des personnes déplacées qui ont trouvé refuge dans la ville, fuyant d’autres combats. « Plus de 40 600 personnes ont été déplacées dans la localité d’El-Fasher entre le 1er et le 18 avril en raison d’affrontements tribaux et de combats entre forces gouvernementales et rebelles. L’accès humanitaire à El-Fasher est sévèrement restreint, ce qui entrave l’acheminement de l’aide », détaille le titre soudanais.

Au Darfour, 9 millions de personnes sont confrontées à d’énormes besoins humanitaires, une situation exacerbée par le conflit prolongé et l’accès limité à l’aide.

Courrier international

La bataille engagée hier dimanche 12 mai par les RSF pour reprendre la ville aux forces loyalistes du général Al-Burhan (chef de l’armée soudanaise et chef de l’Etat de facto) pourrait en effet provoquer un désastre humanitaire. pire que celle de juin dernier (début des attaques contre la ville d’Al-Geneïna) dans cette ville d’El-Fasher et dans d’autres localités de la province (de juin à novembre 2023, la ville d’Al-Geneïna, à l’ouest du Darfour, a été le théâtre d’une épuration ethnique de la part des RSF), qui a révélé au monde entier l’horreur de cette guerre absurde au bilan terrible de 10 000 à 15 000 civils qui y ont combattu. été massacré.

L’inquiétude est d’autant plus grande que des combats à mort, rue par rue, ont été signalés jusqu’au centre de la capitale (Khartoum) qui abrite plus d’un million d’habitants et qui est la seule ville tenue jusqu’à présent. puis par l’armée loyaliste, (qui) dut se résoudre à renforcer ses positions et ses équipements au moyen de largages aériens.

Une bataille acharnée donc en perspective qui durera probablement des semaines, peut-être davantage, et qui transformera inévitablement El-Fasher en une ville meurtrière à ciel ouvert, à moins qu’une hypothétique cessation des hostilités n’intervienne dans les prochaines heures.

Impuissance internationale et cynisme des diplomates

Malheureusement, les protagonistes ne semblent pas emprunter le chemin, bien au contraire, puisqu’ils ont répondu à l’appel désespéré du secrétaire général des Nations unies à respecter leur obligation de protéger les civils en tirant à l’arme lourde dans plusieurs quartiers densément peuplés de la ville et sa zone périurbaine.

On se demande qui pourrait encore, dans ce chaos de corps et de cris, faire entendre raison à ces frères ennemis qui ont clairement décidé d’aller au bout de leur folie meurtrière et de leur détermination macabre à ne pas déposer les armes.

Le jeu difficile de la Russie

La Russie était considérée comme un allié solide et le principal fournisseur d’armes des Forces de soutien rapide (RSF). Mais Regard sur le Moyen-Orient affirme que Moscou protège ses intérêts stratégiques au Soudan, en fournissant également des armes aux Forces armées soudanaises (FAS) du général Al-Burhan, tout en continuant à soutenir les paramilitaires RSF du général Hemeti.

La Russie a jusqu’à présent affiché son soutien à RSF, qui lui a assuré un approvisionnement en or soudanais. Moscou, via le groupe paramilitaire Wagner, avait sécurisé les mines d’or soudanaises tout en soutenant les RSF. Mais, assure-toi Oeil du Moyen-Orient, il y a des signes que la Russie « se concentre désormais davantage sur ses relations avec Burhan et le gouvernement d’alignement militaire ».

Signe fort de ce rapprochement, lors d’un déplacement à Port-Soudan, ville dans laquelle l’armée soudanaise s’est repliée, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a clairement indiqué en arabe que c’est le Conseil de souveraineté du Soudan, contrôlé par l’armée, qui est véritablement le représente le peuple soudanais. Le ministre russe, qui conduisait une délégation composée d’officiers militaires, a également rencontré le général Al-Burhan, chef de facto de l’Etat soudanais, l’assurant du soutien russe.

Dans le même temps, le Tribune du Soudan a rapporté qu’au cours de ces discussions, la Russie a proposé aux forces armées soudanaises « une aide militaire qualitative et sans restriction ». Cette offre pourrait « impliquent une expertise spécialisée et, potentiellement, une présence russe au Soudan ». A Port-Soudan, la délégation russe a également discuté de la perspective d’une base navale russe sur la côte de la mer Rouge.

Courrier international

Personne, sommes-nous tentés de dire, surtout quand on voit que tous les cessez-le-feu laborieusement obtenus se sont littéralement effondrés, ouvrant une fois de plus la voie à des cohortes de combattants sans cervelle, de chars et d’hélicoptères rugissants, pour commettre des crimes. des attaques abominables contre des populations pauvres qui fuient désespérément vers les États limitrophes du Soudan.

Il ne faut surtout pas compter sur des diplomates au ventre plein qui n’ont pas su ou su empêcher d’autres pays avant le Soudan de sombrer et qui se contentent de parler au grand public alors qu’ils devraient plutôt taper du poing sur la table. être entendu par les protagonistes.

Et si la solution la plus possible à cette crise soudanaise était de laisser le pays se désintégrer sous les tirs croisés des généraux Al-Burhan et « Hemeti », jusqu’à ce que l’un d’eux l’emporte sur l’autre et décide de quitter le pouvoir après sa victoire à la Pyrrhus, au nom de réconciliation nationale ?

C’est peut-être un scénario cynique et improbable, mais des cendres du Soudan et de la conscience des dirigeants des grandes puissances, un nouvel ordre politique pourrait miraculeusement naître, pour le bonheur et la sécurité durable des Soudanais.

Celine

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