Au Soudan, l’économie dévastée par un an de conflit

La région de la Gezira est traditionnellement une zone de production cotonnière très rentable. Mais c’est surtout le grenier du pays. “ La guerre entrave considérablement la production céréalière, qui constitue normalement les deux tiers de celle consommée au Soudan, explique Anette Hoffmann, responsable de recherche pour le groupe de réflexion néerlandais Clingendael. Les combats en cours empêchent les agriculteurs des principales zones de production du Darfour, du Kordofan et de la Gezira de cultiver ou de récolter leurs récoltes. En conséquence, comme le montrent des données récentes de la FAO, la dernière récolte céréalière a été inférieure de 40 % à la moyenne nationale. »

Une baisse de la production qui a été compensée par une intense hausse des importations et donc des prix, Anette Hoffmann a également pu constater : « LLa crise actuelle est en grande partie financière, il y a encore de la nourriture, les stocks ne sont pas encore épuisés. »

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Une crise financière et pas de disponibilité

Huiles, oignons, lentilles et autres sont toujours disponibles sur les étals, mais à des prix exorbitants, que même les fonctionnaires qui ne perçoivent plus leur salaire ne peuvent se permettre. ” La production alimentaire a été dévastée, les approvisionnements en produits essentiels, tels que le sorgho et le mil, ayant chuté jusqu’à 50 % par rapport à l’année précédente.confirme Dominic MacSorley, ambassadeur humanitaire de l’ONG Concern. Et sur les marchés de Kadugli, dans le Kordofan méridional, le prix du blé a augmenté de 118 %. Les gens n’ont tout simplement plus les moyens de manger. »

Autre facteur aggravant : les régions sont isolées en raison de l’insécurité sur les routes et les barrages, les itinéraires d’approvisionnement ont dû être modifiés, entraînant des retards et des coûts supplémentaires. Les prix sur les marchés sont jusqu’à trois fois plus chers, estime l’ONG International Rescue Committee (IRC). Il faut aussi importer des produits transformés, car l’industrie locale a subi beaucoup de dégâts. C’est le cas des produits laitiers, comme le lait et les yaourts par exemple.

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La production locale ralentie, les usines détruites

” Nous avions une production locale. Aujourd’hui, la plupart de ces produits sont importés d’Arabie Saoudite ou d’Egypte.. Imaginez combien cela peut coûter ! », s’exclame Eatizaz Yousif, directeur de l’IRC au Soudan. Le problème est similaire pour les boissons non alcoolisées. ” Nous les produisons à grande échelle dans notre grande usine. Mais cette usine a été détruite. Nous dépendons donc totalement des importations », précise-t-elle. Une quantité de produits de base devenus très chers. ” Des prix auxquels il faut ajouter le coût des taxes. C’est vraiment massif, et un grand nombre de Soudanais ne peuvent plus acheter ces denrées alimentaires qui étaient des produits de base. », regrette-t-elle.

Avec un système bancaire onshore et une crise de liquidité, le directeur de l’IRC espère voir les institutions internationales injecter des liquidités dans l’économie soudanaise.