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Au Togo, la difficile rentrée scolaire des enfants ayant fui le terrorisme

Déterminés à poursuivre leur scolarité, interrompue par la menace terroriste, de nombreux élèves réfugiés (dans la région des Savanes, à l’extrême nord du Togo) ont réussi à trouver des places dans les écoles des localités d’accueil.

Mais après cette étape, ils doivent faire face à une réalité quotidienne parfois insupportable. Face à ces épreuves, certains rêvent de retourner sur leur terre natale. C’est le cas de Fataou T., qui confie : « Je veux retourner chez mon père. L’école ici est difficile. »

En provenance de Nadiagou (au sud-est du Burkina Faso) Avec sa mère, l’écolier de 14 ans était inscrit en deuxième année d’école primaire dans une école publique de Dapaong (dans le nord du Togo) en février 2023. Son enseignante le décrit comme un élève timide, facilement distrait et anxieux au moindre bruit.

Après avoir redoublé, Fataou est passée en classe supérieure cette année, mais s’inquiète pour la rentrée : « Je vis actuellement chez mon oncle maternel. Peu après notre arrivée, ma mère est retournée à Nadiagou pour récupérer quelques affaires. Les terroristes ont bloqué la zone et elle y est restée depuis. Mon père est resté à Fada (au Burkina Faso). Je n’ai toujours pas mes fournitures scolaires. »

Les violences au Burkina Faso poussent les populations vers les pays voisins. SOURCE : ACLED

Des conditions de vie précaires

Abou Z., 12 ans, a fui Kaongho avec sa petite sœur et ses parents en mars 2023. Après avoir vécu dans le village de Babigou (canton de Sam Naba), ils ont rejoint Dapaong au troisième trimestre de l’année scolaire. Encore sous le choc, Abou se souvient : « Après le premier passage des groupes armés dans notre village, les enseignants ont pris la fuite. Seul le directeur est resté. Quelques jours plus tard, ils sont revenus et ont ordonné aux villageois de quitter le village. »

Abou, malgré ces souvenirs douloureux, ira au collège cette année. Il rêve d’avoir un uniforme kaki comme les autres élèves et un cartable pour lui et sa sœur. Mais pour ses parents, un maçon et une couturière, les défis financiers sont immenses. Installée dans une petite chambre à la périphérie de la ville, la famille survit grâce à l’aide des voisins et des organisations humanitaires.

Selon les chiffres officiels, la ville de Dapaong a accueilli 4 579 déplacés internes et externes en mars. Si certains ont trouvé des familles d’accueil, d’autres, comme Fataou et sa famille, doivent se débrouiller seuls. Ils sont 24, dont 15 étudiants, à s’entasser dans la même cour. « Je n’arrive pas à apprendre mes cours ni à faire mes devoirs. Quand je prends mon cahier, d’autres enfants m’entourent et font du bruit. Il m’arrive souvent de ne plus retrouver certains de mes cahiers, qui se mélangent avec ceux de mes frères. Nous sommes neuf dans la même pièce. » dit Fataou.

Outre les conditions de logement précaires, l’accès aux ressources de base, comme la nourriture et les soins de santé, constitue un frein à la concentration et à la réussite scolaire de ces élèves déplacés. Certains doivent même travailler pour aider leurs parents à subvenir aux besoins quotidiens.

C’est le cas de Mourja, 13 ans, qui doit redoubler sa classe de CM2 cette année. Sa mère, en mauvaise santé, se sent en partie responsable de l’échec de sa fille : « Je vends soumbala (moutarde africaine, produite à partir de graines de néré), mais à cause de ma santé je ne peux plus parcourir de longues distances à pied. C’est donc elle qui la vend. Quand il n’y a plus de soumbala, elle aide une vendeuse de poissons au marché. Cela ne lui laisse pas assez de temps pour étudier, mais nous n’avons pas le choix », elle se lamente.

Traumatismes

Pour la plupart de ces élèves, dont les familles dépendent de l’aide humanitaire, le quotidien est un calvaire. Le traumatisme qu’ils ont vécu est encore présent dans leur mémoire. Certains d’entre eux ont besoin d’un soutien psychologique pour surmonter cette épreuve. De plus, les écoles qui accueillent un grand nombre d’élèves déplacés manquent de mobilier et d’infrastructures pour répondre à la demande croissante.

Le gouvernement togolais fait des efforts pour mieux encadrer les élèves. Dans des localités comme Sanfatoute, dans la commune de Tone 4, ou Koundjoare, dans la commune de Kpendjal 1, de nouvelles salles de classe ont été construites. Les cantines scolaires fournissent des repas chauds aux écoliers, mais la situation reste préoccupante.

Les étudiants déplacés victimes du terrorisme dans la région des Savanes vivent dans des réalités marquées par la précarité, les traumatismes et le manque de ressources. Malgré ces obstacles, leur détermination à poursuivre leurs études est admirable.

Anna

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