“Un seuil a Ă©tĂ© franchi dans cette guerre de l’ombre qui n’en est plus une”, selon Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratĂ©gique.
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Après l’attaque massive de l’Iran ce week-end contre IsraĂ«l, en reprĂ©sailles Ă une frappe contre le consulat iranien Ă Damas le 1er avril qui a tuĂ© sept membres des Gardiens de la RĂ©volution, l’Etat hĂ©breu “est obligĂ© de riposter”, estime mardi 16 avril sur franceinfo Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratĂ©gique (FRS). « Aucun État ne peut recevoir sur son territoire 300 missiles et drones, mĂŞme interceptĂ©s, sans rĂ©agir »dit le spĂ©cialiste.
“Un seuil a Ă©tĂ© franchi dans cette guerre de l’ombre qui n’en est plus une”, assure Bruno Tertrais puisque la RĂ©publique islamique s’est jusqu’ici abstenue d’attaquer IsraĂ«l de front. Si l’État hĂ©breu a annoncĂ© avoir interceptĂ©, avec l’aide des États-Unis et d’autres pays alliĂ©s dont la France et le Royaume-Uni, mais aussi la Jordanie et l’Arabie saoudite, la quasi-totalitĂ© des 350 drones et missiles lancĂ©s par l’Iran, l’armĂ©e israĂ©lienne “va riposter”, Le chef d’état-major de Tsahal, le gĂ©nĂ©ral Herzi Halevi, l’a promis lundi soir. “Je doute fortement d’une attaque massive et visible d’IsraĂ«l sur le territoire iranien. »a toutefois nuancĂ© Bruno Tertrais, pour qui l’État hĂ©breu “ne rĂ©agira pas nĂ©cessairement de manière visible et pas nĂ©cessairement sur le territoire iranien”.
Ennemis depuis la rĂ©volution iranienne de 1979, les deux pays Ă©taient habituĂ©s Ă s’affronter par l’intermĂ©diaire de tiers, comme le Hezbollah libanais et les rebelles yĂ©mĂ©nites Houthis, alliĂ©s de l’Iran. « Il y a toujours cette possibilitĂ© de reprĂ©sailles contre des acteurs iraniens alliĂ©s ou intermĂ©diaires mais je crois que cette fois, nous ne pourrons pas en rester là »il dit.
Les États-Unis ont appelĂ© Ă Ă©viter une escalade dans la rĂ©gion et ont averti qu’ils ne participeraient pas Ă une opĂ©ration de reprĂ©sailles. « L’AmĂ©rique essaie de retenir le bras d’IsraĂ«l, qui ne peut pas tout faire seul »souligne l’expert. « IsraĂ«l peut agir sans les États-Unis, mais il y a certaines choses qu’IsraĂ«l ne peut pas faire sans les États-Unis. »prĂ©vient Bruno Tertrais. « C’est la première fois dans l’histoire que les Etats-Unis participent directement Ă la dĂ©fense du territoire israĂ©lien, c’est quelque chose que les IsraĂ©liens ne veulent pas perdre.“, analyse-t-il.