Christophe Gatineau souhaite inscrire les vers de terre dans la loi, au même titre que les pollinisateurs par exemple, afin de les protéger notamment contre les pesticides.
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« Aujourd’hui, les vers de terre n’existent pas dans la loi »regrette Christophe Gatineau, agronome de Haute-Vienne, sur France Bleu Limousin, mardi 23 avril. Il a lancé lundi la « Ligue de protection des vers de terre », à l’occasion de la Journée de la Terre, pour protéger ces animaux essentiels à la chaîne alimentaire. «C’est l’aboutissement de huit années de travail»il explique, dans le but de “protéger l’habitat du ver de terre, et puisque son habitat provient de notre alimentation, c’est préserver notre nourriture et ceux qui la produisent”explique Christophe Gatineau.
Le ver de terre est “absolument indispensable à la fabrication de la terre”, assure l’agronome. “Par rapport au réchauffement climatique, par rapport à l’état du sol. C’est par les galeries qu’il peut creuser et cela permet à l’eau et à l’air de s’infiltrer. L’air est indispensable à la croissance des plantes, et l’eau bien sûr”décrit Christophe Gatineau. “Cela permet surtout à l’eau de s’infiltrer et de limiter les inondations, de limiter le ruissellement, car lorsque l’eau s’écoule des sols cultivés, elle emporte la terre et elle emporte cette ressource très rare sur la planète.” “Sans terre, il n’y a plus de nourriture”, il alerte.
Or, les vers de terre sont en danger là où on en a le plus besoin, prévient l’agronome, c’est-à-dire dans les sols cultivés. « Depuis l’arrivée de la chimie en agriculture, on constate une diminution des populations de vers de terre, ce qui pose une réelle inquiétude pour l’avenir de nos sols agricoles. »
Évaluer la « toxicité des pesticides »
Christophe Gatineau souhaite inscrire dans la loi la protection des vers de terre, au même titre que les pollinisateurs par exemple, pour “que nous pourrons ensuite évaluer la toxicité des pesticides et fournir cette information aux agriculteurs.” « La loi impose aux fabricants de tester leurs produits sur les pollinisateurs et les milieux aquatiques, mais pas sur les vers de terre »poursuit l’agronome. « Un agriculteur d’aujourd’hui qui a le choix entre un fongicide ou un herbicide ne peut pas choisir le moins toxique pour la vie de son sol. Il ne dispose pas de données car la loi ne l’y oblige pas.
Christophe Gatineau cite un fongicide “interdit en France en 2018, dont on savait par sa commercialisation en 2000 qu’il était mortel à 100% pour les vers de terre. Il a contribué à l’effondrement des populations. L’Anses avait lancé une alerte mais on n’a pas pu agir. C’est quand même un paradoxe, d’un côté nous avons des animaux essentiels et de l’autre ces animaux n’existent pas. conclut-il.