Aux Puces de Lille, on cherche l'”utile” et on trouve le coloré

Le marché aux puces de Lille a à peine commencé que des centaines de badauds se pressent entre les stands, en quête de « bonnes affaires » et surtout d’achats « utiles ». Ce qui n’empêche pas nombre d’entre eux de tomber sous le charme de décorations parfois dispensables, de fruits en faïence ou de trains miniatures.

Il est à peine 8h30, mais les allées du parc de la Citadelle, dont plusieurs zones sont réservées aux brocanteurs professionnels, sont déjà bondées de monde.

“C’est là qu’on fait les meilleures affaires”, sourit Jean-Louis Sobrie, 70 ans, vêtu d’un pull à capuche et d’une écharpe sombre pour affronter le froid matinal. Cet habitué ne compte pas traîner bien longtemps : dès 11h30, il compte “profiter des moules-frites (…), parce qu’après, ça coince”.

Venu avant tout pour des achats “utiles”, il est à la recherche d’une perle rare… une grappe de raisin en faïence, pour compléter un plat à fruits de la même matière qui orne son salon.

Le samedi matin est le créneau horaire des connaisseurs, qui veulent devancer les 2,5 millions de visiteurs attendus.

“Chacun voit l’utilité là où il veut la voir”, sourit Fabien Arevalo, le regard encore un peu lourd, tenant sous le bras une locomotive miniature en aluminium obtenue pour 30 euros, une pièce qui viendra compléter la décoration industrielle de sa maison.

Comme lui, de nombreux acheteurs souhaitent rester frugaux, après deux années de forte inflation. Ce que recherche Simon Baudens, 29 ans, c’est “une bonne affaire”. En l’occurrence, un saladier en provenance de Tunisie, un achat inattendu mais dont il se réjouit.

– Buste de Michael Jackson –

Venu d’Auvergne pour découvrir la vente, Jérémy Cubizolles anticipe des dépenses “pas très élevées” sur le week-end, et vient de négocier à l’euro près une figurine de Dobby, personnage d’Harry Potter, ce qui lui permet “d’anticiper les cadeaux de Noël”.

Gaëlle Girard, une Parisienne de 51 ans emmitouflée dans un foulard corail et plusieurs couches de vêtements, assure qu’il ne faut “pas partir avec une idée préconçue” sur les objets recherchés, mais elle a acheté des articles pratiques, notamment des sweat-shirts pour son fils et pour elle-même.

Les brocanteurs eux-mêmes semblent parfois miser sur l’incongruité plutôt que sur l’utilité. Un Christ en bronze branlant côtoie une statuette de coq aux couleurs criardes, non loin d’un buste représentant Michael Jackson dans ses dernières années. Un stand présente un renard empaillé rongeant un faisan, immortalisé dans un cri de douleur très expressif.

Des pièces qui peinent parfois à trouver preneur. Antonin Bourel, 22 ans, a installé à l’entrée de son stand un feu rétro de trois mètres de haut, en aluminium légèrement cabossé mais parfaitement fonctionnel. Vendu 400 euros, il a attiré l’attention vendredi matin, mais pas les négociations. Le brocanteur a reçu des instructions de son oncle, propriétaire du stand : sentir la tendance et, en conséquence, conseiller une réduction.

Car, si de nombreux chineurs finissent par craquer, l’inflation les rend timides. Claude Renou, qui a découvert la vente, a rapidement craqué pour une dizaine de capsules de champagne, lui qui en possède « entre 10 000 et 11 000 ». Une collection qui n’a « aucun intérêt », sourit-il, mais l’achat reste raisonnable : à 20 centimes la capsule, il n’a eu qu’à trouver une pièce de deux euros dans sa poche.

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