“Avant de parler, il s’agit de beaucoup écouter les enfants qui vont spontanément poser des questions”, explique un psychiatre.

L’unité médico-psychologique pour enfants de Souffelweyersheim restera ouverte pendant les vacances qui débutent vendredi soir à l’académie de Strasbourg. Dominique Mastelli, psychiatre, est responsable de cette cellule.

Pour tous les enfants qui “ont pu voir, vivre des choses, qui peuvent en être angoissés, se poser des questions“. Une cellule médico-psychologique sera “présent dans les différents établissements du quartier” au lendemain de l’agression de deux fillettes à Souffelweyersheim, jeudi 18 avril. Les enfants âgés de 7 et 11 ans ont été agressés au couteau devant leur école par un individu ayant des antécédents psychiatriques.

Les familles, les enseignants et les étudiants pourront “demander des consultations individuelles ou en petits groupes” pendant les vacances qui débutent vendredi soir à l’académie, a indiqué sur franceinfo Dominique Mastelli, psychiatre et responsable de cette cellule.

franceinfo : A qui s’adresse cette unité médico-psychologique ?

Ce sont des enfants qui ont vu, qui ont vécu des choses difficiles, qui peuvent les impacter, qui peuvent, à l’extrême, les traumatiser. Ils nécessitent une prise en charge, immédiate pour certains, pour être évalués, orientés vers les bons parcours de soins voire éventuellement revus. a postériori. C’est pourquoi après l’intervention immédiate, il y aura une intervention de suivi le lendemain, aussi longtemps que nécessaire.

Quel traumatisme cela peut-il provoquer chez les enfants, et peut-être aussi chez les parents ?

Ces enfants ont pu voir les choses se produire, s’en affliger, se poser des questions, chercher un sens à ce qui s’est passé, interroger leurs parents. Mais il peut aussi s’agir de parents inquiets, qui n’ont plus de nouvelles d’eux depuis un moment, qui ont peut-être craint quelque chose pour leur enfant… Ils ont besoin de l’accueillir dans de bonnes conditions pour le rassurer à son retour. à la maison, de les écouter, d’être vigilant et attentif à leur bon sommeil et de répondre à toutes leurs questions. Et s’ils ne peuvent pas réagir et sont en difficulté, ils viendront peut-être seuls ou avec leur enfant aux urgences médico-psychologiques.

Et comment parler avec les enfants ? Comment leur expliquer ?

Avant de parler, il faut beaucoup écouter, car les enfants poseront spontanément des questions. S’ils rencontrent un adulte ouvert à entendre ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont ressenti, ils le montreront. Ils l’exprimeront tantôt oralement, tantôt sous forme de dessins ou de jeux. L’important est que l’adulte soit ouvert et attentif, pour répondre aux questions en fonction de l’âge de chacun. Car évidemment un enfant qui est à l’école primaire, qui est plus âgé, posera les questions différemment, et nécessitera évidemment une explication de la part des parents, mais aussi des enseignants, de la fonction protectrice de l’école, de la police qui est intervenue, afin qu’ils puissent ensuite retourner à l’école en toute sécurité et sereinement.

Et comment détecter d’éventuelles séquelles chez les enfants ayant vécu ce type d’événement ?

Avant même de parler de séquelles, on parle d’abord de signes immédiats. Il existe des signes physiologiques qui montrent qu’un enfant sera anxieux, qu’il changera peut-être un peu son comportement, qu’il aura peut-être des difficultés à s’endormir la première nuit, qu’il fera à nouveau pipi au lit, c’est-à-dire qu’il mouille à nouveau son lit, ou d’autres signes qui peuvent être des points de remise et qui nécessitent une consultation médico-psychologique. C’est pourquoi nous mettons à disposition des supports aux enseignants, mais aussi aux parents, pour connaître les signes qui sont les réponses physiologiques des enfants au stress, mais aussi pour identifier les signes qui peuvent être des points d’appel et qui nécessitent une consultation.