Même pour un pays tempéré comme la France, l’eau redevient un enjeu central pour des sociétés de plus en plus bouleversées par le réchauffement climatique. Jeudi 18 avril, un an après la présentation d’un vaste plan sur le sujet par Emmanuel Macron, France Stratégie, service chargé de la prospective de Matignon, publie un document sur les enjeux de l’échantillonnage et de la consommation de cette ressource.
Ce travail, destiné à « clarifier les termes du débat » dans un « contexte actuel de tensions croissantes sur la disponibilité des ressources liées au changement climatique »précise les ordres de grandeur et apporte de nouveaux éclairages, par exemple sur l’impact des retraits du secteur énergétique, la progression de l’irrigation agricole pour produire des denrées exportées, ou encore l’augmentation des forages domestiques. « Anticiper les déséquilibres est crucial pour anticiper les conflits d’usage »» précise Cédric Audenis, commissaire général par intérim de France Stratégie.
Premier constat : si l’eau douce renouvelable semble abondante sur tout le territoire français (210 milliards de mètres cubes), elle est en diminution. Entre les périodes 1990-2001 et 2002-2018, le volume disponible a diminué de 14 % (– 33 milliards de mètres cubes). Les raisons en sont essentiellement la baisse des précipitations (– 31 milliards de mètres cubes) et l’augmentation de l’évapotranspiration favorisée par la hausse des températures.
Deuxièmement, cette profusion est relative, car elle n’empêche pas des tensions en été dans certaines régions du pays. « Cette agrégation à l’échelle nationale cache le fait que sur certains territoires, les prélèvements peuvent dépasser la ressource renouvelable »écrivent les auteurs. « Cette rareté contribue à l’augmentation des conflits d’usage au niveau local »résume Hélène Arambourou, du service développement durable et numérique de l’organisme, alors que de nombreuses communes ont récemment multiplié les arrêtés restreignant l’échantillonnage et la consommation, notamment en 2022, lors de plusieurs épisodes de sécheresse.
Refroidissement des centrales nucléaires
Entre 2012 et 2020, les prélèvements d’eau douce ont atteint en moyenne 31 milliards de mètres cubes. Ils étaient principalement destinés à l’énergie (47 %), aux canaux (18 %), aux usages domestiques (14 %) et à l’agriculture (11 %). Si une grande partie de cette ressource retourne au milieu naturel, c’est souvent de manière dégradée. « Les prélèvements d’eau sont parfois considérés à tort comme n’ayant aucun effet une fois l’eau restituée dans l’environnement. Toutefois, tout prélèvement, quelle que soit sa part non restituée, aura un effet sur les milieux aquatiques et les usages en aval. »prévient France Stratégie, qui cite le chauffage de l’eau utilisée dans les circuits de refroidissement des centrales nucléaires, 96 % de la ressource utilisée dans le secteur énergétique.
Il vous reste 58,6% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Même pour un pays tempéré comme la France, l’eau redevient un enjeu central pour des sociétés de plus en plus bouleversées par le réchauffement climatique. Jeudi 18 avril, un an après la présentation d’un vaste plan sur le sujet par Emmanuel Macron, France Stratégie, service chargé de la prospective de Matignon, publie un document sur les enjeux de l’échantillonnage et de la consommation de cette ressource.
Ce travail, destiné à « clarifier les termes du débat » dans un « contexte actuel de tensions croissantes sur la disponibilité des ressources liées au changement climatique »précise les ordres de grandeur et apporte de nouveaux éclairages, par exemple sur l’impact des retraits du secteur énergétique, la progression de l’irrigation agricole pour produire des denrées exportées, ou encore l’augmentation des forages domestiques. « Anticiper les déséquilibres est crucial pour anticiper les conflits d’usage »» précise Cédric Audenis, commissaire général par intérim de France Stratégie.
Premier constat : si l’eau douce renouvelable semble abondante sur tout le territoire français (210 milliards de mètres cubes), elle est en diminution. Entre les périodes 1990-2001 et 2002-2018, le volume disponible a diminué de 14 % (– 33 milliards de mètres cubes). Les raisons en sont essentiellement la baisse des précipitations (– 31 milliards de mètres cubes) et l’augmentation de l’évapotranspiration favorisée par la hausse des températures.
Deuxièmement, cette profusion est relative, car elle n’empêche pas des tensions en été dans certaines régions du pays. « Cette agrégation à l’échelle nationale cache le fait que sur certains territoires, les prélèvements peuvent dépasser la ressource renouvelable »écrivent les auteurs. « Cette rareté contribue à l’augmentation des conflits d’usage au niveau local »résume Hélène Arambourou, du service développement durable et numérique de l’organisme, alors que de nombreuses communes ont récemment multiplié les arrêtés restreignant l’échantillonnage et la consommation, notamment en 2022, lors de plusieurs épisodes de sécheresse.
Refroidissement des centrales nucléaires
Entre 2012 et 2020, les prélèvements d’eau douce ont atteint en moyenne 31 milliards de mètres cubes. Ils étaient principalement destinés à l’énergie (47 %), aux canaux (18 %), aux usages domestiques (14 %) et à l’agriculture (11 %). Si une grande partie de cette ressource retourne au milieu naturel, c’est souvent de manière dégradée. « Les prélèvements d’eau sont parfois considérés à tort comme n’ayant aucun effet une fois l’eau restituée dans l’environnement. Toutefois, tout prélèvement, quelle que soit sa part non restituée, aura un effet sur les milieux aquatiques et les usages en aval. »prévient France Stratégie, qui cite le chauffage de l’eau utilisée dans les circuits de refroidissement des centrales nucléaires, 96 % de la ressource utilisée dans le secteur énergétique.
Il vous reste 58,6% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.