La nouvelle présidente du musée Guimet, Yannick Lintz, l’a annoncé dès sa prise de fonction en novembre 2022 : l’établissement, qui abrite la plus grande collection d’art asiatique d’Europe, doit développer de nouvelles stratégies pour accueillir un public plus large et plus jeune que celui de habitués. Notamment en mettant en place des dispositifs permettant de rompre avec la visite « passive » où l’on vient admirer des œuvres en lisant des étiquettes.
L’exposition « Médicaments d’Asie. L’art de l’équilibre », illustre cet engagement, avec son propre titre pour attirer, au-delà des amateurs d’art, les adeptes du yoga, de l’acupuncture ou de la méditation. Dès la première salle, dont les murs ont été peints en couleur safran, le visiteur est invité à « vivre une expérience sensorielle » : projeté en flux continu, un flux de lumière vous enveloppe, symbolisant les énergies vitales – les méridiens – qui circulent dans le corps et dont l’équilibre est le principe fondamental de la médecine orientale. Plus loin, dans une pièce en forme d’alcôve plongée dans l’obscurité où trône une statue de Bouddha, vous serez convié à une pratique réputée bénéfique pour la santé, le contrôle du souffle par la méditation.
Mais le musée Guimet étant un établissement d’art, c’est surtout à travers des peintures, des sculptures, des estampes et des objets précieux, pour la plupart issus de ses collections, que le sujet de l’exposition est abordé. Il met en lumière les grands principes communs sur lesquels reposent les traditions médicales des trois aires géographiques et culturelles, où le soin et le sacré sont intimement liés.
trident de bronze
En Inde surtout, mais aussi en Chine et au Tibet, tout un panthéon de divinités est à la disposition du malade pour l’aider à soigner ses maladies de peau, ses problèmes digestifs, voire la variole : Mariyammai, l’une des plus importantes de l’Inde, est représenté sur un trident en bronze de la période Chola (Xe siècle) ; autre divinité, Daka, statuette creuse en cuivre et laiton doré (Népal, XVIe-XVIIe siècle) représenté la bouche ouverte, avalait la nourriture des malades pour la purifier avant qu’ils ne la consomment.

Un espace conçu comme une apothicairerie avec son armoire à pharmacie et ses bocaux remplis de plantes ou d’animaux séchés, illustre les différents types de soins pratiqués en médecine orientale, de l’acupuncture aux massages et techniques énergétiques (qi gong, tai chi, yoga).
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Lemonde Arts