Baisse drastique des températures : qu’est-ce qu’un déplacement polaire ?

Alors qu’un bref pic de chaleur a touché le sud en fin de semaine dernière, rapidement clôturé par de violents orages, un air très frais envahit désormais notre pays. Cet air froid, venu directement de l’Arctique, plongera même jusqu’au Maroc via la péninsule ibérique. Si cette situation est courante en hiver et au printemps, elle est atypique en juin, mais peut survenir ponctuellement, même au cœur de l’été.

L’air froid de l’Arctique



Le principe du décrochage polaire © La chaîne météo

Le terme « changement polaire » fait référence au détachement d’une masse d’air arctique qui plonge vers le sud. Cette situation peut se produire n’importe où, mais actuellement l’Europe occidentale est sur la voie de ces descentes d’air froid. A noter que lorsque l’air froid s’engouffre quelque part, l’air chaud monte ailleurs sous l’effet des vases communicants. Le moteur de ce mécanisme est le comportement de jet streamdont les ondulations provoquent le mouvement des masses d’air. Lorsque l’air froid atteint l’extrême sud, il provoque une forte baisse des températures. De même, le contraste des températures provoque une instabilité due à l’air froid présent en altitude, ce que l’on appelle un « goutte froide« .

Conséquences : baisse drastique des températures et averses

Ce type de temps est plus fréquent en hiver et au printemps, lorsque les masses d’air froid couvrent toute la zone polaire. Les décrochages se produisent plus facilement tant que le flux tourne vers le nord ou le nord-ouest. L’air, d’origine maritime, n’apporte pas de neige en plaine, sauf sous forme de neige fondue. En montagne, ce type de temps est propice aux averses de neige tardives à basse altitude.

Mais, en juin, l’air n’est plus assez froid pour apporter des averses de neige en plaine. Les averses tombent sous forme orageuse, et amènent de la neige sur nos montagnes, au-dessus de 2000 m d’altitude. Même en plein été, c’est possible. Le sentiment est donc frais et maussade, avec un vent du nord perceptible. Le conflit de masses d’air entre air froid et air chaud peut provoquer de violents orages, comme ce week-end dans le sud, accompagnés de grêle. Un basculement polaire est donc synonyme de météo dangereuse (tempêtes, grêle, froid et neige en montagne).

Un phénomène atypique en été

Ces dernières années ont été marquées par des mois de juin très chauds : on avait perdu l’habitude de ces bouffées de fraîcheur tardives. Les derniers juin similaires remontent à 2020, 2016 et 2013. Au cours des années 1980, plusieurs étés « pourris » s’étaient produits, avec des basculements polaires au cœur de l’été, au cours desquels la neige était tombée, parfois, jusqu’aux montagnes d’Auvergne, tandis que les côtes de la Manche souffraient du vent froid du nord-ouest. Or, même si ces situations sont plus rares, la variabilité naturelle du climat produit encore épisodiquement ce type de phénomènes météorologiques. Selon certaines études, le réchauffement climatique pourrait affecter le comportement du jet stream qui, en ondulant, provoque des vagues de froid ainsi que des coups de chaleur, ce qui est le cas actuellement. sur l’Europe.

Le basculement polaire est donc un phénomène météorologique plutôt habituel au printemps. En été, elle devient beaucoup plus rare (une fois tous les 5 à 8 ans en France) et provoque un temps très frais et maussade. De telles conditions météorologiques récurrentes conduisent à des « étés pourris ». Mais, selon nos prévisions à long terme, cette récidive devrait s’arrêter courant juillet avec la perspective d’un été qui devrait s’installer durablement dans notre pays. Pour ceux qui attendent la chaleur, il faudra être encore un peu patient, et que ces prévisions à si long terme se confirment.