Categories: Actualités locales

Barnier en a marre des « capricieux »


“C« Chaque personne est importante », aime à répéter depuis des années Michel Barnier, citant le regretté pape Benoît XVI. C’est aussi parce qu’il a ce souci de respecter tout le monde, dans son camp comme dans la Macronie, que la formation du gouvernement traîne en longueur, défend un de ses amis, là où la « start-up nation » avait fini par imposer l’idée que les ministres étaient interchangeables.

La newsletter politique

Tous les jeudis à 7h30

Recevez en avant-première les informations et analyses politiques de la rédaction du Point.

MERCI !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l’adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d’utilisation et notre politique de confidentialité.

Trop « Bisounours » – selon les mots d’un cadre LR – le Premier ministre, très attaché au respect et à la bienveillance ? Pur produit du « vieux monde » si poli où l’on faisait de la politique avec des gants blancs et un code d’honneur, le voilà qui redécouvre avec effroi les mœurs brutales d’une classe politique digne du IVet République. « Il ne mesure pas l’agressivité à laquelle il est confronté. Michel est quelqu’un de pragmatique, pas du tout mal intentionné. Après, je pense qu’il s’en fiche un peu des crises de colère, il n’est pas sous pression », décrypte un fidèle.

À LIRE AUSSI Alain Minc : « Le gouvernement Barnier est assis sur une bombe » Depuis des jours, l’hôte de Matignon est en effet la cible de peaux de banane et de petits jeux de pouvoir visant à lui tordre le bras. Il y a d’abord eu les vœux voraces des Républicains. Ce lundi, la délégation LR reçue à Matignon a demandé un tiers des ministères, rappelant que la droite pesait 47 députés et 131 sénateurs. C’est désormais au tour de Gabriel Attal et Gérald Darmanin de faire monter les enchères, jusqu’à l’absurde, en menaçant de ne pas soutenir un Premier ministre pourtant nommé par celui-là même qui les a faits : Emmanuel Macron. Il ne faut cependant pas prendre l’ancien négociateur du Brexit pour un imbécile. Abasourdi, selon ses proches, par ces « jeux de postures » et autres « caprices », Barnier a riposté ce mercredi en épinglant les « petites phrases » et en appelant chacun à « être responsable » face à une situation budgétaire « très grave ». Feu aux enfants gâtés et aux ambitieux !

Incendie dans la plaine

Ce mardi, le Premier ministre est resté sans voix en découvrant que Gérald Darmanin, reçu en tête-à-tête ce week-end à Matignon, avait divulgué une partie de leur échange en évoquant le supposé projet d’augmentation des impôts et en ajoutant qu’il n’était pas certain de soutenir un gouvernement qui porterait cette ligne. De quoi mettre le feu aux poudres dans la plaine et dissuader les macronistes d’embarquer sur le navire Barnier, la stabilité fiscale faisant partie de leurs fondamentaux. Le chef de l’Etat n’a-t-il pas attribué cet avertissement à son tandem avec son nouveau Premier ministre : « Je n’ai que deux lignes rouges, l’attractivité fiscale du pays et mon domaine réservé » ? Dans la soirée, Matignon a donc arrosé de pures « spéculations » sur la fiscalité. Et Barnier a apaisé les esprits sur ses intentions en rappelant, dans une déclaration à l’AFP ce mercredi, que la France était « déjà le pays où la pression fiscale est la plus élevée ». Reste qu’il avait clairement indiqué, sur TF1 le 6 septembre, qu’il n’excluait pas un geste de « justice fiscale ». Il aurait également évoqué auprès de ses récents interlocuteurs la possibilité d’un rétablissement temporaire de l’ISF ou d’une hausse de l’impôt sur les sociétés. L’idée d’un relèvement de la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu a également été évoquée, sans que rien ne soit décidé à ce stade.

Ce n’est pas une peau de banane que Gérald lance, c’est un seau de bananes !Un député de l’EPR

Quant à Gérald Darmanin, son attaque au vitriol a sans doute fini de acter ce qu’il pressentait depuis des jours : sa sortie plus que probable du gouvernement. « On a reçu le message », grogne un lieutenant du « PM » tout en rappelant que leur échange était « confidentiel » et qu’il était pour le moins discourtois de le signaler. La sortie de l’ex-ministre a d’ailleurs choqué au sein même du groupe EPR. « Ce n’est pas une peau de banane que Gérald balance à la ronde, c’est un seau de bananes ! », s’étrangle un membre du groupe. Tandis qu’un éminent macroniste s’étonne que Darmanin, pourtant héraut du « partage » et des classes populaires, rejette l’idée d’augmenter les impôts sur les plus riches. Les projets de Barnier étaient-ils vraiment la cause de sa colère ? « Darmanin s’est senti un peu maltraité », regrette un proche. CQFD.

Même constat pour le Premier ministre sortant, qui menace lui aussi de ne pas soutenir le gouvernement et exige d’être reçu en grande pompe ce mercredi matin. Un refus tout aussi net de Matignon, qui a reporté l’entretien sine die arguant qu’il n’était pas correct, au regard des autres partis et groupes reçus ces derniers jours, que Gabriel Attal se présente à la tête d’une délégation de huit personnes, alors qu’il y en avait trois au maximum. D’autant qu’aucun représentant macroniste du Sénat n’a été invité. Une manière pour Barnier d’indiquer à son prédécesseur que c’est désormais lui qui tient les rênes. “Attal peut menacer de ne pas soutenir le gouvernement mais Barnier a 73 ans, il n’a aucun enjeu personnel. S’il doit partir, il partira. En revanche, il faudra qu’ils expliquent tous aux Français pourquoi le gouvernement est tombé”, répète un “barniériste” alors que la France est sous surveillance marchande. Un autre proche du Premier ministre assure également que quelques beaux ministères ont été proposés aux macronistes, qui ne seraient donc pas sous-représentés dans le futur gouvernement, mais “pas forcément aux attalistes”… “On va faire un peu de judo”, sourit un proche de Barnier, rappelant que le Premier ministre a un peu d’expérience en matière de négociations.

“Pitbulls”

Ce serrage de vis dûment effectué, Michel Barnier va pouvoir s’atteler à parachever l’architecture de son gouvernement, promise pour cette semaine. Voire. « On est encore loin du compte », doute une source proche de Matignon, qui fait le pari que cela va durer. D’autant que le chef de l’Etat, qui laisse carte blanche à Barnier dans le choix des personnalités, a posé des règles du jeu claires, réitérées ce mardi lors d’un entretien à l’Élysée avant le déjeuner : qu’il se rapproche le plus possible d’un gouvernement d’union nationale et qu’il respecte les équilibres du Parlement. Traduction claire d’un stratège LR, familier des discussions : « Barnier a trop un prisme LR parce qu’il ne connaît que la droite, mais Matignon, l’Intérieur et Bercy pour LR, ça ne passera pas. » C’est là que se situerait le point d’achoppement. « On ne peut pas avoir gagné 4,8 % à la présidentielle et prétendre à tous les postes-clés », convient une figure de la droite. Quant au « domaine réservé », le président le suit de près et a ses propres noms. Ce mercredi, l’action de Sébastien Lecornu à La Défense était ainsi repartie à la hausse chez les bookmakers les plus avisés. Et « il y a un vrai effort pour aller chercher quelqu’un à gauche », conclut un visiteur du Premier ministre. Le nom du président de la HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique), Didier Migaud, issu du Parti socialiste, revient notamment avec insistance.

Enfin, les apprentis sorciers qui menacent de jeter le futur gouvernement sur les écueils auraient intérêt à se méfier. S’en prendre à Michel Barnier, c’est déboulonner une statue. Moins de deux semaines après sa nomination, le Premier ministre s’est déjà octroyé le titre de personnalité politique préférée des Français. Avec 57% d’opinions positives, il devance ses prédécesseurs Édouard Philippe (55%) et Gabriel Attal (54%), selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, il bénéficie de la clémence des Français, tous bords confondus. Pas question donc de toucher au butin. Reste que le Premier ministre ferait bien de se doter rapidement d’experts en contre-attaque et en armes à feu pour riposter pas à pas. Un de ses proches l’exhorte : « Il lui faut des pitbulls !


Anna

À chaque coup de stylo, créez des histoires captivantes. Découvrez des vérités cachées à la fois. 📝 🔍

Recent Posts

la liste des ministres présentée “avant dimanche” après des “vérifications”

Gouvernement Barnier : la liste des ministres présentée « avant dimanche » après des « vérifications »Bientôt la fumée blanche.…

1 minute ago

Victoire historique de Brest face au Sturm Graz pour son premier match européen

Sans aucun complexe, l'équipe bretonne a réussi son entrée en lice dans la compétition de C1 (2-1), jeudi, en dominant…

8 minutes ago

Vainqueur du Sturm Graz, Brest réussit ses débuts

Un petit exploit pour le club finistérien qui remporte le premier match de son histoire dans la reine des compétitions…

10 minutes ago

Ligue des Champions : Monaco bat Barcelone

Avec un avantage numérique pendant 80 minutes, le club de la Principauté a pu infliger sa première défaite de la…

18 minutes ago

Aux États-Unis, la baisse des taux pourrait renforcer l’optimisme des consommateurs avant les élections

Le sceau du Conseil des gouverneurs de la Fed à Washington, le 18 septembre 2024 (Mandel NGAN)La décision très attendue…

22 minutes ago

Revivez la victoire de Grenoble face à Dax en ouverture de la quatrième journée de Pro D2

Au Stade des Alpes, Grenoble, après avoir longtemps souffert, a finalement pris le dessus sur Dax (19-13). Victime d'un revers…

26 minutes ago