Pour lui, tout était art. Il l’a toujours proclamé. Particulièrement connu pour son écriture blanche sur fond noir, l’artiste Ben a été retrouvé mort à son domicile près de Nice ce mercredi 5 juin.
Publié
Temps de lecture : 3 minutes
« J’écris donc je suis », « question sans réponse ! “réinventer le monde”… Ces courts textes dessinés en lettres rondes sont connus bien au-delà du pays où ils sont nés. Exposés au Moma de New York et au Centre Pompidou à Paris, reproduits sur des stylos, des t-shirts et des trousses, ils ont fait de Ben un artiste incontournable et populaire. L’auteur de ces écrits, et de bien d’autres choses, est décédé mercredi 5 juin, a confirmé le parquet de Nice à France Bleu Azur. Ce décès survient quelques jours après celui de son épouse.
“Les premiers éléments indiquent une blessure par balle”, précise la directrice de cabinet du procureur de la République de Nice, Claire Ribero. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de son décès.
D’origine suisse, Benjamin Vautier dit Ben est né à Naples en 1935, a vécu enfant à Izmir en Turquie et à Alexandrie en Egypte avant d’arriver à l’âge de 14 ans à Nice où il s’est installé depuis. Autodidacte, le jeune homme fait son apprentissage dans une librairie, consulte des livres d’art, puis croise la route de grandes figures de la scène artistique contemporaine.
Au milieu des années 1950, la scène artistique niçoise est très vivante. Ben rencontre Yves Klein, Arman, Martial Raysse, avec qui il fonde alors l’école de Nice, école constituée géographiquement et non stylistiquement.
Le jeune artiste commence par imiter ce qui se passe à l’époque mais cherche très vite à développer quelque chose de caractéristique, des œuvres qui lui sont propres. Il commence par dessiner et peindre “bananes”, des formes phalliques simplifiées, et produit, sous l’impulsion d’Yves Klein, ses premiers écrits.
À l’époque, Ben avait un “magasin”, un magasin désormais mythique où il vendait des disques d’occasion pour gagner sa vie. Ce lieu est un rendez-vous artistique important où il expose et montre également d’autres artistes. Ses premières inscriptions sont présentées sur la façade.
Une des belles idées de Ben, dans la lignée des ready-made de Marcel Duchamp, c’est que “tout est art”, une toile retournée, un cadre d’où l’œuvre a disparu. Il réalise des sculptures avec ce qui traîne dans son atelier : pinceaux, rouleaux, objets divers.
Ben s’oppose à l’élitisme de l’art, veut que l’art se mêle à la vie. L’artiste a également fait de sa maison une œuvre d’art à part entière. Situé sur les hauteurs de Nice, l’immeuble dans lequel il vécut jusqu’à la fin de sa vie est couvert de ses créations.
Il fut un temps où, tous les soirs, Ben criait pendant deux minutes dans son magasin à 18h33. Car la performance est un aspect important de son travail : il fait très tôt sortir l’art dans la rue, à la rencontre du public. Dans les années 1970, Ben marchait sur la Promenade des Anglais, portant une pancarte autour du cou indiquant : “Regarde-moi, ça suffit.” : il se présente alors comme une œuvre d’art.
Si son travail a parfois une dimension égocentrique, Ben est aussi un artiste du doute, réfléchissant sur son travail et sur lui-même. Au cours de sa longue carrière, il a constamment recherché la nouveauté, sans jamais reculer devant la provocation et l’ironie. « L’art ne sert à rien, rentrez chez vous » dit-il, toujours sur fond noir, en 1971.
Pour lui, tout était art. Il l’a toujours proclamé. Particulièrement connu pour son écriture blanche sur fond noir, l’artiste Ben a été retrouvé mort à son domicile près de Nice ce mercredi 5 juin.
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« J’écris donc je suis », « question sans réponse ! “réinventer le monde”… Ces courts textes dessinés en lettres rondes sont connus bien au-delà du pays où ils sont nés. Exposés au Moma de New York et au Centre Pompidou à Paris, reproduits sur des stylos, des t-shirts et des trousses, ils ont fait de Ben un artiste incontournable et populaire. L’auteur de ces écrits, et de bien d’autres choses, est décédé mercredi 5 juin, a confirmé le parquet de Nice à France Bleu Azur. Ce décès survient quelques jours après celui de son épouse.
“Les premiers éléments indiquent une blessure par balle”, précise la directrice de cabinet du procureur de la République de Nice, Claire Ribero. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de son décès.
D’origine suisse, Benjamin Vautier dit Ben est né à Naples en 1935, a vécu enfant à Izmir en Turquie et à Alexandrie en Egypte avant d’arriver à l’âge de 14 ans à Nice où il s’est installé depuis. Autodidacte, le jeune homme fait son apprentissage dans une librairie, consulte des livres d’art, puis croise la route de grandes figures de la scène artistique contemporaine.
Au milieu des années 1950, la scène artistique niçoise est très vivante. Ben rencontre Yves Klein, Arman, Martial Raysse, avec qui il fonde alors l’école de Nice, école constituée géographiquement et non stylistiquement.
Le jeune artiste commence par imiter ce qui se passe à l’époque mais cherche très vite à développer quelque chose de caractéristique, des œuvres qui lui sont propres. Il commence par dessiner et peindre “bananes”, des formes phalliques simplifiées, et produit, sous l’impulsion d’Yves Klein, ses premiers écrits.
À l’époque, Ben avait un “magasin”, un magasin désormais mythique où il vendait des disques d’occasion pour gagner sa vie. Ce lieu est un rendez-vous artistique important où il expose et montre également d’autres artistes. Ses premières inscriptions sont présentées sur la façade.
Une des belles idées de Ben, dans la lignée des ready-made de Marcel Duchamp, c’est que “tout est art”, une toile retournée, un cadre d’où l’œuvre a disparu. Il réalise des sculptures avec ce qui traîne dans son atelier : pinceaux, rouleaux, objets divers.
Ben s’oppose à l’élitisme de l’art, veut que l’art se mêle à la vie. L’artiste a également fait de sa maison une œuvre d’art à part entière. Situé sur les hauteurs de Nice, l’immeuble dans lequel il vécut jusqu’à la fin de sa vie est couvert de ses créations.
Il fut un temps où, tous les soirs, Ben criait pendant deux minutes dans son magasin à 18h33. Car la performance est un aspect important de son travail : il fait très tôt sortir l’art dans la rue, à la rencontre du public. Dans les années 1970, Ben marchait sur la Promenade des Anglais, portant une pancarte autour du cou indiquant : “Regarde-moi, ça suffit.” : il se présente alors comme une œuvre d’art.
Si son travail a parfois une dimension égocentrique, Ben est aussi un artiste du doute, réfléchissant sur son travail et sur lui-même. Au cours de sa longue carrière, il a constamment recherché la nouveauté, sans jamais reculer devant la provocation et l’ironie. « L’art ne sert à rien, rentrez chez vous » dit-il, toujours sur fond noir, en 1971.