Le chef du parti de l’Unité nationale a accusé le Premier ministre d’avoir “empêche une véritable victoire” à Gaza alors que quatre otages israéliens ont été libérés samedi.
Correspondant à Jérusalem (Israël)
C’est samedi soir que Benny Gantz devait prendre la parole pour annoncer sa démission du Cabinet de Guerre. L’annonce de la libération de quatre otages samedi l’a amené à reporter sa conférence de presse à dimanche soir. Mais il a confirmé sa décision “ complexe et douloureux » rompre les rangs avec Benjamin Netanyahu, qu’il accusait “ pour empêcher une vraie victoire » à Gaza autant “ les considérations politiques font obstacle aux décisions stratégiques ».
Benny Gantz est le chef du parti Unité nationale, en tête des sondages depuis des mois. Bien qu’opposant à Benjamin Netanyahu, il a accepté de rejoindre le Cabinet de guerre, fondé après le 7 octobre. Il y a siégé aux côtés d’une autre figure de l’opposition, Gadi Eisenkot. Les désaccords entre ces hommes et Benjamin Netanyahu étaient notoires. Courant mai, ils ont poussé Benny Gantz à menacer de quitter le Cabinet de Guerre si une série de problèmes n’étaient pas résolus avant le 8 juin. Samedi soir, le Premier ministre a demandé à son rival de rester malgré tout au sein de sa coalition.
Lire aussiIsraël : le père d’un ex-otage meurt « de chagrin » la veille de la libération de son fils
Mais le fait est que les six questions soulevées par Benny Gantz attendent toujours une solution. Il y a d’abord le retour des otages, auquel il attache plus d’importance que le “ victoire contre le Hamas », favorisé par l’aile extrémiste de la coalition de Benyamin Netanyahou. Il y a aussi la question de l’après-guerre et celle de la mise en place d’une alternative politique au Hamas dans la bande de Gaza ; celui du retour de 60 000 Israéliens évacués du nord du pays, où la situation est de plus en plus tendue ; celui d’une éventuelle normalisation avec l’Arabie Saoudite et, enfin, l’éternel problème de la conscription des ultraorthodoxes.
Sujets d’actualité
Autant de sujets brûlants. “ En quittant le gouvernement sur ces six points, Benny Gantz pose les éléments structurant sa vision de la politique étrangère d’Israël. Cela lui permettra de créer une fracture avec Benyamin Netanyahu. Il veut incarner une position centrale en le restituant à son alliance faustienne avec Ben Gvir et Smotrich »analyse David Khalfa, de la Fondation Jean Jaurès.
En fait, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, chef du parti nationaliste de droite Force juive, “ requis » Dimanche pour entrer au cabinet de guerre israélien après la démission de Benny Gantz.
Avec sa démission, Benny Gantz devient le chef de l’opposition, prenant ce rôle à la place de Yair Lapid, ancien premier ministre et chef du parti Yesh Atid, qui avait refusé de rejoindre le gouvernement de crise. L’objectif de Benny Gantz devrait être de précipiter les élections – le mandat de Benjamin Netanyahu court jusqu’à l’automne 2026.
Privé de cette présence relativement modérée au sein de son gouvernement, Benjamin Netanyahu est condamné à gouverner uniquement avec ses premiers alliés, à savoir deux partis ultra-orthodoxes et deux partis religieux sionistes. Il ne risque pas de perdre sa majorité à la Knesset. Mais les positions radicales de ces partisans encombrants pourraient le plonger dans une impasse. Pour les ultraorthodoxes, il n’est pas question de renoncer à l’exemption du service militaire dont bénéficient les “ étudiants en torah “. Pour Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, la guerre dans la bande de Gaza est avant tout une opportunité pour vider ce territoire de sa population palestinienne et y établir des colonies israéliennes.
Humiliation pour le Hamas
Alors que le pays est plongé dans une crise qui semble chaque jour plus profonde, la libération de quatre otages obtenue samedi grâce à une opération militaire audacieuse a été accueillie avec une grande joie en Israël, mais ne résout pas les problèmes cruciaux auxquels l’État hébreu est confronté.
Cette victoire a été obtenue au prix d’un lourd bilan humain : selon le ministère de la Santé du Hamas dans la bande de Gaza, 274 morts et 698 blessés, “ dont certains sont dans un état critique. » Le nombre très élevé de victimes palestiniennes s’explique en partie par le fait que le raid s’est déroulé en plein jour, dans un quartier commerçant du camp de réfugiés de Nuseirat. Un lieu dans lequel l’armée israélienne n’était pas encore intervenue et dont la population a augmenté depuis l’évacuation de la ville de Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza.
Les images relayées sur les réseaux sociaux par les Palestiniens présents sur place montrent l’intensité de l’attaque. La situation a redoublé lorsqu’un camion banalisé est tombé en panne au milieu du camp de réfugiés, avec à son bord trois otages récemment libérés et des membres des forces spéciales israéliennes confrontés aux combattants du Hamas affluant de tous côtés. Côté israélien, un officier a été tué lors de l’opération.
Israël excelle toujours dans les opérations héroïques et percutantes
L’armée israélienne avait besoin de ce succès. Après huit mois de guerre dans la bande de Gaza suite à son incapacité à empêcher l’attentat terroriste du 7 octobre, son image s’est considérablement dégradée dans la société israélienne. Analyste chez Maarivjournal de centre-droit, Ben Caspit est heureux de voir qu’Israël “ excelle toujours dans les opérations percutantes et héroïques ». Mais il déplore aussi que le pays “ est beaucoup moins bon pour la stratégie à long terme ». Une allusion au flou des objectifs militaires fixés par Benjamin Netanyahu : outre la libération des otages, le “ démantèlement du Hamas ». Une mission qui ressemble de plus en plus à un défi pour l’armée israélienne, qui semble condamnée à tourner en rond dans la bande de Gaza. “ Quand il n’y a pas d’objectif clair, il n’y a pas de victoire, c’est aussi simple que ça »conclut le commentateur.
Lire aussiNoa, Almog, Andrey et Shlomi : qui sont les quatre otages israéliens libérés du Hamas ?
La libération de ces quatre otages est une humiliation pour le Hamas, frappé au cœur des rares territoires qu’il contrôle encore dans la bande de Gaza. Dimanche, il a annoncé la mort de trois otages israéliens lors de l’opération Nuseirat. Mohammed Marsaoui, un haut responsable du mouvement, dénonce “ un massacre commis avec l’aide des Etats-Unis » et promet, de manière menaçante, que “ la résistance prendra des mesures qui auront des conséquences sur la vie des otages » toujours aux mains du mouvement islamiste. Il en reste 120, dont une quarantaine seraient décédés. La question est de savoir quelles conséquences l’opération Nuseirat aura sur les négociations pour leur libération. Le mouvement islamiste serait en train d’évaluer une proposition israélienne. Quelles sont ses intentions ? “ Cette opération ne changera pas le prix qu’Israël devra payer »» a lancé un autre leader du mouvement.
Le chef du parti de l’Unité nationale a accusé le Premier ministre d’avoir “empêche une véritable victoire” à Gaza alors que quatre otages israéliens ont été libérés samedi.
Correspondant à Jérusalem (Israël)
C’est samedi soir que Benny Gantz devait prendre la parole pour annoncer sa démission du Cabinet de Guerre. L’annonce de la libération de quatre otages samedi l’a amené à reporter sa conférence de presse à dimanche soir. Mais il a confirmé sa décision “ complexe et douloureux » rompre les rangs avec Benjamin Netanyahu, qu’il accusait “ pour empêcher une vraie victoire » à Gaza autant “ les considérations politiques font obstacle aux décisions stratégiques ».
Benny Gantz est le chef du parti Unité nationale, en tête des sondages depuis des mois. Bien qu’opposant à Benjamin Netanyahu, il a accepté de rejoindre le Cabinet de guerre, fondé après le 7 octobre. Il y a siégé aux côtés d’une autre figure de l’opposition, Gadi Eisenkot. Les désaccords entre ces hommes et Benjamin Netanyahu étaient notoires. Courant mai, ils ont poussé Benny Gantz à menacer de quitter le Cabinet de Guerre si une série de problèmes n’étaient pas résolus avant le 8 juin. Samedi soir, le Premier ministre a demandé à son rival de rester malgré tout au sein de sa coalition.
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Mais le fait est que les six questions soulevées par Benny Gantz attendent toujours une solution. Il y a d’abord le retour des otages, auquel il attache plus d’importance que le “ victoire contre le Hamas », favorisé par l’aile extrémiste de la coalition de Benyamin Netanyahou. Il y a aussi la question de l’après-guerre et celle de la mise en place d’une alternative politique au Hamas dans la bande de Gaza ; celui du retour de 60 000 Israéliens évacués du nord du pays, où la situation est de plus en plus tendue ; celui d’une éventuelle normalisation avec l’Arabie Saoudite et, enfin, l’éternel problème de la conscription des ultraorthodoxes.
Sujets d’actualité
Autant de sujets brûlants. “ En quittant le gouvernement sur ces six points, Benny Gantz pose les éléments structurant sa vision de la politique étrangère d’Israël. Cela lui permettra de créer une fracture avec Benyamin Netanyahu. Il veut incarner une position centrale en le restituant à son alliance faustienne avec Ben Gvir et Smotrich »analyse David Khalfa, de la Fondation Jean Jaurès.
En fait, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, chef du parti nationaliste de droite Force juive, “ requis » Dimanche pour entrer au cabinet de guerre israélien après la démission de Benny Gantz.
Avec sa démission, Benny Gantz devient le chef de l’opposition, prenant ce rôle à la place de Yair Lapid, ancien premier ministre et chef du parti Yesh Atid, qui avait refusé de rejoindre le gouvernement de crise. L’objectif de Benny Gantz devrait être de précipiter les élections – le mandat de Benjamin Netanyahu court jusqu’à l’automne 2026.
Privé de cette présence relativement modérée au sein de son gouvernement, Benjamin Netanyahu est condamné à gouverner uniquement avec ses premiers alliés, à savoir deux partis ultra-orthodoxes et deux partis religieux sionistes. Il ne risque pas de perdre sa majorité à la Knesset. Mais les positions radicales de ces partisans encombrants pourraient le plonger dans une impasse. Pour les ultraorthodoxes, il n’est pas question de renoncer à l’exemption du service militaire dont bénéficient les “ étudiants en torah “. Pour Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, la guerre dans la bande de Gaza est avant tout une opportunité pour vider ce territoire de sa population palestinienne et y établir des colonies israéliennes.
Humiliation pour le Hamas
Alors que le pays est plongé dans une crise qui semble chaque jour plus profonde, la libération de quatre otages obtenue samedi grâce à une opération militaire audacieuse a été accueillie avec une grande joie en Israël, mais ne résout pas les problèmes cruciaux auxquels l’État hébreu est confronté.
Cette victoire a été obtenue au prix d’un lourd bilan humain : selon le ministère de la Santé du Hamas dans la bande de Gaza, 274 morts et 698 blessés, “ dont certains sont dans un état critique. » Le nombre très élevé de victimes palestiniennes s’explique en partie par le fait que le raid s’est déroulé en plein jour, dans un quartier commerçant du camp de réfugiés de Nuseirat. Un lieu dans lequel l’armée israélienne n’était pas encore intervenue et dont la population a augmenté depuis l’évacuation de la ville de Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza.
Les images relayées sur les réseaux sociaux par les Palestiniens présents sur place montrent l’intensité de l’attaque. La situation a redoublé lorsqu’un camion banalisé est tombé en panne au milieu du camp de réfugiés, avec à son bord trois otages récemment libérés et des membres des forces spéciales israéliennes confrontés aux combattants du Hamas affluant de tous côtés. Côté israélien, un officier a été tué lors de l’opération.
Israël excelle toujours dans les opérations héroïques et percutantes
L’armée israélienne avait besoin de ce succès. Après huit mois de guerre dans la bande de Gaza suite à son incapacité à empêcher l’attentat terroriste du 7 octobre, son image s’est considérablement dégradée dans la société israélienne. Analyste chez Maarivjournal de centre-droit, Ben Caspit est heureux de voir qu’Israël “ excelle toujours dans les opérations percutantes et héroïques ». Mais il déplore aussi que le pays “ est beaucoup moins bon pour la stratégie à long terme ». Une allusion au flou des objectifs militaires fixés par Benjamin Netanyahu : outre la libération des otages, le “ démantèlement du Hamas ». Une mission qui ressemble de plus en plus à un défi pour l’armée israélienne, qui semble condamnée à tourner en rond dans la bande de Gaza. “ Quand il n’y a pas d’objectif clair, il n’y a pas de victoire, c’est aussi simple que ça »conclut le commentateur.
Lire aussiNoa, Almog, Andrey et Shlomi : qui sont les quatre otages israéliens libérés du Hamas ?
La libération de ces quatre otages est une humiliation pour le Hamas, frappé au cœur des rares territoires qu’il contrôle encore dans la bande de Gaza. Dimanche, il a annoncé la mort de trois otages israéliens lors de l’opération Nuseirat. Mohammed Marsaoui, un haut responsable du mouvement, dénonce “ un massacre commis avec l’aide des Etats-Unis » et promet, de manière menaçante, que “ la résistance prendra des mesures qui auront des conséquences sur la vie des otages » toujours aux mains du mouvement islamiste. Il en reste 120, dont une quarantaine seraient décédés. La question est de savoir quelles conséquences l’opération Nuseirat aura sur les négociations pour leur libération. Le mouvement islamiste serait en train d’évaluer une proposition israélienne. Quelles sont ses intentions ? “ Cette opération ne changera pas le prix qu’Israël devra payer »» a lancé un autre leader du mouvement.