LLe pape ira en prison. Ce jour-là, une folle rumeur courait à Venise. En prison, oui, pour visiter le pavillon que le Saint-Siège inaugure à la Biennale d’Art. A participation exceptionnelle (seulement trois fois depuis 1895), lieu exceptionnel : c’est la prison pour femmes, toujours en activité, sur l’île de la Giudecca, qui a été choisie, sur proposition de Bruno Racine, chargé de cette délicate mission par l’émissaire du Vatican. . Le cardinal-poète portugais José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère de la Culture et de l’Éducation, est venu personnellement retrouver dans la Sérénissime, en septembre dernier, le directeur du Palazzo Grassi et de la Punta della Dogana (les deux hauts lieux de l’art contemporain en Venise par François Pinault, propriétaire du Indiquer). « Le Pape considère les artistes comme la conscience critique de la société. Il veut rétablir un dialogue rompu entre eux et l’Église, confie Bruno Racine, co-commissaire du pavillon avec Chiara Parisi. Il sait aussi qu’avec leur langage, leur indépendance, ils peuvent contribuer à faire avancer des causes qui lui sont chères, comme la défense des plus démunis. »
Une grande fresque peinte sur la façade de l’église de cet ancien couvent annonce la couleur : noir et blanc pour deux pieds gigantesques offrant leurs semelles démesurées comme celles du personnage peint par Mantegna pour La Lamentation sur le Christ mort, à laquelle fait référence l’artiste Maurizio Cattelan. Entrez (…) Lire la suite