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bienvenue dans la « Ligue des Paradoxes » !

Ce mercredi, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) a publié son rapport sur les finances des 40 clubs professionnels pour la saison 2022/2023. Si sur le terrain vert, la situation de notre football s’améliore sensiblement, on ne peut pas en dire autant sur le plan comptable. Comme (trop) souvent, la clé pourrait bien passer par les droits TV… si bien que ces résultats ne restent qu’un épiphénomène.

En cumulé, le chiffre d’affaires 2023 de tous les clubs de Ligue 1 a (enfin) dépassé la barre 2,4 milliards d’euros, soit le montant qu’ils auraient dû générer en 2020 si Mediapro avait pu honorer ses engagements. Le problème est que le mantra du management semble être : « gagner plus pour dépenser plus ». En effet, ils ont consacré 76% de leurs revenus à la seule enveloppe dédiée aux salaires (1,8 milliard d’euros). Il n’est donc pas surprenant que le résultat net total soit négatif : -273 millions d’euros, soit -11%. Pire, 4 clubs dont 3 de nos représentants en Europe avaient une masse salariale supérieure ou égale à leur chiffre d’affaires. Il est donc logique que les résultats des opérations hors transferts soient dégradés au point d’être comparables aux droits TV nationaux : -656 millions d’eurossoit -27% du chiffre d’affaires total.

Face à une telle dérive comptable, 3 solutions s’offrent aux clubs : soit se qualifier et performer en Coupe d’Europe, si possible pour la lucrative Ligue des Champions ; soit vendre des joueurs, le plus cher possible… ce que permet une éventuelle voie européenne ; ou enfin, faire appel à son ou ses actionnaires, pour autant qu’ils disposent de ressources financières suffisantes pour assumer de telles pertes. Malheureusement, la campagne européenne de nos clubs a été décevante sur le plan sportif et donc économique : éliminations en 8e de C1 pour le PSG (101,3 M€ versés), en phase de groupes pour l’OM (51,5 M€), en 16e de la Ligue Europa pour l’AS Monaco (18,3 M€), de même pour le Stade Rennais (11,4 M€) ainsi que le FC Nantes (9,9 M€), sans oublier le déplacement en ¼ de Ligue Europa Conférence de l’OGC Nice (8,8 millions d’euros). Au total, l’UEFA ne pèse que 8,3% (201,2 millions d’euros) de l’économie de la Ligue 1.

Tableau représentant le rapport des dépenses du mercato estival.
Observatoire du Sport Business, LFP, SBI Barcelone

Quant au levier « mercato », la « Ligue des talents » s’est transformée en « Ligue des acheteurs » : 900 millions d’euros lors du mercato estival, soit plus que la Bundesliga, la Serie A et la Liga. Quant au mercato hivernal, si 80 joueurs quittaient la France pour 101,05 M€, 60 ont rejoint notre championnat pour 198,3 M€. Une fois n’est pas coutume, le club qui a le plus dépensé a été l’OL de John Textor, qui a débloqué 55,88 M€ pour se relancer dans la course à l’Europe. A ce jour, l’ensemble de l’effectif de L1 est valorisé à 3,72 milliards d’euros, soit 600 M€ de moins qu’à la fin de la saison dernière.

Du côté des actionnaires, la tendance est désormais au « retrait ». L’acquisition par INEOS d’une participation de 27,7% dans Manchester United jette le doute sur l’implication du groupe dans l’OGC Nice. Toujours sur la Côte, Dmitry Rybolovlev s’est officiellement déclaré vendeur de l’AS Monaco. Et que dire de la situation des Girondins Bordeaux, club historique de notre championnat dont le « pronostic vital » semble chaque jour un peu plus compromis, faute d’avoir un propriétaire capable de financer son retour dans l’élite.

Symbole d’une forme de déclassement dans un monde où les projets de multipropriété se multiplient, les rachats de l’ESTAC, du RC Strasbourg et du Toulouse FC tendraient à confirmer le statut d’un championnat de « fournisseurs de talents » d’autant plus de candidats à la finale. victoire des jeux européens.

Le paradoxe de la situation est qu’à l’heure où ces 3 leviers ne semblent pas pouvoir jouer en faveur de nos clubs, ils sont (enfin) performants en Europe. La semaine dernière, nous avions encore un club impliqué dans chacune des coupes UEFA. On ne peut qu’espérer que l’OM et le PSG franchiront le cap des ½ finales et augmenteront ainsi la part « Europe » dans le chiffre d’affaires 2024, consolideront la place de la France dans l’indice UEFA et qui sait, relanceront l’intérêt des diffuseurs pour les droits TV de notre bien-aimée Ligue 1.

Fleur

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