ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok, a annoncé jeudi 26 avril qu’elle n’avait pas l’intention de vendre son application, malgré une nouvelle loi américaine qui lui impose de couper tout lien avec la Chine pour ne pas être bannie des Etats-Unis.
TikTok est dans le collimateur des autorités américaines depuis plusieurs années, qui estiment que l’application de vidéos courtes permet au gouvernement chinois d’espionner et de manipuler les citoyens américains. Son propriétaire, le groupe privé ByteDance, créé à Pékin, conteste farouchement ces allégations. Au centre des craintes se trouve une loi chinoise de 2017 qui oblige les entreprises locales à transmettre, sur demande des autorités, des données personnelles pouvant concerner la sécurité nationale.
Le Sénat américain a adopté mardi un texte, promulgué le lendemain par le président Joe Biden, qui oblige ByteDance à vendre TikTok sous peine d’exclusion des magasins d’applications Apple et Google sur le territoire américain.
Malgré la pression, ByteDance n’a pas l’intention de céder. « Les informations de la presse étrangère selon lesquelles ByteDance envisagerait de vendre TikTok sont fausses »a affirmé le groupe sur Jinri Toutiao, une autre application qui lui appartient, ajoutant qu’elle ne « compter(a) Je ne vends pas TikTok. « Nous continuerons à nous battre pour vos droits devant les tribunaux. Les faits et la Constitution sont de notre côté et nous espérons l’emporter. »a assuré à ses abonnés le patron de TikTok, Shou Zi Chew, un Singapourien.
« Méthodes de voyous »
TikTok, qui a connu une croissance spectaculaire pendant la pandémie, compte 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis. Sa valeur est difficile à estimer, notamment dans le cas d’une vente forcée. En 2020, ByteDance avait fixé son prix à 60 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg, alors que le gouvernement de Donald Trump voulait – déjà – contraindre le groupe à se séparer. Meta, la maison mère d’Instagram, ou encore le géant américain Google, seraient probablement empêchés d’acheter l’application pour des raisons de concurrence.
L’ancien secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a déclaré le mois dernier qu’il souhaitait réunir un groupe d’investisseurs pour acheter TikTok. Une vente se heurterait toutefois à l’opposition des autorités chinoises, qui ont fustigé le mois dernier le « méthodes de voyous » du Sénat des États-Unis.
En 2020, le ministère chinois de la Défense a modifié sa liste de technologies soumises à des restrictions ou interdictions d’exportation. La liste comprend notamment les technologies d’intelligence artificielle (traitement des données, recommandation de contenus, etc.) qui ont fait le succès de TikTok, où les vidéos sont affichées sur les écrans des utilisateurs principalement en fonction de leurs goûts.
ByteDance compte plusieurs investisseurs internationaux, dont les sociétés américaines General Atlantic et SIG mais aussi le groupe japonais SoftBank. » Si (l’application TikTok) était exclu aux États-Unis, nous ne le vendrions pas »a assuré le mois dernier un autre investisseur, Mitchell Green, du fonds américain Lead Edge Capital, à la chaîne CNBC.