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Cadeaux offerts aux élus | De bienvenu à moins bienvenu

En tout temps et dans la plupart des cultures, il est courant d’offrir des cadeaux aux élus. Cette pratique, de plus en plus mal vue par les députés eux-mêmes, est encadrée depuis plus de dix ans par le Code de déontologie de l’Assemblée nationale. Des normes strictes qui ont entraîné un changement de culture, constate une étude québécoise inédite sur le sujet. Et qui nous rappelle que certains cadeaux peuvent parfois être… surprenants.

Posté à 9h00

Hugo Pilon Larose

Hugo Pilon Larose
La presse

De quoi parle-t-on

En 2010, les parlementaires québécois ont adopté à l’unanimité le Code d’éthique et de déontologie, sous la responsabilité d’un commissaire indépendant, qui a parallèlement établi un registre public des cadeaux offerts aux élus. Les députés doivent déclarer tous les cadeaux de plus de 200 $ qui sont rendus publics, ainsi que ceux qu’ils refusent (mais ces cadeaux non désirés restent confidentiels).

Un peu plus de dix ans après la création du registre, les politologues Steve Jacob et Éric Montigny, de l’Université Laval, font une incursion au cœur de ce sujet qui fascine – et qui éveille inévitablement la curiosité – en publiant Ce n’est pas un cadeau ! Plongée au cœur de l’éthique parlementaire. Avant la mise en place du Code, les députés géraient leurs dons « en famille », pour le meilleur ou pour le pire. Les nouvelles règles ont cependant profondément changé les mentalités, ont constaté les chercheurs à travers des entretiens avec des députés retraités et contemporains de l’Assemblée nationale.

Oh non, un cadeau !

Scrutés de près par la population et les médias, les élus craignent d’accepter un cadeau qui pourrait compromettre leur intégrité. Or, notent les politologues, les cadeaux offerts aux élus reposent sur de bonnes intentions « dans la grande majorité des cas ».

« Ces marques d’attention ou d’affection sont notamment destinées à encourager un élu ou à le remercier de s’être déplacé. D’autres cadeaux sont des questions de bienséance et de protocole, comme les cadeaux échangés avec des homologues étrangers », écrivent-ils.

Les chercheurs vont encore plus loin : « les cadeaux font désormais peur » !

« Parmi les députés siégeant actuellement à l’Assemblée nationale, ils sont même deux sur trois à considérer comme illégitime l’accueil de cadeaux en politique. La grande majorité des députés (85%) vont jusqu’à considérer cela comme un risque. Lorsqu’on pose la même question aux anciens élus, cette proportion s’inverse. Ils sont deux sur trois à trouver légitime l’accueil de cadeaux », précisent MM. Jacob et Montigny.

Portrait composite de l’élu gâté

  • Un homme ;
  • qui représente une circonscription urbaine ;
  • qui a servi deux mandats ou plus ;
  • qui est ministre;
  • qui détient également la responsabilité d’une région;
  • qui a un ministère client (plutôt qu’un ministère qui passe les marchés publics).

Qui offre le plus de cadeaux ?

En entretien avec La presse, Steve Jacob explique que 144 députés ont déclaré depuis 2012 avoir reçu un cadeau d’une valeur égale ou supérieure à 200 $. Depuis la création du registre, les principaux donateurs dont les dons sont déclarés par les élus sont majoritairement issus du monde des arts. C’est d’abord l’ADISQ, qui représente l’industrie de la musique, la Fondation du Musée des beaux-arts de Montréal et le Cirque du Soleil.

« Dès que l’ADISQ, ou un grand festival, offre des cadeaux à un élu, il franchit le seuil [des 200 $]tandis que d’autres organisations peuvent également offrir des cadeaux, mais de moindre valeur », explique le politologue pour expliquer la raison pour laquelle le secteur culturel est davantage mentionné dans le registre.

Des cadeaux pour tous les goûts

Au fil des entretiens avec les élus, Steve Jacob s’est étonné des exemples de cadeaux refusés au fil des ans. Un donateur a par exemple proposé à un député de déposer une enveloppe brune sur son lit dans sa chambre d’hôtel pour couvrir les frais d’un voyage. Un autre a même reçu une livraison non désirée d’un kilo de cannabis, gracieuseté des Hells Angels.

Mais la plupart des cadeaux offerts aux élus sont des marques de reconnaissance, notamment lorsqu’ils visitent les régions. Et le coin de Québec qui se démarque par sa générosité, c’est le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

D’hier à aujourd’hui

Steve Jacob et Éric Montigny notent que la création d’un poste de commissaire à l’éthique et à la déontologie a profondément changé la culture politique québécoise en matière de cadeaux offerts aux élus.

« Maintenant qu’une personne non élue peut intervenir et proposer des sanctions contre les membres de l’Assemblée nationale, il devient plus difficile de laver son linge sale en famille », expliquent-ils.

L’époque pas si lointaine où les entreprises québécoises se spécialisaient « dans l’envoi de cadeaux aux élus afin de faciliter l’accès aux décideurs publics » est donc révolue.

« Peut-être que des pratiques plus discutables existaient autrefois, alors qu’aujourd’hui, on sent que les élus sont beaucoup plus prudents, beaucoup plus réticents même à accepter des cadeaux », conclut M. Jacob.


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