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Cartier, Seigneur des Anneaux


1924 : naissance d’un iconoclaste

CONTRECe sont trois cercles d’apparence simple, arrondis à l’extérieur et lisses à l’intérieur. Mais leur alchimie esthétique, la façon dont ils s’emboîtent et glissent sur le doigt en font la quintessence d’un bijou universel, intemporel et indémodable. Pour apprécier le caractère révolutionnaire de ce design imaginé par Louis Cartier en 1924 pour accompagner (déjà) les femmes et les hommes en toutes occasions, il convient de rappeler qu’à l’époque Cartier était le roi des joailliers mais surtout le joaillier des rois, réputé pour ses pierres précieuses d’exception, ses bijoux volumineux et son art du sertissage sans égal. L’apparition de ces bagues dénuées d’ornement, volontairement plus ludiques que précieuses, montre à quel point Louis Cartier était un esthète libre et dans l’air du temps.

1925 : légende urbaine

La légende est tenace, peut-être parce que le talent prolifique de ce créateur l’y prédisposait… Mais ce n’est pas Jean Cocteau qui a conçu la bague Trinity de Cartier. Il a néanmoins marqué de son empreinte cette icône du bijou du XXème siècle.e siècle en affichant ostensiblement à son petit doigt non pas une, mais deux bagues achetées chez un joaillier parisien. La mort de Raymond Radiguet, fin 1923, laisse le poète désespéré, découragé et en proie aux démons de l’opium. L’exposition inattendue de ce duo de joailliers semble donc forcément faire écho à un amour perdu. On dit que la bague a été faite pour lui. Il n’en est rien : cette pièce, déclinée en triple bracelet, a été portée la même année par la célèbre décoratrice d’intérieur Elsie de Wolfe, confirmant qu’il ne s’agissait ni d’une commande spéciale ni d’une pièce unique. .

1950 : étoile de 7e art

Gary Cooper, Grace Kelly, Alain Delon, Romy Schneider… En ville comme à l’écran ou sur le tapis rouge du Festival de Cannes, les bagues saturniennes captivent des générations de personnalités, qui amplifient l’aura du modèle. 1967 marque l’avènement d’une célèbre variation mêlant non pas trois mais sept anneaux. L’année suivante, la jeunesse furieuse jette des pierres sur les atours du vieux monde. Les bagues Cartier en ressortent indemnes. La maison elle-même a beau avoir sorti deux autres succès, les bracelets Love et Juste un clou, dessinés par Aldo Cipullo en 1969 et 1971, rien ne vient ternir l’éclat des trois bagues.LIRE AUSSI Cartier explore son sixième sens

1997 : baptême

Même si elles ont souvent été désignées ainsi, les trois bagues Cartier n’ont été officiellement nommées Trinity qu’en 1997. Ce nom évoque bien entendu la désignation de Dieu en trois entités – Père, Fils et Saint-Esprit – distinctes, égales et consubstantielles. de nature indivisible. Mais, au-delà de la théologie chrétienne, sa symbolique exprime une totalité en relation avec les trois dimensions du temps – passé, présent, futur –, ou encore avec l’amour, la famille et l’amitié. Des valeurs fortes et universelles qui lui permettent de transcender les époques. Dès lors, les déclinaisons se multiplient – ​​pavées de diamants, ciselée dans la céramique, réhaussées de taches façon panthère… – mais l’idée principale de trois anneaux qui n’en forment qu’une demeure.

2022 : Chitose Abe

Comme Cocteau, Chitose Abe, créatrice de la marque japonaise Sacai, mise sur une appropriation radicale de la collection Trinity en 2022. Dans une déconstruction virtuose des célèbres bagues en or blanc, rose et jaune, elle invente de nouveaux portés. Les anneaux s’étirent, colonisent plusieurs doigts et se transforment en une seule boucle d’oreille aux usages multiples ; ils s’enroulent autour du cou ou encerclent les poignets, liés mais dénoués. Le lien est aussi évident que le résultat est surprenant.

2024 : centenaire

Comment réinventer un classique, comment laisser son empreinte sans dénaturer l’icône de la maison ? Marie-Laure Cérède, directrice de création, reconnaît volontiers la difficulté du défi. C’est en privilégiant l’approche d’un sculpteur plutôt que d’un joaillier qu’elle attaque doucement sa forme, pétrissant et comprimant la matière jusqu’à obtenir un coussin. Le défi était alors de trouver des proportions qui ne nuisaient pas au confort ni à l’entrelacement ludique des anneaux. Deux ans et cinquante tests de résine plus tard, le résultat est surprenant. A partir de 2 340 €, la belle centenaire est plus jeune que jamais.


Anna

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