MĂ©langer le monde de l’immobilier avec celui de l’art, l’idĂ©e n’est pas si folle. Depuis près de 10 ans, la charte « 1 bâtiment, 1 Ĺ“uvre » du ministère de la Culture permet aux promoteurs d’acquĂ©rir des Ĺ“uvres puis de les installer dans leurs projets. Mais le jeune dĂ©veloppeur Four Stones a choisi d’aller plus loin en crĂ©ant sa propre dĂ©marche baptisĂ©e « Art 4 all » et destinĂ©e Ă s’appliquer Ă tous ses projets. « Nous avons voulu lancer quelque chose qui nous ressemble, qui donne du sens Ă nos projets avec une forte valeur sociale et sociĂ©tale »explique Olivier Douville, co-fondateur de Four Stones.
Pour la première crĂ©ation de cette entreprise crĂ©Ă©e il y a deux ans, un petit immeuble de 26 logements Ă Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise), le projet tournait autour de la photographie d’art. « Le concept s’articule autour d’un triptyque, souligne Olivier Douville, crĂ©er de l’art dès le dĂ©but du programme, avoir une approche la plus participative possible en impliquant le plus grand nombre et enfin, une dimension caritative.
Chantiers ouverts
C’est ainsi que trois photographes aux profils très diffĂ©rents ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s pour illustrer chacun en 5 photos dont un portrait une Ă©tape clĂ© du projet immobilier : le gros oeuvre, les derniers travaux et la livraison. « L’idĂ©e Ă©tait de dĂ©cloisonner le site, souvent perçu comme gris, fermĂ©, cachĂ© derrière de grandes barrières »prĂ©cise Olivier Douville. Et pour ĂŞtre guidĂ©s dans cette dĂ©marche, les promoteurs ont fait appel aux services de la compagnie Bail arts. Cette structure, crĂ©Ă©e Ă l’origine pour accompagner les TPE et PME dans l’acquisition d’Ĺ“uvres d’art, s’adresse dĂ©sormais aux entreprises de toutes tailles et leur permet Ă©galement d’utiliser l’art pour rĂ©pondre Ă des besoins de ResponsabilitĂ© sociĂ©tale de l’entreprise ou de qualitĂ© de vie au travail.
« Grâce Ă nos contacts avec 300 galeries et plusieurs milliers d’artistes nous avons pu trouver ceux qui correspondent le mieux Ă ce projet mais avec Ă chaque fois un parcours, une notation et un cĹ“ur de mĂ©tier très diffĂ©rents »explique Victoria Meunier de Bail Arts. Chaque photographe s’est ainsi plongĂ© un jour dans une phase du chantier. Alexia BĂ©nassy a ouvert le bal pour illustrer le gros oeuvre, elle qui est autodidacte, exerçant notamment sa passion du noir et blanc parallèlement Ă son mĂ©tier de mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. De son cĂ´tĂ©, Thierry BouĂ«t est un photographe connu et reconnu qui fut notamment directeur artistique des studios Harcourt et qui immortalisa la phase du deuxième ouvrage.
Des bureaux contre la précarité
Quant Ă Alessandro Clemenza, c’est une Ă©toile montante italienne qui pratique principalement la photographie de cinĂ©ma. Il est venu en dernier pour les photos de la livraison. « Cette immersion d’une journĂ©e pour chaque photographe a permis d’Ă©tablir un dialogue riche entre des mondes qui se connaissent très peu », souligne Victoria Meunier. Et puis, la discussion a pu se poursuivre et s’Ă©largir avec la publication de ces photos sur les rĂ©seaux sociaux. Quant au dernier acte de cette aventure, il se dĂ©roulera au Quai de la Photo, cet espace d’exposition flottant parisien dĂ©diĂ© Ă la photographie contemporaine, oĂą se tiendra une exposition suivie d’une vente caritative le 10 octobre.
Pour boucler la boucle immobilière, les bĂ©nĂ©fices de cette vente seront entièrement reversĂ©s Ă une association, Bureaux du cĹ“ur, choisie par Four Stones. « Nous voulions une association qui lutte contre le mal-logement, explique Olivier Douville, mais aussi une petite structure plutĂ´t jeune pour laquelle notre aide pourrait avoir un rĂ©el impact. Et nous avons Ă©tĂ© sĂ©duits par cette dĂ©marche insolite qui pousse les entreprises Ă mettre Ă disposition une partie de leurs locaux la nuit pour venir en aide aux personnes en grande prĂ©caritĂ©.» Tout en espĂ©rant que les enchères s’envoleront pour cette sĂ©rie de 15 photos, le promoteur compte acheter lui-mĂŞme une ou deux de ces photos afin qu’elles puissent rester dans la rĂ©sidence oĂą elles sont nĂ©es. Et dĂ©jĂ un nouveau projet artistique se prĂ©pare pour un futur projet. Qui sait, peut-ĂŞtre que cela tournera autour du théâtre cette fois-ci ?