Ce quartier du Pas-de-Calais, touché par les inondations, va disparaître

Nous sommes des déplacés climatiques» : à Blendecques (62), une des communes du Pas-de-Calais les plus touchées par les dernières inondations, un lotissement d’une dizaine de maisons va disparaître. Les maisons seront achetées par l’Etat puis rasées, car celui-ci ne peut garantir la sécurité des habitants.

Vingt-huit ans qu’Yvette Dhaneus, 82 ans, vit dans sa jolie maison individuelle au fond de l’impasse Roger Salengro. Volets en bois, jardin fleuri, chants d’oiseaux… un “petit paradis», décrit-elle sur le pas de sa porte, d’où l’on entend l’Aa couler le long de son jardin. C’est son mari maçon qui l’a construite dans les années 1980, comme toutes les maisons du quartier. “C’est usé !“, elle dit.

L’ancienne coiffeuse a vécu toute sa vie dans cette commune de 5 000 habitants, sa fille habite la première maison du lotissement, son fils de l’autre côté de l’Aa, la rivière qui a débordé lors des crues. Pour l’octogénaire, l’une des seules personnes encore habitant le quartier, partir est un déchirement. “Quand j’atteindrai ma vieillesse, je serai expulsé», soupire-t-elle, sous son grand parapluie.

Près de 900 maisons inondées

Ce quartier, difficile à protéger du fait de sa situation entre deux bras de l’Aa, présente également “un intérêt hydraulique» à déconstruire pour «retrouver la fonction de zone naturelle d’expansion des crues», explique la préfecture du Pas-de-Calais. Dix victimes de l’impasse ont donc déposé une demande de rachat auprès de l’État via le fonds Barnier, un système qui finance l’indemnisation des expropriations de biens exposés à un risque naturel majeur.

D’autres zones du département, vulnérables aux pluies et inondations extrêmes, dont la fréquence et l’intensité augmentent avec le réchauffement climatique, pourraient être concernées par ce type de procédure, notamment la ville voisine d’Arques. Le printemps 2024 a été le quatrième plus humide jamais enregistré en France, a indiqué lundi Météo-France. Le nord de la France a subi à l’automne une vague de précipitations sans précédent, entraînant des épisodes pluvieux quasi continus et des inondations exceptionnelles dans plusieurs bassins. En janvier, il se remet à pleuvoir sur un sol saturé et Blendecques est de nouveau sous l’eau. “Près de 40 rues ont été inondées et près de 900 maisons, une catastrophe», se souvient Jean-Christophe Castelain, adjoint au maire.


Attention, rue très dangereuse, inondations à répétition», peut-on lire sur une porte de garage.
Crédit photo : DENIS CHARLET/AFP
Par endroits, l’eau est montée de 1,30 m. Crédit photo : DENIS CHARLET/AFP

Dans l’impasse Salengro «ci-dessous“, qui est un “péninsule“, “c’était comme une baignoire», décrit Vincent Maquignon, habitant du quartier. “La première crue, le 6 novembre, on a pris 60 centimètres, cinq jours plus tard 1m20, puis 1m30 en janvier”, poursuit-il, sous une pluie fine et continue devant son pavillon de briques rouges. Près de six mois plus tard, les rez-de-chaussée des maisons du quartier sont vides, les murs noircis par la moisissure, les sols endommagés. “Attention, rue très dangereuse, inondations à répétition», peut-on lire sur une porte de garage.

Les dégâts de ces inondations dans les Hauts-de-France ont été estimés en janvier à au moins 640 millions d’euros par la Caisse centrale de réassurance. La majorité des habitants ont depuis été relogés provisoirement, mais continuent de venir régulièrement, ouvrir les volets, aérer, tondre la pelouse, « faire vivre » leur quartier adoré. “On ne part pas avec la joie du cœur“, mais “pour être en sécurité», raconte Vincent Maquignon, 52 ans. “Nous sommes des réfugiés climatiques.»

Le terrain deviendra inconstructible

C’est un “Sécurité humaine” Et “financier“, « 17 ans que j’ai du mal au travail pour payer cette maison», qui ne vaudrait plus rien sans le fonds Barnier, déplore Laurie Ghillebaert, 46 ans, venue comme chaque matin allumer sa cheminée. Avec le fonds Barnier, « nous avons la chance de pouvoir atteindre le seuil de rentabilité», se console M. Maquignon, selon qui les maisons ont été estimées au prix avant inondation entre 200 000 et 260 000 euros par les experts et l’Etat.

Comme ses voisins, il recherche désormais un logement sur les hauteurs »,loin de l’eau, c’est la priorité“. La communauté urbaine du Pays de Saint-Omer (Caspo), qui copilote le projet avec l’Etat, gérera la démolition et la restauration des terrains qui deviendront inconstructibles, selon la préfecture. Les premières démolitions pourraient être envisagées avant la fin de l’année.

Elise

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