Il est 16h30 à Yangon. La chaleur accablante s’est calmée juste assez pour nous permettre de sortir et de faire du sport. Je quitte mon appartement et dévale l’escalier sombre. En l’absence d’électricité, je me guide uniquement par la lumière d’un rayon de soleil qui filtre par la porte d’entrée, trois étages plus bas.
Je remonte la rue au trot, au milieu du rugissement des générateurs qui inondent la ville de leurs vapeurs toxiques. Ils tournent chaque jour des heures durant, pour approvisionner les salons de thé musulmans, les magasins d’informatique, les salons de coiffure. Mais le prix exorbitant de l’essence pèse lourdement sur les revenus des commerçants. Quand j’ai emménagé ici, il n’y avait pas de mendiants dans cette rue. Aujourd’hui, on croise des femmes assises à côté de voitures garées, un bras serré autour de leurs enfants endormis, l’autre désespérément tendu vers les passants.
C’est le numéro 158e fois que j’ai bouclé cette boucle de dix kilomètres depuis début 2020. Au fil des mois, j’ai vu la ville se transformer sous l’effet des bouleversements politiques. J’ai arpenté les rues désertes pendant la pandémie, j’ai slalomé entre les barricades de manifestants durant les semaines qui ont suivi le putsch de février 2021. Depuis que la police et l’armée ont resserré leur emprise sur la ville, je navigue entre les clôtures rouillées qui défendent le quartier général fortifié de la junte.
Sous mes pieds, l’asphalte est frais. J’arrive au coin de la rue Anawrahta et de la rue Pansodan, où la foule en liesse s’était rassemblée trois fois.
Il est 16h30 à Yangon. La chaleur accablante s’est calmée juste assez pour nous permettre de sortir et de faire du sport. Je quitte mon appartement et dévale l’escalier sombre. En l’absence d’électricité, je me guide uniquement par la lumière d’un rayon de soleil qui filtre par la porte d’entrée, trois étages plus bas.
Je remonte la rue au trot, au milieu du rugissement des générateurs qui inondent la ville de leurs vapeurs toxiques. Ils tournent chaque jour des heures durant, pour approvisionner les salons de thé musulmans, les magasins d’informatique, les salons de coiffure. Mais le prix exorbitant de l’essence pèse lourdement sur les revenus des commerçants. Quand j’ai emménagé ici, il n’y avait pas de mendiants dans cette rue. Aujourd’hui, on croise des femmes assises à côté de voitures garées, un bras serré autour de leurs enfants endormis, l’autre désespérément tendu vers les passants.
C’est le numéro 158e fois que j’ai bouclé cette boucle de dix kilomètres depuis début 2020. Au fil des mois, j’ai vu la ville se transformer sous l’effet des bouleversements politiques. J’ai arpenté les rues désertes pendant la pandémie, j’ai slalomé entre les barricades de manifestants durant les semaines qui ont suivi le putsch de février 2021. Depuis que la police et l’armée ont resserré leur emprise sur la ville, je navigue entre les clôtures rouillées qui défendent le quartier général fortifié de la junte.
Sous mes pieds, l’asphalte est frais. J’arrive au coin de la rue Anawrahta et de la rue Pansodan, où la foule en liesse s’était rassemblée trois fois.