Lundi 30 septembre débutera le procès des assistants parlementaires des députés européens du Front national (FN, devenu depuis Rassemblement national, RN). Au terme de deux mois d’audience et d’une période de délibération, la décision judiciaire sera particulièrement scrutée par la classe politique, à deux ans et demi de la prochaine élection présidentielle et à quelques mois d’une éventuelle nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale : l’éventuelle condamnation de Marine Le Pen à l’issue des débats.
Présumé innocent, comme tout accusé, le triple candidat à l’élection présidentielle est démis de ses fonctions pour des faits de « détournement de fonds publics » entre septembre 2009 et février 2016, ainsi que « complicité, par instructions, de détournement de fonds publics » entre janvier 2011 et décembre 2016. Elle encourt jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende pour des faits commis entre 2009 et 2013. La loi ayant été durcie en décembre 2013, elle risque encore plus concernant ceux d’après 2013 : le maximum de l’amende a été porté à 1 million d’euros. . Ces montants constituent cependant un plafond rarement atteint.
Appel suspensif
Le principal risque, pour le président du groupe RN à l’Assemblée nationale, n’est pas financier, mais politique : une sanction supplémentaire d’inéligibilité. Habituellement limitée à cinq ans, cette sanction peut être portée à dix ans pour les personnes exerçant un mandat public électif au moment des faits – ce qui fut le cas de Marine Le Pen, alors députée européenne.
Il n’est toutefois pas certain qu’elle soit prononcée. Le caractère obligatoire de l’inéligibilité pour les personnes reconnues coupables d’atteintes à l’intégrité est évoqué par la loi Sapin 2 du 9 décembre 2016, mais n’a pas été généralisé et transcrit dans le code pénal seulement en septembre 2017, par la loi pour la confiance dans la vie politique – six mois après les derniers faits identifiés par la justice concernant Marine Le Pen. En vertu d’un principe constitutionnel de non-rétroactivité du droit pénal le plus sévère, c’est donc la version la plus clémente de la loi – possibilité, mais non obligation de prononcer l’inéligibilité – qui s’appliquera à l’élu d’extrême droite.
Selon leur nature, les sanctions d’inéligibilité peuvent avoir des conséquences très diverses. Si le juge prononçait une peine « avec sursis », il n’y aurait aucune conséquence pour la chef de file des députés RN, à moins qu’elle ne soit prise en récidive. Si une inéligibilité ferme sans exécution immédiate était prononcée, Mmoi Le Pen serait susceptible de faire appel et donc de suspendre l’exécution de cette inéligibilité jusqu’à une éventuelle condamnation définitive.
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