Une pourvoirie entièrement rasée, 350 dont l’accès est interdit, dont une trentaine sont sous haute surveillance: les incendies saccagent certains de ces commerces de chasse et de pêche prisés par de nombreux Québécois.
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« Une interdiction majeure comme celle-là, c’est du jamais vu », a déclaré le PDG de la Fédération des pourvoiries du Québec (FPQ), Dominic Dugré.
Parmi les 550 pourvoiries existantes au Québec, 350 sont interdites d’accès depuis dimanche, en vertu d’une décision du gouvernement du Québec.
Au moins un établissement a déjà brûlé : la Pourvoirie Moisie Nipissis, sur la Rive-Nord.
Selon la FPQ, une trentaine de pourvoiries sont actuellement situées à moins de 10 km des feux de forêt.
« CONTRE‘est très stressant »
« C’est vraiment, vraiment, vraiment stressant », résume Éric Richard, propriétaire de la pourvoirie Baie du Nord, située près du réservoir Gouin, dans le nord de la Mauricie.
Dimanche matin à 8 h, il a dû renvoyer tous ses clients chez eux après avoir reçu un avis d’évacuation de la SOPFEU.
L’un des feux de forêt qui ravageait Québec se situait lundi à seulement 7 km de son établissement et à 2 km de certaines de ses installations.
« On met tout dans nos bateaux au milieu du lac avec notre équipement dedans, décrit M. Richard au téléphone. On veut économiser le plus possible », poursuit le propriétaire, qui compte sur « le bon vent » pour que les flammes épargnent son commerce.
Avec l’aimable autorisation d’Éric Richard
Les gérants de la pourvoirie Baie du Nord ont mis le maximum d’équipements sur quelques bateaux qu’ils ont amarrés au milieu du lac pour tenter « d’économiser le plus de stock possible ».
Selon le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, la mesure qui interdit l’accès à la forêt sur les terres du domaine de l’État sur une grande partie du territoire, et par conséquent 350 pourvoiries, a été prise, entre autres, « en raison d’importants risques d’allumage de nouveaux incendies ».
S’il comprend les raisons de cette décision, M. Dugré souligne qu’elle intervient au pire moment de l’année pour l’industrie. « C’est la chasse à l’ours, la pêche à la truite et au doré qui bat son plein. Les pourvoiries sont pleines. C’est une période extrêmement critique.
Un appel à l’aide lancé
Éric Richard de la pourvoirie Baie du Nord peut en témoigner, car les nombreuses annulations de clients lui ont déjà fait perdre « de 30 000 $ à 40 000 $ » depuis hier.
« De jour en jour, ça continue d’augmenter », s’inquiète-t-il.
De son côté, la FPQ fait appel au gouvernement pour l’aider à absorber les pertes que subira l’industrie.
« Il va falloir quelque chose. On verra comment le gouvernement peut soutenir les pourvoiries pour retrouver de la rentabilité.
« Je pense aux gens qui ont acquis leur pourvoirie depuis 2-3 ans, c’est très anxiogène pour eux car ils ont des paiements à faire. L’assurance ne couvre qu’une petite partie d’une perte de revenus », poursuit M. Dugré.
Au fil des heures, le PDG n’entend rien qui puisse le rassurer, alors que le premier ministre François Legault a affirmé lundi que les autorités « ont beaucoup de temps » pour combattre les feux de forêt.
« Le danger aussi, c’est que plusieurs pourvoiries brûlent. Nous avons toutes les raisons du monde d’être inquiets », conclut M. Dugré.
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