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«C’est généralement tendu dans la région de Saint-Louis», explique le président de la province Sud.

“Les habitants qui vivent derrière la tribu, 15.000 personnes, sont pris en otage depuis quatre mois car la route est bloquée”, déplore Sonia Backès, jeudi sur franceinfo.

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Temps de lecture : 5 min

« La situation est globalement tendue dans la région de Saint-Louis, mais relativement calme dans le reste de la Nouvelle-Calédonie », Sonia Backès, présidente de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, a témoigné sur franceinfo jeudi 19 septembre. Une tentative d’interpellation par la police a mal tourné dans la nuit de mercredi à jeudi. Deux hommes de la tribu kanak de Saint-Louis, âgés d’une trentaine d’années, ont été tués par des tirs d’un membre du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale), portant à treize le nombre de morts depuis le début des troubles en Nouvelle-Calédonie. Les deux individus étaient soupçonnés d’être les auteurs de coups de feu tirés sur des gendarmes et de détournements de voitures.

« Malheureusement, ils ne se sont pas rendus. Il y a eu une tentative d’arrestation qui a mal tourné aujourd’hui et c’est regrettable », a-t-il ajouté. a réagi Sonia Backès. L’approche du 24 septembre, date à laquelle l’Union calédonienne, l’une des composantes du FLNKS, envisage de déclarer unilatéralement l’indépendance de l’archipel, « suscite beaucoup d’inquiétude au sein de la population »explique le président de la Province Sud. Les autorités craignent une recrudescence des tensions. Le couvre-feu en vigueur sera renforcé du 21 au 24 septembre. L’interdiction de circuler sera avancée à 18 heures au lieu de 22 heures

franceinfo : Quelle est la situation en Nouvelle-Calédonie ?

Sonia Backès :C’est globalement tendu dans la zone de Saint-Louis, mais relativement calme dans le reste de la Nouvelle-Calédonie. Cette zone de Saint-Louis est bloquée depuis quatre mois. Les habitants qui vivent derrière la tribu, 15 000 personnes, sont retenus en otage depuis quatre mois parce que la route est bloquée. Il y a eu 56 car-jackings, 300 coups de feu tirés sur les forces de l’ordre. Clairement, nous avons des gens lourdement armés dans la tribu, avec l’envie d’attaquer les forces de l’ordre.

Redoutez-vous la nuit à venir ?

Oui ! On voit les messages arriver sur les réseaux sociaux, la mobilisation d’un certain nombre de jeunes dans des quartiers qui ont déjà fait l’objet d’exactions importantes début mai. Malheureusement, la police a essayé de composer avec les autorités traditionnelles pour que les personnes qui ont tiré sur les policiers ou qui ont commis des car-jackings se rendent. Malheureusement, elles ne se sont pas rendues. Il y a eu une tentative d’arrestation qui a mal tourné aujourd’hui et c’est regrettable.

Cela fait quatre mois que l’État a envoyé les forces de l’ordre pour rétablir le calme. Pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas ?

Globalement, la présence des forces de l’ordre permet de maintenir une situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire calédonien. La situation à Saint-Louis a toujours été très difficile. Cette situation est compliquée depuis 40 ans parce que la tribu détient la route un peu stratégique qui donne accès aux habitations de 15 000 personnes d’une part, et à une usine de nickel d’autre part. Cette route stratégique est systématiquement prise en otage par un certain nombre d’individus très armés, très violents. C’est une situation qui est explosive depuis très longtemps.

Le couvre-feu sera renforcé du 21 au 24 septembre. Le 24 septembre est la date symbolique qui marque la reprise de la Nouvelle-Calédonie par la France. Craignez-vous de nouvelles émeutes plus importantes ?

Oui, c’est une date symbolique car au tout début des émeutes, le président de l’Union calédonienne, qui est l’un des grands partis du FLNKS, a annoncé qu’à cette date, il annoncerait unilatéralement l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et donc l’abaissement du drapeau français avec une mobilisation importante du camp indépendantiste. C’est une date qui suscite beaucoup d’inquiétude au sein de la population. Tout le monde se prépare à cette date. Ces deux décès à Saint-Louis accélèrent sans doute la situation tendue que l’on attendait pour ce week-end, puisque c’est à partir de samedi que le couvre-feu est décalé à 18 heures alors qu’il est désormais à 22 heures. La crainte est que les tensions démarrent un peu plus tôt que prévu.

Qu’attendez-vous du prochain gouvernement ?

Nous avons une triple difficulté. Une difficulté sécuritaire : il va falloir maintenir efficacement la sécurité partout sur le territoire calédonien. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de forces de police. Nous craignons que lorsque les forces de police devront se déplacer, on voit ce qui se passe en Martinique, la situation redevienne dangereuse pour les Calédoniens. Un enjeu économique absolument majeur. Nous sommes en train de nous attaquer à une forme d’effondrement. Des entreprises qui n’avaient pas encore licencié de salariés, celles qui n’avaient pas été incendiées ou pillées, licencient en masse des centaines de personnes.

« On a un chômage de masse qui est désormais ingérable et des entreprises qui continuent de fermer. Le remboursement par les assurances est lent. On a des compagnies d’assurance qui ne jouent vraiment pas le jeu depuis quatre mois. »

Sonia Backès, Présidente de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie

sur franceinfo

Les entreprises ne sont pas remboursées et ne peuvent pas reconstruire. Nous avons un problème économique qui est à la fois fondamental et très, très, très urgent, comme on n’en a jamais vu auparavant. Une fois que l’économie s’est complètement effondrée, il sera très difficile de reconstruire. Ensuite, un troisième problème est politique, car il est évident que la Nouvelle-Calédonie ne peut pas être stabilisée avec la seule présence des forces de l’ordre. Cela n’a aucun sens. Lorsque nous aurons trouvé une solution politique, l’enjeu pour le nouveau gouvernement, même si le président de la République a répété qu’il voulait gérer lui-même ce dossier, est de recréer le dialogue, de rétablir les conditions de sécurité et de tranquillité, de paix en Nouvelle-Calédonie.

Anna

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