« C’est un racket permanent ! » : les vols sur les chantiers coûtent deux milliards d’euros au secteur du bâtiment

« C’est un vacarme permanent !« . Le président de la Fédération du Bâtiment de l’Essonne (91) dans « en avoir marre« . Embourbé dans une nouvelle grave crise du logement à laquelle la dissolution de l’Assemblée nationale n’aidera pas, Fabien Daurat doit aussi faire face à un phénomène inquiétant qui pèse sur le moral et le portefeuille du BTP : les vols. Le président de cette branche locale du BTP la Fédération française du bâtiment (FFB) constate une reprise de ces infractions depuis la crise du Covid, «surtout dans les quartiers sensibles« . « Ils volent du carburant, du cuivre, des câbles de grue, du matérielénumère Fabien Daurat qui a également constaté un «augmentation des vols dans les camions« . « Ils les vident en quelques minutes et emportent tout ce qui est vendable. Nos chantiers ne sont pas protégés et nous ne sommes même pas assurés.»

« Entre le retard et le coût du remplacement, les pénalités de retard et le chômage technique, mon choix est vite fait», confie ce chef d’entreprise du Val d’Oise (95) qui préfère s’arranger avec les voleurs et a dû débourser plusieurs milliers d’euros en quelques mois. Dans l’Essonne, une convention signée en 2014 – date d’adoption du nouveau programme national de rénovation urbaine (ANRU) – entre la fédération et les forces de police, a été récemment renouvelée. « Les entreprises sont invitées à signaler les chantiers à risque à la police ou à la gendarmerie plutôt que de verser des sommes d’argent à des casseurs pour éviter de se faire voler leurs matériaux.», raconte le Figaro Fabien Daurat, président de la Fédération du bâtiment en Essonne. Dans cette convention, la préfète Frédérique Camilleri, entrée en fonction il y a plus de trois mois avec une solide expérience en matière de sécurité après trois années passées à Marseille, s’engage à accroître la fréquentation des patrouilles de police. et installer des caméras de surveillance connectées.

Racket à grande échelle à Grenoble

A l’échelle nationale, la FFB «n’a pas remarqué une explosion des vols» mais prend toujours ce sujet au sérieux, après le système d’extorsion à grande échelle qui a frappé les entreprises du BTP à Grenoble (38). Le coût est loin d’être négligeable : environ deux milliards d’euros, soit 1,2% du chiffre d’affaires total (166 milliards d’euros) du secteur du bâtiment. « Nous prévoyons de rétablir le contact avec le ministère de l’Intérieur d’ici la fin de l’année», explique l’entourage du président Olivier Salleron. Reste à savoir quelle couleur politique affichera le nouveau gouvernement après les élections législatives (30 juin-7 juillet) annoncées dimanche soir par Emmanuel Macron. Incertitude totale pour le logement qui a vraiment besoin d’y voir plus clair, notamment sur le marché du neuf. Une loi devait être examinée à la rentrée par l’Assemblée nationale pour relancer le secteur mais la dissolution l’a mise au placard.

En attendant, l’inquiétude grandit parmi les professionnels du BTP. Une entreprise du BTP sur deux est concernée par le vol d’un engin, d’un matériel ou d’un véhicule utilitaire léger, selon un baromètre de l’Observatoire français de l’industrie, du commerce et des services, publié en 2022. Seuls 4 % des appareils volés sont récupérés. Rien qu’en 2022, plus de 4 000 matériaux de construction ont été volés. Coût total? Plus de 20 millions d’euros. Une commission « Stop vol » est mise en place par l’organisation professionnelle des distributeurs, des loueurs et des entreprises de maintenance de matériel (DLR) pour établir un état des lieux.