“C’est une occasion manquée pour les partenaires sociaux”, regrette l’U2P

Les partenaires sociaux ne sont pas parvenus à un accord, le gouvernement prend donc la main et fixera lui-même de nouvelles règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi. “Malheureusement, c’était ce à quoi on pouvait s’attendre”, déplore Michel Picon, président de l’U2P, l’Union des Entreprises Locales.

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Le gouvernement va procéder par décret à modifier les règles de l’assurance chômage. Le ministère du Travail a annoncé ce lundi 22 avril dans un communiqué, jel’acte de l’échec de la négociation entre partenaires sociaux sur l’emploi des seniors. Il sera reprendre la main sur l’assurance chômage, avec de nouvelles règles qui entreront en vigueur le 1er juillet.

“Je pense que c’est une occasion manquée pour les partenaires sociaux”regrette ce lundi sur franceinfo Michel Picon, président de l’U2P, le Syndicat des entreprises locales. « Malheureusement, c’était ce à quoi on pouvait s’attendre et nous verrons dans quelles conditions les choses évolueront. Nous, l’U2P, avons tout fait pour essayer de trouver un accord, mais nous avions des partenaires patronaux qui avaient décidé de ne pas baisser les bras et c’est ce qui s’est passé, et les organisations de salariés ont rejeté à l’unanimité le texte proposé.il ajoute.

franceinfo : Saviez-vous que ça allait finir comme ça ?

Michel Picon : Bien sûr, nous le savions. Il semblerait que cela n’ait pas dérangé tout le monde.

“L’accord auquel nous sommes parvenus en novembre était un accord équilibré.”

Les dispositions sur les conséquences du relèvement de l’âge des seniors, en fonction de la réforme des retraites, n’avaient pas été prises, mais devaient l’être avec un certain nombre de dispositions qui devaient y être incluses. Je rappelle que dans cet accord du 20 novembre, il y avait une réduction des cotisations des entreprises de 0,05%. C’est 1,5 milliard de cotisations de plus que les organismes que paieront les entreprises de notre pays car cet accord n’a pas été validé.

La ministre du Travail, Catherine Vautrin, précise, selon son entourage, que cela lui brise le cœur d’en arriver là.

Elle m’a aussi dit vendredi qu’elle aurait préféré que nous trouvions un accord. Je dois dire que ce n’est pas la responsabilité de l’U2P, ni du gouvernement d’ailleurs, puisque cette négociation n’a pas été menée sur une lettre-cadre, mais une lettre d’orientation qui nous demandait de prendre des dispositions pour maintenir les seniors dans l’emploi et de faciliter leur recrutement. Nous en avons fait.

Donc ça veut dire que le reste du patronat, le Medef et la CPME, n’ont pas joué le jeu ?

Ils ont été trop durs dans cette négociation. Les raisons, je ne les connais pas.

Le Premier ministre Gabriel Attal a déclaré vouloir durcir les règles d’indemnisation du chômage pour parvenir au plein emploi. Il pense notamment à augmenter la durée du travail pour avoir droit à une indemnisation. Qu’en penses-tu ?

Je pense que tant qu’on ne dispose pas des études d’impact de cette mesure, fournies soit par l’Unédic, soit par d’autres établissements habilités à le faire, je suis assez réservé.

« La moitié des demandeurs d’emploi ne sont pas indemnisés. Donc, s’ils ne sont pas indemnisés, ce n’est pas la pression qu’on leur met qui les pousse à retourner au travail.

Michel Picon

sur franceinfo

Pour conserver un emploi plus de six mois, l’entreprise doit quand même proposer des emplois de plus de six mois. Ce n’est pas toujours le cas. Nous avons notre responsabilité, mais elle est collective. C’est aussi l’inadéquation de la formation des demandeurs d’emploi par rapport aux besoins des entreprises.

Si les règles de l’assurance chômage changent, cela vous permettra-t-il de modifier les règles des contrats que vous signez ?

Non, l’économie de l’entreprise n’est pas corrélée aux règles de l’assurance chômage. Franchement, à part quelques cas marginaux, ce n’est pas comme ça que ça marche. L’entreprise recrute quand elle a du travail, quand elle a un carnet de commandes rempli et elle garde ses salariés, bien sûr. Quand elle ne les conserve pas ou quand elle ne propose pas de CDI à la place d’un CDD, on a imaginé la sanction, la prime et la coercition. Mais tout cela n’apporte pas les résultats escomptés.

Si les règles changent, vous devrez vous adapter.

Personne n’embauchera quelqu’un simplement pour plaire au gouvernement parce qu’il a renforcé les règles. Elle recrutera lorsque son carnet de commandes et ses besoins en effectifs augmenteront. Pourtant, aujourd’hui, 55 000 entreprises ont quitté le tapis l’année dernière. Et évidemment, s’ils sont allés au tapis, c’est parce qu’ils n’avaient pas assez d’activité. Il n’a échappé à personne que depuis le dernier semestre 2023, la situation économique n’est plus celle que nous avons connue post-Covid. Et les incantations « nous allons prolonger la durée du chômage » n’auront qu’un impact marginal.

“Si j’avais un message à envoyer au gouvernement, je lui dirais de faire un peu plus confiance aux partenaires sociaux et d’essayer de comprendre, avec nos partenaires du Medef, pourquoi ils bloquent ces négociations.”

Pourquoi n’avons-nous pas réussi à trouver un accord sur des sujets aussi simples que le Compte Epargne Temps Universel (Cetu).

Vous aviez prévu une réunion à ce sujet.

Cela aura lieu. Parce qu’il n’est pas directement lié à l’assurance chômage. Ceci est lié au fait de mettre en place dans les petites entreprises des systèmes aussi dynamiques que ceux qui peuvent exister dans les grandes entreprises, notamment avec le compte épargne temps (CET) qui n’est pas adapté aux petites entreprises.

En espérant que le gouvernement se penche sur cet accord.

Oui bien sûr. Il y a le Cetu, il y a la reconversion professionnelle, il y a la prévention de l’usure professionnelle. Et puis il y a aussi la mutualisation des indemnités de rupture de contrat en cas d’incapacité professionnelle. Ces éléments sont fondamentaux. Et nous espérons que l’accord que nous allons conclure demain sera retenu et inclus dans la future loi Travail que le gouvernement prépare pour l’automne.

Elise

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