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cette BD a pour objectif de rendre “le monde un peu moins mélancolique”, selon Ariane Gotlieb

Ariane Gotlieb est, comme son nom l’indique, la fille unique du couple Claudie et Marcel Gottlieb, fans inconditionnels du septième art. Son père, Gotlib, était dessinateur de bandes dessinées, artiste, écrivain, designer et éditeur. Egalement militant, il a même créé l’intemporel héros intergénérationnel Gai-Luron. Gotlib c’est aussi : La coccinelle ou encore les séries tout aussi incontournables comme Les dingodossiers réalisé par René Goscinny, Rubriques à brac, Les aventures de Superdupont qui ont marqué à jamais le monde de l’art et particulièrement le neuvième art. Il a également publié de nombreux articles dans L’écho des savanes et en Fluide glacé, deux mensuels devenus cultes, qu’il a co-fondé. Depuis son décès en 2016, Ariane Gotlieb a décidé d’arrêter son métier de scénariste pour se consacrer à plein temps au devoir des ayants droit.

Vendredi 13 avril, elle a remis le deuxième prix Gotlib de la bande dessinée humoristique à la Fête du livre de Paris.

franceinfo : Vous êtes devenu conservateur en chef du monument, très heureux, Gotlib. Et dans ce contexte, vous avez créé le prix Gotlib, décerné samedi dernier à la Fête du livre de Paris pour la deuxième année consécutive. Quel est le nom du gagnant ?

Ariane Gotlieb : Voici l’album : Tirez mon doigt, Monsieur le Président ! De Mo-CDM.

J’aimerais parler de ce prix. Est-ce un clin d’œil, un hommage, une manière de saluer l’importance du dessin ?

Ainsi, l’importance du dessin, l’importance de la bande dessinée, l’importance de la bande dessinée humoristique et l’importance du Gotlib dans la culture générale. Je trouve que cet album est particulièrement adapté car dans son histoire, l’histoire que raconte l’album, pour une fois, c’est comment rendre le monde un peu moins mélancolique, un peu moins triste. C’est donc idéal cette année pour recevoir ce prix.

Était-ce le travail de votre père ? Pour embellir un peu ce monde, le rendre plus gai et surtout dédramatiser une histoire familiale qu’il a vécue étant enfant puisqu’il faisait partie de l’Œuvre pour la Protection des Enfants Juifs (OPEJ). Il avait réussi à échapper à deux raids. Son père, malheureusement, fut arrêté et envoyé à Drancy. Était-ce son travail ?

Oui, il s’agissait de faire tout ce qui pouvait être humoristique, du moins dans son travail. Et puis ça lui a permis d’être un peu plus heureux dans sa vie privée.

“C’est vrai que mon père n’était pas une personne très drôle à ses débuts. Un peu neuropathe, un peu hystérique, mais c’était un gars très sympa qui essayait vraiment de rendre le monde meilleur. Un peu moins triste.”

Ariane Gotlieb

sur franceinfo

Vous étiez très proche de votre père, très proche. C’est aussi l’écriture qui l’a sauvé ? Le fait de créer des personnages, d’être auteur, dessinateur, de posséder effectivement ce crayon… Cela lui a permis de voyager, de s’évader d’une enfance difficile, d’un parcours de vie très difficile.

Nous étions extrêmement proches. Oui, c’est un véritable exorcisme. Après, quand il a commencé à s’épanouir un peu plus dans des bandes dessinées toujours humoristiques, mais peut-être un peu plus trash comme Rhââ Belle Ou Rhâ Gnagna, on comprend enfin à travers les dessins son vécu, comme ce type qui est chez son psy et qui fait ses besoins par la tête. C’est quand même très clair !

Gai-Luron, c’est sans doute le personnage qui lui colle le plus. Il s’est beaucoup caché derrière.

Il se cache. Il a évolué avec son héros et son héros a évolué avec lui car après, il lui a mis des sous-vêtements. C’est vrai qu’il avait une tendresse absolue pour ce héros. Et puis parce que ce héros s’inspirait d’autres chiens, que ce soit ceux de Tex Avery, Walt Disney, Snoopy, voilà, il était très attaché à Gai-Luron.

Étonnamment, il a été très positif dans sa création. C’était aussi une manière détournée d’exorciser tout cela. Je pensais au Coccinelle Par exemple. Une coccinelle est normalement un animal qui nous porte chance. C’était ton père aussi ?

Il avait très clairement cet optimisme, parce que quand il a arrêté de l’avoir et ça, on en a beaucoup parlé, il m’a dit : “Je veux le vouloir, mais je ne le veux plus. Un artiste qui ne crée plus est un artiste mort“.

“La Coccinelle de Gotlib était là, un peu comme tous les petits personnages de contes de fées de Walt Disney, pour remplir le décor, égayer un peu l’histoire et faire la bêtise.”

Ariane Gotlieb

sur franceinfo

C’est surprenant en fait, car il avait une énorme humilité.

C’était même maladif !

Il ne supportait pas le mot « génie », le mot « brillant ».

Non. Il était très surpris qu’on continue à le lire, qu’on continue à le vendre. Et en même temps, c’était très ambigu parce qu’il se dessinait beaucoup donc, finalement, il arrivait parfois à se faire reconnaître du public où il était vraiment content. Mais son ego n’était pas démesuré, loin de là et, en effet, il était absolument d’une modestie maladive.

Il avait surtout une capacité énorme, celle de refuser de grandir. N’est-ce pas ce qui définit le plus Gotlib ?

Jusqu’au bout, il a été attiré par la scatologie, le pipi, le caca, tout ce qui le faisait rire. Tout cela est très enfantin.

Si vous, en tant que fille, deviez définir votre père en quelques mots, que diriez-vous de lui ? Qui était Gotlib ?

Un papa formidable artiste.

Avec un nom qui passe de Gottlieb à Gotlib. Il s’agit bien d’une erreur, mais elle vient de l’état civil.

Oui ! Sur les papiers d’identité de papa : sa carte d’identité, son passeport et son permis de conduire sont aussi avec le “e” comme maman et moi.

Mais par contre le prix Gotlib n’en a pas.

C’est le prix de l’artiste !

Juliette

À chaque coup de stylo, créez des histoires captivantes. Découvrez des vérités cachées à la fois. 📝 🔍

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