Clément Viktorovitch revient chaque semaine sur les débats et enjeux politiques. Dimanche 5 mai : les événements qui se sont déroulés à Sciences Po, et qui ont débattu tout au long de la semaine.
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Quelle histoire ! Quelle polémique ! Commençons par le début : le bas. Le slogan des étudiants de Sciences Po est clair : ils se mobilisent pour protester contre, selon leurs propres termes, « le génocide en cours à Gaza ». On peut être en désaccord avec l’emploi de ce mot, on peut considérer qu’il manque de prudence, voire qu’il choque. Mais je vous rappelle que c’est le terme utilisé par plusieurs organisations internationales, et non des moindres. Le 26 janvier, la Cour internationale de Justice a reconnu un « risque de génocide » à Gaza. Le rapporteur spécial de l’ONU pour les territoires palestiniens a publié le 25 mars un rapport intitulé « Anatomie d’un génocide ». On voit donc mal comment on pourrait refuser aux étudiants de Sciences Po le droit d’utiliser ce même mot.
Certains ont également perçu des connotations antisémites dans cette mobilisation. Mais sans qu’aucun écrit, mot ou slogan précis ne puisse être rapporté. Nous n’avons qu’une seule image : celle d’étudiants levant leurs mains peintes en rouge. Un signe dans lequel certains voulaient voir une référence au lynchage de deux réservistes israéliens à Ramallah, le 12 octobre 2000, au cours duquel un Palestinien a levé victorieusement ses mains tachées de sang. La similitude peut être troublante… si l’on oublie que brandir des mains peintes en rouge est un symbole couramment utilisé pour dénoncer un massacre. Le 23 avril, ce panneau a également été utilisé… à Tel-Aviv, lors d’une manifestation de soutien aux otages israéliens détenus par le Hamas !
“Si la seule chose que l’on peut fondamentalement reprocher aux étudiants de Sciences Po, ce sont leurs mains peintes en rouge, peut-être aurions-nous dû faire preuve d’un peu plus de prudence avant de porter contre eux une accusation aussi grave que celle d’antisémitisme, surtout à l’heure où les actes antisémites authentiques sont en augmentation. »
Clément Viktorovitchsur franceinfo
Cependant, formellement, l’occupation d’une université ou d’un lycée est illégale. C’est une attaque contre la liberté d’étudier. Cette mobilisation est initiée par une minorité d’étudiants, qui enfreignent les règles de l’établissement… au même titre que toutes les opérations de blocage dans les universités ! Je vous rappelle encore qu’il ne se passe pas une année sans que les universités en France soient occupées pour une raison ou une autre. Là aussi, on peut le déplorer, estimant que rien ne justifie d’enfreindre la légalité. Au contraire, on peut se réjouir que les étudiants s’impliquent pour faire entendre leur voix. Mais pourquoi le blocage d’un établissement deviendrait-il soudain si choquant… alors que, jusqu’à présent, les mobilisations étudiantes n’ont pas, me semble-t-il, provoqué de telles condamnations ?
Les voix pro-palestiniennes font l’objet d’un traitement défavorisé, voire d’une campagne de désinformation. Car, tout de même, il faut répéter ce qui se dit depuis dix jours sur Sciences Po. Le Premier ministre Gabriel Attal a parlé d’un « minorité active et dangereuse ». Sarah El Haïry, ministre déléguée à la Jeunesse, a affirmé que Sciences Po avait été “licencié”et même “mis à feu et à sang”. Et ce n’est pas tout : François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, fustigé “un entrisme, mélange de gauchisme et d’islamisme, qui légitime les propos antisémites”. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a annoncé qu’elle suspendrait les subventions de Sciences Po. Elle estime que la sécurité de l’école est menacée par « une minorité de personnes radicalisées appelant à la haine antisémite ». Éric Ciotti, le président des Républicains, estime que la direction de Sciences Po « donne le feu vert aux affirmations antisémites ».
Comme si la réalité n’avait plus d’importance ! La politique ne se fonde plus sur les faits, tels qu’il est possible de les établir, mais sur ce que chacun a décidé d’en dire. C’est, à mon avis, le terrible constat dont Sciences Po est devenue aujourd’hui le symbole.
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